Chapitre 45

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Je ne voyais pas grand-chose dans cette pénombre, seul le bruit d'un train réussit à me sortir de mes pensées.

Je tournai sur moi-même, assise sur le sol, pour tenter de trouver un quelconque repérage, en vain.
Seulement quelques instants plus tard, je me souvins.

Je me souvenais bien de cet endroit glauque. C'était là que nous étions séquestrées, les filles et moi.

En y repensant, c'était comme une évidence maintenant. L'inspecteur m'avait dit qu'ils recherchaient un bâtiment abandonné avec une grande cave souterraine, ainsi qu'une voie ferrée à proximité.

***

Je me levai en trombe et ma tête se mit à tourner, je m'étais redressée trop vite. Je restai figée quelques secondes sur mon lit et me mise en route pour trouver mon portable. Bizarrement, il n'était plus sur la table du salon comme je l'avais mis tout à l'heure.

Je cherchai quelques minutes, puis je me dirigeai vers le téléphone fixe pour faire sonner mon portable.

Mon téléphone sonna et Louis me l'apporta.

— Merci. Donne-moi l'adresse du bâtiment abandonné où nous étions, s'il te plaît.

— Hein ? De quoi tu parles, quel bâtiment abandonné ?

— Pendant ma séquestration !

— Je n'ai pas l'adresse.

— Bah, bien sûr ! Et comment t'étais-tu rendu là-bas sans l'avoir ? demandai-je en arquant un sourcil.

— Une voiture était venue me chercher à un point de rendez-vous. À aucun moment, je n'ai connu l'adresse.

— Merde, soufflai-je.

— Mais il me semble que ce bâtiment avait été retrouvé et fouillé par la police. Malheureusement, rien n'a été trouvé.

— Oui, mais Angélique a décrit exactement le même bâtiment que l'endroit où nous étions ! Réfléchis ! En sachant que le bâtiment serait fouillé et qu'il serait donc mis à l'écart, ils sont peut-être revenus sur leurs pas, supposai-je, en réfléchissant à cette hypothèse.

— Ils seraient vraiment bêtes de faire ça sachant que Pierre habite à quelques kilomètres et que si jamais il y avait quelque chose de suspect, ça m'étonnerait qu'il ne le signale pas à la police.

— Ah ! Voilà, comment on peut trouver l'adresse ! C'est à côté de la maison de Pierre, comment n'y ai-je pas pensé plus tôt. Et tu ne trouves pas ça bizarre que dans l'appel au secours d'Angélique se soit exactement le même endroit qu'elle ait décrit ?

— Je n'en sais rien, Ava...

— Toi, tu faisais partie des leurs, tu n'as pas entendu une sorte de plan B au cas où ça se passerait mal ?

— Non, je ne m'en souviens pas vraiment.

— Bon, ok. Je vais tout de même appeler l'inspecteur pour lui en parler.

— Tiens-moi au courant, je vais nous préparer un goûter, on a loupé le repas du midi et je commence à avoir faim.

— D'accord, à toute.

Je cherchai alors le numéro de l'inspecteur dans mes contacts, composai le numéro et attendis qu'il réponde.

« — Allô, mademoiselle Lips ?

— Oui. Bonjour. Excusez-moi de vous déranger, mais je me rappelle de cet endroit qu'Angélique a décrit dans l'enregistrement que vous m'avez fait écouter !

— Comment ça ?

— Eh bien, l'endroit que vous avez déjà visité, vous savez le bâtiment non loin de la maison de Pierre, là où vous nous avez retrouvés Louis et moi.

— Oui, mais je vous rappelle qu'il a été mis hors d'affaire.

— Je sais bien, mais il correspond entièrement à la description d'Angélique, alors se pourrait-il qu'après que vous ayez fouillés de fond en comble ce bâtiment ils soient revenus sur leurs pas ?

— C'est une hypothèse. Je vais transmettre l'idée à mon supérieur et voir s'il est possible de retourner fouiller ce bâtiment. Cependant, ils seraient bien fous de retourner dans ce lieu alors que la police détient l'adresse, dit-il, soucieux.

— Je sais, mais en y pensant toute cette histoire est folle.

— Exact. Je vous tiens au courant. Merci pour vos informations, bonne journée.

— Vous aussi, rappelez-moi dès que vous avez du nouveau.

— Je n'y manquerai pas, conclut-il avant de raccrocher. »

Je retournai voir Louis qui jouait sur sa PlayStation dans le bureau.

Dès mon apparition dans la pièce, il me questionna.

— Alors, qu'a-t-il dit ?

— Eh bien, il va en parler à son supérieur et il me rappellera.

— Super, donc il nous reste environ une heure tranquille tous les deux avant que je parte.

Il me scruta avec ce petit regard coquin. Je connaissais bien ce regard, et je savais ce qu'il signifiait. Seulement, depuis que nous étions sortis de cette misère nous n'avions rien fait. Je me doutais bien que ça devait lui manquer, pour un garçon, c'était difficile d'attendre. Mais que fallait-il que je fasse ? Que je me force, alors que je ne me sentais pas prête ?

Je savais malgré moi que lorsque j'oserais passer le cap, l'image de Tony referait surface et me boufferait littéralement. Et même s'il n'y était pour rien, j'avais peur. J'avais subi plusieurs viols, plus ou moins violents, mais tous très traumatisants.

La peur siégeait en moi. Mais je savais également que je ne pourrais pas me cacher éternellement derrière cette excuse. Certes, j'avais été marquée, mais je devais passer à autre chose. Je devais oublier ce chapitre sombre de ma vie. En tout cas, je ne devais pas le laisser dominer ma vie, dominer ma peur et le laisser m'enlever ce qui devait être un moment de plaisir avec celui que j'aimais.

Alors je le tirai par la manche et l'emmenai dans notre chambre. Je ne savais absolument pas si j'allais réussir à le faire, mais je pouvais tout de même essayer.

Si je n'essayais pas, je n'avancerais jamais.

AvaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant