Après avoir bu un soda, je proposai de passer à l'apéro.
— Je vais nous chercher l'apéro. Champagne, ça vous va ?
— Parfait pour moi, répondit mon père, enthousiaste.
— Je vais y aller, laisse ! proposa Maël, encore une fois.
— Non, c'est bon !
— Tu es sûre ?
— Certaine, mais bien tenté !
Il esquissa un sourire et je me levai pour réunir les ingrédients nécessaires qui n'étaient autres que des tomates cerises, des bâtonnets de carottes et des gâteaux apéro. Je saisis quatre flûtes à champagne, Louis se servira un verre en arrivant.
— Tenez. Maël, tu nous sers ? proposai-je en tendant la bouteille à mon ami.
— Pas de soucis.
Mon père et moi lui donnâmes nos verres et commençâmes à parler de tout et de rien en dégustant notre apéritif.
— Quoi de neuf ? interrogea Maël après avoir accompli sa tâche.
—Eh bien, je ne vous ai pas dit ? m'exclamai-je en me souvenant de ce détail.
— Quoi ? voulut savoir mon père, surexcité.
— Qui est-ce qui est acceptée pour des cours en correspondance ? questionnai-je de façon rhétorique avec un petit rire en coin.
— Mais, c'est super !
—Bravo ! Ça mérite que l'on porte un toast, continua Maël.
—Oui, je suis super contente !
Nous continuâmes de parler tranquillement lorsque quelqu'un toqua à la porte. Maël ne me laissa pas me lever, il alla ouvrir et accueillit à bras ouverts les pizzas.
Mon ventre hurla lorsque mon odorat décela l'odeur de la nourriture.
Maël ne se fit pas prier, il déposa sans aucune délicatesse les boîtes sur la table basse.
Comme une malfamée, je me jetai sur la pizza quatre fromages, supplément miel bien entendu.
J'approchai la part de ma bouche lorsque la sonnerie de mon portable retentit.
Je fermai les yeux, comme pour imaginer que cet appel n'avait pas lieu à ce moment précis. Je croquai à pleine dent dans le bout de pizza et me levai pour répondre à ce maudit contretemps.
La voix rauque de l'inspecteur retentit dans mes oreilles. Vu l'heure et le timbre de sa voix, je compris immédiatement que quelque chose clochait.
« — Oui ?
— Rebonjour, mademoiselle Lips, j'ai des nouvelles.
— Dites-moi.
Une boule se forma en plein milieu de mon estomac. Une boule de peur, d'anxiété et d'appréhension, mais je brûlais d'impatience malgré tout.
— Nous sommes retournés au bâtiment que vous nous aviez indiqué...
—Et... ? demandai-je en le coupant sans aucun scrupule.
— Nous avons retrouvé le corps d'une jeune femme. Malheureusement, elle était déjà morte lorsque nous sommes arrivés...
Mon regard se fixa vers la porte d'entrée, incapable de bouger ni même de cligner des paupières.
— Vous... vous savez de qui il s'agit ? bégayai-je, morte de peur.
— Nous pensons à Laure.
Une larme s'écrasa sur ma joue. Je ne tentai même pas de la retenir, c'était inutile.
Je ne répondis rien, sous le choc.
—Cependant, nous n'en sommes pas sûrs, c'est pourquoi nous aimerions que vous veniez à l'hôpital de ville, aux pompes funèbres, pour identifier le corps.
Une once d'espoir revint malgré le fait que ce soit une triste nouvelle.
— D'accord.
— Son corps et son visage sont très abîmés. Il est clair qu'elle a été battue à mort et il est difficile de mettre un nom sur ce cadavre.
« Cadavre ». Ce mot en disait beaucoup trop.
— Quand pouvez-vous être là ? me demanda-t-il en me sortant de mes pensées.
— J'arrive dans dix minutes.
— Très bien. À tout de suite »
Et ce fut en raccrochant que je me promis d'avoir la peau de chacun de ces monstres. Un à un. Jusqu'au dernier.
En relevant la tête, je remarquai les regards insistants de Maël et de mon père.
— J'ai besoin d'un chauffeur, déclarai-je sans explications.
— Pas de problème. Où veux-tu aller ? interrogea Maël, curieux.
— Aux pompes funèbres.
Mon père me regarda et m'adressa un regard approbateur, l'air de dire qu'il restait avec le petit.
Maël prit ses clés de voiture et me passa ma veste en même temps que la sienne avant d'y aller, sans un mot. Dans un silence de mort, et c'était le cas de le dire.
Après un trajet assez court, nous arrivâmes sur le parking public. Je soufflai un grand coup avant de sortir de la voiture, Maël m'accompagnant de près.
Nous marchâmes d'un pas rapide, rongés par l'impatience et le stress.
Je passai les portes et j'aperçus l'inspecteur au loin. Je m'empressai de la rejoindre et il nous guida jusqu'à la pièce où se trouvait le cadavre d'une jeune femme.
Après quelques mises en garde, je pris une grande bouffée d'air et le médecin légiste souleva le drap recouvrant l'intégralité du corps inerte.
Mon souffle se coupa immédiatement.
Mes yeux étaient victimes d'une scène horrifique, le corps présent devant nous était méconnaissable. Il était couvert de bleus et de coupures à peine cicatrisées.Mon regard se porta vers son visage un peu plus haut et ce fut dans un souffle de soulagement que je me rendis compte que ce n'était pas Laure.
— Ce n'est pas elle.
— Vous en êtes bien sûre ?
— Certaine. En revanche, je reconnais vaguement cette fille. Je sais qu'elle faisait partie des filles kidnappées, mais je ne saurais vous donner son identité.
— D'accord. Ce n'est pas tout. Regardez ce qui est gravé sur son bas-ventre.
Je baissai le regard en suivant le bras de mon interlocuteur et aperçus quelque chose d'anormal.
Je m'approchai légèrement pour mieux voir et je me rendis compte avec horreur que la gravure qui était inscrite sur le bas-ventre de cette femme était bel et bien mon prénom.
« Ava ».
J'eus un mouvement de recul. Qu'est-ce que ça voulait dire au juste ?
Je me retournai ensuite et remarquai que Maël était sorti. C'était trop pour lui et je pouvais le comprendre.
— Qu'est-ce que ça veut dire ? Je ne connais pratiquement pas cette fille. Je l'ai seulement vu une ou deux fois lors des repas de groupe !
— Nous pensons que les kidnappeurs essayent de vous faire passer un message.
— Un message ? répétai-je, intriguée.

VOUS LISEZ
Ava
Misteri / Thriller20 femmes. 10 hommes. Un lieu inconnu. Un seul mot d'ordre : obéir... ou disparaître. Elles ont été enlevées, privées de liberté, arrachées à leur quotidien. Pour Ava Lips, tout bascule en une nuit. Ce qu'elle pensait être un cauchemar devient réali...