Pierre arriva avec M. Turner, il nous avait retrouvés. Ce n'était pas impressionnant étant donné que j'avais crié comme si quelqu'un m'avait égorgée.— Super ! Il ne manquait plus que lui, dis-je agacée.
— Tu peux m'appeler Richard tout de même, ce n'est pas comme si je n'allais pas te tuer bientôt, dit-il en ricanant.
Son ton faussement ironique me faisait froid dans le dos. Depuis la première fois que je l'avais vu, il me faisait peur, mais là... Je sentais la mort imminente. Il n'avait pas l'intention de nous ramener dans le jeu, il nous tuerait de toute manière, et Pierre serait dans le même sac.
En relevant la tête vers Louis, je remarquai son mutisme. Il ne disait rien et son regard fut retenu par quelque chose. Je le suivis doucement pour ne pas me faire repérer et remarquai que Richard avait un couteau dans la main.
Je n'eus pas le temps de réagir que ce dernier reprit la parole.
— Alors, comme ça vous vouliez vous enfuir, bande de chenapans !
— Qui est cet homme ? interrogea Pierre.
— C'est cette pourriture qui nous retenait prisonniers !
Pierre, sous le choc, était en train de réaliser qu'un tueur était en ce moment même dans sa maison.
— Vous ? Non, il y a besoin d'une petite rectification, n'est-ce pas, les jeunes ?
Nous ne répondîmes pas, incapables d'improviser une histoire potable.
— J'ai fait enlever seulement la petite Ava. Pour ce qui est de Louis, il faisait partie de mes dominants. Mais il se trouve que Louis et Ava sont frère et sœur ! Eh oui ! C'est étonnant. Ava a été la soumise de son frère et finalement, ils sont tombés amoureux et ont décidé de s'enfuir. Que c'est romantique !
Pierre n'en revenait pas de ce qu'il venait d'entendre. Son regard balançait entre Louis et moi à tour de rôle.
Je baissai la tête, morte de honte, mais je me repris très vite. Je ne pouvais pas laisser Pierre croire que Louis était un homme mauvais, je l'aimais.
— Arrêtez de déformer la situation comme cela vous chante. Comme je n'ai pas voulu vous sucer la queue, vous vous êtes senti humilié. En effet, c'est vraiment chaud de se faire remballer par une fille qui se trouve être une de vos putains de « soumises ». Alors vous vous êtes vengé et vous avez kidnappé mon frère pour me faire comprendre que je ne décidais de rien ici, et que je n'aurais sûrement pas le dernier mot ! Vous aviez toutes les informations que vous vouliez sur ma vie pour me faire souffrir moi, et mes proches ! Alors vous avez forcé Louis à être mon dominant, à me frapper, me violer contre sa volonté et la mienne aussi !
» Puis nous sommes tombés amoureux, mais nous n'y pouvons rien... Nous sommes restés ensemble des jours et des jours rien que lui et moi et nous nous sommes rapprochés sans le vouloir. Mais, ce que vous oubliez de dire, c'est que j'ai découvert ce matin que j'attendais un enfant, à seulement 16 ans.
Pierre fut très surpris de cette révélation. Une grossesse, c'était effrayant.
Heureusement pour moi, j'étais une bonne menteuse. Mais de toute façon, il faudrait bien raconter une version à la police, à mes parents et à tout le monde ! Enfin, si nous arrivions à nous échapper.
Louis me fixait, le regard lourd. Je savais qu'il culpabilisait, mais ce n'est pas parce que j'inventais une histoire pour le protéger que j'oubliais ce qu'il avait fait. Il m'avait violée et ça, je ne l'oublierai jamais malheureusement.
Plus jamais je ne dirais la vraie histoire. Plus jamais je n'avouerai que Louis était venu ici de son plein gré pour se taper des nanas quand il le voudrait !
Pierre avait l'air triste pour nous, mais ne réagit pas.
Je pensai d'abord qu'il avait peur de ce que Richard pourrait lui faire, mais je me demandai s'il n'avait pas peur de nous trois. Il était face à un meurtrier et deux personnes déstabilisées. Alors, il ne dit rien et c'était la meilleure solution.Nous échangeâmes un regard, Louis et moi, et nous sûmes tous les deux que dorénavant cette version de l'histoire serait la seule.
— Tu es vraiment une bonne mythomane, Ava ! Pourquoi racontes-tu cela ? Tu n'assumes pas d'avoir une relation incestueuse avec ton grand frère ? Ou bien as-tu peur que ton bien-aimé finisse en prison pour avoir fait partie de la « secte » des dominants ? J'espère que tu te rends bien compte que si par miracle il finit vivant, c'est la prison qui l'attend !
— Vous êtes dégueulasse ! Pourquoi nous faire ça ? Pourquoi vous déformez la vraie histoire ?
— Laisse-le dire ce qu'il veut, dit Louis d'un ton passif.
Ne sentant plus l'affreuse douleur de ma jambe, je me doutai que le stress était remonté. Néanmoins, je n'eus pas le temps de dire ouf que je vis Richard s'avancer dangereusement de moi avec son couteau. J'aurais aimé reculer, mais j'étais assisse sur la table en bois placée au centre de la cuisine.
J'avais vraiment peur de ce qu'il pourrait me faire... Il pourrait tous nous tuer. Après tout, il avait déjà tué des jeunes filles de sang-froid et je supposais que rien ne l'empêcherait de recommencer encore une fois.
Je reculai doucement et touchai le bout de la table sur laquelle j'étais assise. Je jetai un bref coup d'œil aux alentours pour trouver un quelconque objet me permettant de le défendre et saisis discrètement le stylo posé à quelques centimètres de moi. Je ne savais pas ce que je pouvais faire avec un simple stylo, mais c'était mieux que rien et puis je priais pour que la police arrive d'une minute à l'autre.
Le voyant se rapprocher de moi petit à petit, je sortis la mine et lançai un regard à Louis pour lui faire comprendre que j'avais quelque chose dans la main. Il ne comprit pas sur le moment, mais par miracle, Pierre réagit et fit diversion pour attirer l'attention de Richard dans une autre direction que la mienne.
— La police va arriver d'une minute à l'autre.
Richard se retourna aussitôt vers le vieil homme qu'il avait visiblement oublié.
— Je n'ai pas peur d'eux, mais vous, vous devriez avoir peur de moi. Je suis armé et tuer ne me fait absolument pas peur. Demandez à Ava, elle en a été témoin, n'est-ce pas ? Tu t'en souviens, ma jolie ?
« Ma jolie ».
Je déglutis difficilement en essayant d'effacer l'image de Tony de ma tête. Il était adepte de ce genre de surnom et ça avait le don de me répugner au plus haut point. Ça me rappelait aussi ces neuf filles qui avaient été tuées sous mes yeux sans que je ne puisse faire quoi que ce soit.
Je ne devais pas me laisser distraire, ni baisser ma garde. Je me repris immédiatement et lui dis le fond de ma pensée.
— Vous êtes un monstre.
— Vous me dites quelque chose, je crois vous avoir déjà vu, Richard, continua Pierre d'un air soucieux.
– C'est probable, laissez-moi réfléchir. Peut-être que...
Richard parla à Pierre et il ne put me voir d'où il était, alors je me retournai sans bruit pour trouver quelque chose de plus coupant qu'un stylo et j'aperçus une fourchette. Je la saisis et m'approchai de Richard.
Louis m'adressa un regard d'encouragement, car de sa position, il n'était d'aucune aide. Je levai le bras et c'était avec tout mon élan que je plantai cette fourchette dans le cou de mon kidnappeur.
Sans pitié.
Sans compassion.
Sans respect.
Sans humanisme, comme lui finalement.

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Ava
Mystery / Thriller20 femmes. 10 hommes. Un lieu inconnu. Un seul mot d'ordre : obéir... ou disparaître. Elles ont été enlevées, privées de liberté, arrachées à leur quotidien. Pour Ava Lips, tout bascule en une nuit. Ce qu'elle pensait être un cauchemar devient réali...