Chapitre 26

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Après ma première nuit, seule dans cette chambre sombre, je me réveillai très anxieuse. En effet, c'était le jour J. Aujourd'hui, c'était le procès de Richard Turner, j'allais devoir le revoir et lui faire face.

Cet homme, qui m'avait détruite et changée, allait voir qu'il avait réussi son coup. Ma jambe avait été coupée par sa faute, mon corps était décoré de blessures à cause de son jeu ignoble et mon esprit s'emmêlait constamment.

Mais ce qui était rassurant, c'était qu'il serait en compagnie de la police. Il ne pourrait rien me faire.

On toqua à la porte et je découvris avec joie la silhouette de Louis apparaître.

— Alors, beauté ? Prête pour ta vengeance ? demanda-t-il avec un petit sourire en coin.

— Et comment !

J'enfilai avec son aide des vêtements que mon père avait apportés hier et passai me débarbouiller dans la salle de bain.

Louis frappa à la porte alors que j'étais focalisée par le reflet dans le miroir. Moi. J'avais tellement changé, je n'étais plus la même personne et je ne m'étais pas attardée sur mon apparence depuis l'enlèvement.

Je sortis de mes pensées et finis en vitesse de me brosser les dents pour rejoindre Louis.

Une infirmière arriva pour nous prévenir qu'un taxi nous attendait devant l'hôpital. Je m'installai dans mon fauteuil roulant et pris mes béquilles pour que ça soit plus simple avec le taxi. J'emmenai quelques affaires dans mon sac à main et Louis et moi partîmes vers l'ascenseur.

Nous sortîmes de l'hôpital et rentrâmes dans le taxi qui nous attendait devant la porte. Je laissai mon fauteuil et m'assis sur le siège moelleux de la voiture ambulatoire.

Pendant le trajet, Louis et moi fîmes des paris. Quelle peine allait-il avoir ?

Ensuite, Louis m'aida à sortir et à me mettre en route.

Je n'étais pas à l'aise de voir tous ces regards braqués sur moi, mais il allait bien falloir que je m'y habitue. C'était mon nouveau quotidien.

Voyant ma détresse, Louis posa sa main sur mon épaule et me chuchota des petits mots doux pour me rassurer. Nous rentrâmes ensuite dans la salle bondée de monde.

Je reconnus quelques personnes, comme Pierre, l'inspecteur de police m'ayant interrogée, notre avocat à Louis et à moi et sans oublier mes parents.

Après quelques minutes d'attente, M. Turner entra, menotté, avec un regard assassin. Il parla avec son avocat et le juge vint s'installer sur son grand siège avant de commencer à parler.

Il énonça l'affaire, puis appela l'accusé à la barre.

— Nous voudrions entendre votre version de l'histoire, s'il vous plaît.

— Eh bien, monsieur le juge, pour commencer, je vous remercie de m'écouter... baratina Richard d'une voix hypocrite.

Le juge l'interrompit directement.

— Stop ! Je ne vous ai pas demandé de me sortir tout votre baratin. Restez-en à ce qui vous est demandé.

Cette situation était assez ironique pour le coup, j'écorchai un petit sourire, heureuse que la roue tourne.

— Excusez-moi, je reconnais y être pour quelque chose dans cette histoire pas très gaie. J'ai embauché douze hommes en tout, dix devaient être des sortes de « dominants » et les deux autres devaient se charger du nettoyage et de la sécurité. Pendant trois mois, nous avons mis en place notre plan, nous avons cherché diverses informations sur vingt jeunes filles. Nous savions absolument tout sur elles, et leur entourage. Après ces trois mois, nous avons mis en marche notre plan en un temps record de trois jours, où nous avons enlevé les vingt filles. Notre enlèvement avait un but, c'était un jeu. Les dix dominants se sont réparti les vingt jeunes femmes, ils ont eu 24 heures pour savoir laquelle des deux, ils garderaient. Ils ont tous choisi et toutes les filles non-choisies devaient mourir.

— Mademoiselle Lips faisait-elle partie des filles condamnées ? interrogea notre avocat.

— Oui, mais elle a eu de la chance. Son frère est rentré dans le groupe des dominants et il a eu le droit de choisir la fille qu'il voulait parmi celles qui devaient mourir. Et il a choisi Ava, sa sœur. Les autres filles ont été tuées.

— Par qui ? continua notre avocat.

— L'un de mes hommes.

J'étais exacerbée, comment osait-il mentir ? Il avait tué neuf filles innocentes devant moi et il niait sans aucun scrupule.

— Non ! C'est un mensonge monsieur le juge, c'est lui qui les a toutes tuées, devant moi ! m'exclamai-je sans me retenir.

— Veuillez attendre votre tour à la barre, je vous prie. Vous pourrez parler quand vous serez interrogée.

Mon avocat me demanda de me calmer, car cela ne faisait pas bonne impression. Je n'y pouvais rien, il faisait tourner l'histoire à sa sauce et je devais attendre sagement mon tour. C'était insupportable d'entendre tout ce tissu de mensonges.

— Continuez, exigea le juge.

— Après cela, Ava a été violée par son propre frère et le syndrome de Stockholm est apparu. Elle n'y peut sans doute rien, il s'est passé toutes sortes de choses banales et ils ont tenté de s'enfuir. Je les ai rattrapés, et malheureusement, le pauvre homme chez qui Louis et Ava s'étaient réfugiés a failli y passer.

— J'en ai fini, déclara notre avocat.

— Très bien. Nous vous rappellerons après la déclaration des témoins, annonça le juge avant de le renvoyer à sa place.

Je fus ensuite appelée et Louis m'aida à me lever, ainsi qu'à monter sur l'estrade. Je m'installai et le juge me fit signe de commencer.

AvaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant