Evan - Bonus I -

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Quelque part entre le chapitre 30 – XXX et l'épilogue.

Réveillé bien avant Enzo, j'en profite pour le regarder. Il a tellement mûri. Il est toujours le jeune homme passionné, attirant et brillant que j'ai rencontré ici. Pour autant, il change, dans le bon sens du terme. Il gagne le respect de ceux qui étaient ses enseignants il y a des années. Il a pris la relève de mes cours. Je n'entends que du bien sur lui.

Sa vie a changé depuis qu'il est devenu maître de conférences. Il a l'impression d'avoir pris sa revanche sur l'institution qui l'avait privé de moi. Je me refuse toujours à lui dire que cette idée m'enchante, mais il s'agit-là pourtant de la vérité. Il mérite tant de ne pas connaître ce genre de déconvenues.

Ma vie a changé depuis que je suis professeur des universités. Pour avoir accepté d'être muté à Menton, j'ai été promu. A Paris, je ne manquais pas de rappeler combien je faisais un sacrifice pour eux. C'est sans doute pour cette raison que la promotion fut si rapide. Une sorte de contrepartie à l'effort.

Ils ignorent ainsi qu'ils m'ont permis de me rapprocher d'Aix. De me rapprocher d'Enzo. Non seulement j'ai été nommé directeur du campus local de Sciences Po, j'ai été promu dans le corps ultime des enseignants-chercheurs et je suis désormais à deux heures, plus ou moins, de lui.

Je n'ai plus le temps de réfléchir que le voici réveillé, venant de tout son poids se poser sur moi.

« Comme d'habitude, tu es un lève-tôt.

— Il est dix heures, tu sais.

— Pour moi, le week-end, c'est tôt.

— Et dire que tu es chercheur.

— Et dire que tu couches avec ton étudiant ».

Une morsure vient me faire comprendre que si je dis un mot de plus, ou de trop, tout dérape. Je ne peux réfréner un sourire et le prends par la main pour aller préparer le petit-déjeuner. Il me suit, légèrement frustré, mais quand même satisfait de constater que je ne porte aucun vêtement.

« J'aurais vraiment aimé te proposer de donner des cours aux étudiants qui sont dans le double diplôme avec Sydney.

— Je n'ai aucune envie de te mettre mal à l'aise avec ça.

— Personne ne sait pour nous, mais...

— Ne te justifie pas, vraiment. Et puis, pourquoi tu es préoccupé par de telles pensées un dimanche matin ?

— Parce que tu le mérites. Peut-être que je peux voir avec d'autres campus...

— Arrête ! Maintenant que tu es à Menton, je ne vais pas m'amuser à partir donner des cours ailleurs, même quelques jours. Si je dois quitter Aix pour un séjour, ce sera pour venir te voir.

— D'ailleurs, merci de m'y faire penser ».

Je fouille dans mon portefeuille pour trouver un papier sur lequel j'ai noté tous les codes. Je le donne à Enzo, un peu surpris.

« Pourquoi il y a quatre suites de chiffres ?

— Ma résidence est particulièrement sécurisée... ».

Ses yeux se remplissent de joie. Je retrouve l'étudiant à qui j'avais dit que je ne résisterais plus. Personne ne peut le battre, assurément. Il s'empresse de les enregistrer sur son portable.

« Et si jamais tu venais alors que je suis encore au travail, il te suffirait de venir récupérer la clef.

— A Sciences Po ?

— Tu vois où il se trouve, dans Menton ?

— Oui, très bien...

— L'appartement que je loue est dans les hauteurs, en diagonale.

— Près du parc aux oliviers ?

— Plus proche du centre-ville tout de même, mais oui ».

J'avais gardé le secret jusqu'à ce week-end. Il ignore bien sûr que l'appartement est clairement fait pour vivre à deux. Il le découvrira bien assez tôt. Je compte aussi souvent que possible faire correspondre nos emplois du temps. Mes semaines de recherche, dégagées de cours et de réunions, je les passerai ici. Il en fera de même, j'espère.

« Evan, tu te rends compte que, bientôt, je ne pourrai plus me passer de toi ?

— Je me démène pour que tout cela arrive, tesoro ».

Ultime évanescence (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant