Ava

Chapitre 30

Il est vrai que j'avais de la chance, pourquoi tous ces gens nous faisaient-ils des dons ?

Louis commanda des pizzas pour ce soir malgré le fait qu'il n'était que dix-huit heures passées.

Elles arrivèrent, nous nous installâmes tranquillement dans le canapé, devant la télé. Aux informations, on ne parlait plus que de ça, de mon histoire. Cela me faisait mal au cœur, de sans cesse revoir et réentendre ce qu'il m'était arrivé. Tout ce que je souhaitais, c'était d'oublier tout ça.

Je coupai le son et attrapai mes béquilles pour me diriger vers ma chambre, laissant ma part de pizza encore intacte derrière moi.

J'avais cette boule logée dans le fond de la gorge, elle empêchait tout aliment de passer. C'était avec le moral à zéro que je m'écroulai sur le lit confortable.

Deux minutes plus tard, Louis me rejoignit et engagea la conversation.

— Qu'est-ce qui se passe bébé ? commença-t-il, un air triste scotché au visage.

— Je n'en peux plus...

— De quoi ?

— D'entendre sans cesse cette histoire horrible, je voudrais tourner la page bordel ! Ça me hante, j'y pense jour et nuit et je ne veux pas de la pitié des gens, je veux seulement reprendre ma vie, retrouver papa comme avant... Regarde-les maintenant ! À nous juger ou à avoir honte de nous, de moi... m'exclamai-je en sanglotant.

— Ils sont bêtes s'ils pensent ça...

— Ils le pensent.

— Je... Non ! Ça va aller.

— Je vais avoir dix-sept ans dans deux jours, et pourtant je ne pense plus comme une adolescente de mon âge devrait penser... Je pense à Richard Turner, à Tony et à mes copines... On doit les retrouver, Louis !

Voyant une étincelle d'espoir et de détermination dans mon regard, il continua dans mon sens, voulant m'aider du mieux qu'il pouvait.

— Que veux-tu faire ?

– Je ne sais pas. On pourrait engager un détective privé ou bien aller rendre visite à Richard pour lui sortir les vers du nez ? Je ne sais pas.

— Comme tu veux, mais je ne veux pas que ça te rendre encore plus triste que tu ne l'es déjà.

— Ne t'en fais pas pour moi.

Nous enfilâmes chacun nos pyjamas et continuâmes de parler, allongés dans notre lit plongé dans l'obscurité.

— Tu crois qu'on va avoir le droit de rester ensemble alors qu'on est frère et sœur ?

Il marqua un temps avant de répondre avec un timbre de voix différent de la normale.

— Crois-moi, personne ne pourra nous séparer !

— Et Oscar ?

— Quoi, Oscar ?

— Comment va être son enfance ? Il y aura forcément des petits cons qui lui parleront de notre relation...

— On trouvera une solution ! Il aura une vie de roi ce petit, je te le jure !

Il me prit dans ses bras et me fit un bisou sur le front.

Plus tard, nous nous endormîmes tout doucement, enlacés l'un contre l'autre.

***

— Stop ! Lâchez-moi ! Non, non, je ne veux pas ! Arrêtez !

— Ha, ha ! Je te l'avais dit que je te retrouverai, ma petite fugueuse ! Tu vas payer pour ce que tu as fait ! Je vais te détruire toi, et ta petite famille incestueuse !