Chapitre 22

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Une infirmière vint m'aider pour m'habiller, puis elle m'apporta mon petit-déjeuner en compagnie de Louis et ma mère.

Après ça, ce fut le moment de changer mes pansements. Tout d'abord, ceux placés sur mon dos, mes épaules et mes cuisses. Elle désinfecta, puis mit une couche de crème avant de mettre des pansements sur chaque cicatrice. Ensuite, ce fut le moment de faire celui de ma jambe, plus précisément de mon moignon. J'étais incapable de regarder, ce bout de peau recousu m'était insupportable à voir.

Après ce moment difficile, on m'apporta un fauteuil roulant pour aller à la séance de psychologie. Je fis un léger baiser à Louis sous le regard dégoûté de ma mère et je partis.

J'arrivai devant le bureau, l'infirmière frappa à la porte et m'aida à m'installer sur le fauteuil rouge placé au milieu de la salle.

Cet homme me fixait d'une manière étrange. Depuis le début, je n'étais pas à l'aise avec lui et je savais qu'en aucun cas, je pourrais me livrer à lui.

— Comment vas-tu aujourd'hui ?

— Ça va.

Je ne faisais pas aucun effort, mais ses techniques ne me plaisaient pas. Ma vie avait basculé du jour au lendemain et je refusais d'être une petite chose qui avait peur de tout et qui obéissait au doigt et à l'œil.

— Voulez-vous me parler d'une chose précisément ?

— Que voulez-vous savoir ?

— Rien du tout, Ava. Je suis là pour t'écouter et t'aider par la suite à gérer cette situation qui est nouvelle pour toi.

— Alors, je n'ai rien à dire.

— Vous savez, Ava, je comprends que vous ne voulez pas parler à un inconnu de toutes les misères qui vous sont arrivées, mais je suis là pour vous aider !

Je bouillonnais à l'intérieur de moi, c'était toujours la même chose avec lui !

— Au contraire, vous ne comprenez rien.

— Pourquoi dites-vous cela ?

— Avez-vous déjà été kidnappé ?

— Non, mais...

Je ne le laissai pas finir et continuai mes explications.

— Vous croyez me comprendre car vous avez sans doute déjà eu des cas similaires, ou bien parce que vous avez tout simplement été préparé à gérer des cas comme le mien pendant vos études. Mais vous n'avez pas vécu toutes les merdes qui me sont arrivé, alors vous n'avez pas à me dire que vous comprenez, car c'est totalement faux.

— Êtes-vous heureuse que votre enfant soit en vie ?

Je venais de le remballer et il changeait de sujet comme si je n'avais jamais parlé ? Que cherchait-il ?

— Je crois que cela ne va pas être possible de continuer nos séances. Je prendrai un autre psychiatre. Il est évident que nous ne sommes pas sur la même longueur d'onde, et le feeling ne passe clairement pas de mon côté !

— Est-ce habituel chez vous de fuir ?

— Je ne fuis pas, je n'ai plus envie de vous parler et c'est mon droit.

— Vous n'avez pas répondu à ma question. Est-ce parce que vous avez fait emprisonner le père de cet enfant ?

— Écoutez, je vous interdis de me juger, bien évidemment que je l'aime mon fils. Vous êtes comme les autres, vous avez votre vision des choses et vous ne pouvez pas vous empêcher de donner votre avis merdeux, mais j'en ai rien à faire ! Donc, appelez immédiatement l'infirmière ou je vais finir par crier.

Il se leva et s'approcha de moi d'une façon que je reconnaissais étrangement.

Il n'appellera pas l'infirmière...

Il avança vers la porte et la ferma à clé.

Mes mains devinrent moites, mes jambes tremblèrent et de la transpiration coula de mon front. Il posa sa main sur le haut de ma cuisse amputée, c'était une sensation de brûlure forte et intense, c'était tout simplement insupportable.

— Je t'ai cernée dès le premier instant, tu es une rebelle.

— Que faites-vous ? Écartez-vous et enlevez vos mains !

Je poussai sa main, mais il attrapa la mienne au vol et me tira tellement fort que je tombai à ses pieds.

— Qu'allez-vous me faire ? Me violer ? Me frapper ? Me tuer ? Ne vous gênez pas, allez-y, je commence à être habituée aux tarés comme vous !

Je faisais comme si j'étais sûre de moi, mais en réalité, je ne l'étais pas du tout.

— Tu te donnes à moi ?

— Laissez-moi rire... Bien sûr que non.

Je le provoquai, car je n'avais aucune envie qu'il obtienne ce qu'il voulait.

Et d'autant plus, car je savais que je ne pourrais pas me défendre. J'allais me faire agresser, mais que vouliez-vous que je fasse ? Il me manquait une jambe pour pouvoir courir ou bien m'enfuir, je choisissais donc la provocation pour le mettre dans tous ses états.

Je voyais qu'il commençait à s'énerver, il serrait les dents et me regardait avec une telle haine !

— Je sais ce que tu essaies de faire, je suis très beau. Tu essaies de me déstabiliser et tu n'y arriveras pas. Pauvre enfant naïve.

— Donc vous êtes narcissique, vous croyez que vous êtes le plus beau alors qu'en réalité vous n'avez pas un physique avantageux.

— Tu dis n'importe quoi ! s'énerva-t-il.

— Qui êtes-vous réellement ?

— Dorénavant, ta plus grande peur, ricana-t-il.

AvaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant