Chapitre 40

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Aïe !

L'infirmière finit le dernier point de suture pendant que je tenais toujours une poche de glace sur ma lèvre supérieure.

La peur me rongeait, une immense boule s'était formée depuis que son regard avait quitté le mien. J'avais la terrible envie d'arracher la perfusion qui était plantée dans mon avant-bras droit, de prendre mes jambes à mon cou et de m'enfuir le retrouver, quelque part dans cet hôpital.

Bien évidemment, ce plan était bien trop beau pour être vrai, il me faudrait déjà avoir deux jambes et puis, m'enfuir pendant les soins d'une infirmière ça serait trop louche, on risquerait de me prendre pour une folle et finir en psychiatrie ne m'enchantait pas trop.

— Ava ?

Je relevai la tête en entendant cette jeune femme m'interpeller.

— Oui ?

— J'ai fini, j'ai retiré votre perfusion. Voici les indications du médecin, ainsi que l'ordonnance pour vos médicaments. Il vous a également recommandé de consulter un psychologue. Cet enchaînement d'événements dans votre vie est traumatisant.

J'acquiesçai d'un léger mouvement de tête et elle me tendit l'autorisation de sortie.

— Excusez-moi, pourrais-je avoir le numéro de chambre de mon frère, Louis Lips, s'il vous plaît ?

— Bien sûr. Rhabillez-vous, je vous attendrai devant.

— Merci beaucoup.

J'attrapai mes vêtements, les enfilai après son départ et attendis patiemment l'infirmière.

— Votre frère est dans la chambre 16.

— Merci.

Je la saluai et repartis en me tenant fermement à la rambarde.

Toc toc toc.

— Entrez.

J'appuyai sur la poignée de sa porte, et entrai silencieusement.

— Qu'est-ce que tu fais là ?

— Je... Tu vas bien ? demandai-je en esquivant la question.

— Ça va.

Je déglutis, voyant qu'il ne me retournait pas la question.

— Qu'est-ce que tu as ?

— Quoi ?

— Pourquoi est-ce que tu es froid comme ça ? Qu'est-ce que j'ai fait ?

— Ava... souffla-t-il en se tenant la tête.

— Quoi, « Ava » ?

— Tu étais dehors avec lui !

— Et alors ?

— Et alors ?

— Attends un peu, tu crois vraiment que j'y suis allée de mon plein gré ? Sérieusement ?

— Tu sais te défendre, non ? Ne va pas me faire croire que du haut de son mètre soixante-dix, il a réussi à te traîner hors de la maison sans que tu répliques !

J'étais ébahie, comment pouvait-il me soupçonner de ça ? Comment pouvait-il rejeter la faute sur moi ?

— J'espère que tu déconnes, là.

— Absolument pas.

Un rire nerveux éclata dans la pièce. Il leva un sourcil l'air perplexe.

— Non, mais je rêve ?

— Arrête ton cirque, tu es sortie sur le palier pour avoir une discussion privée avec lui. Alors, assume.

— Je n'ai rien à assumer, tu es censé être la meilleure personne pour me consoler, me défendre et être toujours là pour moi, mais quand je vois ta réaction je me demande vraiment ce que tu fous avec moi.

Il leva les yeux comme si ce que je lui disais l'ennuyait.

Son comportement m'irritait. Moi aussi, j'avais eu peur dans cette histoire.

— C'est plutôt moi qui devrais t'en vouloir. Il m'a traînée par terre jusqu'au palier. J'ai crié comme j'ai pu pour t'alerter, toi, ou quelqu'un d'autre et personne n'est venu. Tu crois peut-être que je ne sais pas crier ? Tu veux que je te montre ?

— Non, merci.

— Tu sais quoi, tu n'es qu'un con à réagir comme ça.

Il ne répondit rien, j'attrapai les clés de voitures posé sur la table médicale et m'en allai en boitant, sans dire un mot.

— Ava, tu vas où ?

Je claquai la porte pour marquer mon énervement. Ce fut une réussite puisque je l'entendis crier mon prénom quelques instants plus tard.

AvaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant