Ainsi, me voici en train de répéter le même geste. Depuis un mois, à chaque fois qu'Enzo passe dans un couloir, apparaît dans mon esprit ou dans une discussion, je suis contraint de m'enivrer de ce parfum. J'étais tourmenté à l'idée de lui faire du mal, d'avoir apprécié ce moment interdit. Mais je n'avais pas conscience de l'affection dont il me parle ce soir.
« Enzo, si vous me le permettez, j'aimerais ajouter à mes compliments passés quelques mots. Que ce soit en chemise ou bien dans ce haut, vous avez d'indéniables atouts. Même si vous n'avez pas eu de relations, je suis convaincu que les personnes qui sont passées dans votre vie ont fait le même constat que moi.
— Elles ne l'ont alors jamais dit aussi clairement, me sourit-il.
— Peut-être l'ont-elles pensé ou vous l'ont-elles montré différemment...
— L'entendre est aussi crucial. Même si les preuves, effectivement, sont... »
Enzo s'arrête au moment où mes quatre doigts arrivent dans ses cheveux. Mon pouce reste sur sa tempe. Il a raison, les mots ne suffisent pas. Il faut des preuves. Je sens ma salive se bloquer dans ma gorge. Ma seconde main s'approche doucement d'Enzo et se place juste au-dessus de son bassin.
Il se retient de respirer, sa bouche est légèrement entrouverte. Je viens glisser mon nez contre le sien. Nos lèvres sont en contact sans pour autant se mouvoir. La dernière défense vient de tomber. Mes deux mains finissent derrière son cou. J'embrasse Enzo avec passion désormais, sans davantage réfléchir.
Ses mains n'hésitent pas une seconde de plus et s'installent dans le bas de mon dos. Je n'arrive plus à contrôler mes lèvres, ma langue, mes yeux. L'un comme l'autre laissons nos passions s'exprimer. Enzo tente, à plusieurs reprises, de prendre les rennes de notre baiser. En vain, mes mains tenant fermement son épaule, son dos, sa joue, son crâne, lui rappellent mes intentions.
Quant à lui, il a abandonné mon dos pour jouer avec mes cheveux. Je sens une légère pression sur ma tête. Je comprends. Ma bouche se déplace dans son cou pour que je puisse l'entendre ainsi mieux respirer, légèrement soupirer. Je sens contre ma langue son pouls. Effectivement, il ne peut qu'avoir des sentiments pour moi.
« Evan... Je... Comment...
— Pas ici. Partons.
— Vous voulez que je vous suive ? Réellement ?
— J'ai succombé. Je crois que c'est désormais clair. Je ne reviendrai plus en arrière ».
Je saisis son poignet pour que nous rentrions. Dans le couloir, Enzo me propulse contre le mur et m'embrasse. Nous sommes assurément bien loin de la douceur du mois dernier. Il est dévoré par la passion. Je ne peux que laisser l'ardent jeune homme s'exprimer. Nous sommes alors dérangés par un client qui souhaiter se diriger vers la cour.
Séparés, je fais comprendre à Enzo qu'il doit se débarrasser de ses amis. Quant à moi, je retrouve Axel et son amant du jour en plein flirt et une de ses amies convoler avec son mari. Je prétexte un mal de tête pour m'éclipser, et fais signe à Axel de ne poser aucune question. Arrivé dehors, Enzo m'attend déjà.
« Ils n'ont pas fait trop de difficultés ? Pas de questions sur notre sortie commune ?
— Disons merci à l'alcool...
— Et moi au fonctionnement de mes amis, particulièrement occupés avec leur partenaire du moment.
— J'habite à deux rues d'ici... », me dit-il. Soit, je le suis.
Nous entrons et un escalier noir nous attend. Je grimpe les marches deux à deux et attends l'hôte pour entrer. Enzo ouvre et jette les clefs sur le sol. La porte à peine fermée, il est déjà accroché à mon cou. Je ne compte pas me faire prier et m'enfouis dans le sien, du côté délaissé tout à l'heure. Enzo laisse échapper un léger gémissement.
« Que s'est-il passé, Evan, pour que vous...
— Tu... Au regard de ce que tu es en train de faire, c'est-à-dire déboutonner ma chemise, tu peux me tutoyer...
— Pourquoi tu as basculé ?
— A cause de toi, de tes mots bien choisis et de ce que j'entrevois sous ton polo.
— Viens... »
Enzo avance et jette sur un des fauteuils son polo. Je découvre le torse fin mais travaillé d'un homme. Il s'approche de moi et finit d'enlever ma chemise. Ses mains parcourent mon dos et reviennent devant pour jouer avec l'épée ensanglantée.
« Je l'ai remarquée tout à l'heure... Je ne t'imaginais pas si... Chevaleresque ?
— Un chevalier qui n'avait pas compris que tu avais des sentiments derrière tes lèvres. C'était sans doute la pièce du puzzle qui me manquait ».
J'attrape les jambes d'Enzo qui comprend immédiatement. Torse nu, mon étudiant enroule ses jambes sur mon fessier et place ses yeux à mon niveau. Ma gorge est en feu, son parfum est en train de me droguer. Ses cheveux caressent mon visage pendant qu'il embrasse mon oreille. Doucement mais fermement, je plaque Enzo contre le mur. Surpris, ses yeux enflammés me font comprendre combien il apprécie l'initiative. J'embrasse mon amant avec tant que passion que ses ongles s'enfoncent légèrement dans mes épaules. Son corps entier pulse contre moi. Je ne sais pas comment j'aurais pu résister une seule seconde de plus.
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Ultime évanescence (BxB)
RomantizmA Aix-en-Provence, la justice et le droit règnent en maîtres. Travailler ou étudier dans cette ville est un privilège que de rares chanceux connaissent. Que se passe-t-il quand, à cet honneur, s'ajoutent des rencontres imprévues et faisant vaciller...