Chapitre 38

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Il attrapa mon bras violemment et me tira vers le haut pour me retrouver à sa hauteur.
Ma prothèse craqua sous l'effet du mouvement brusque, mon cœur manqua un battement par la même occasion.

Il me faisait peur...

— Qu'est-ce que tu fais ? Lâche-moi ! criai-je, révoltée.

Il me lâcha d'un seul coup, me faisant tomber par terre.

Rien de cassé, heureusement, mais il continua dans son délire. Il me saisit une seconde fois pas le poignet et me tira cette fois-ci.

Je ne pouvais pas marcher à cette vitesse, et me relever alors qu'on me traînait était impossible. J'apprenais à m'accommoder de ma prothèse, pas à faire des figures de freestyle !

Son regard lançait des éclairs, je pouvais presque voir de la fumée sortir de ses narines. Mes mains commencèrent à trembler et ma confiance en moi redescendit presque aussitôt.

Je me mis à crier pour alerter Louis, ou bien mes parents, seulement personne ne m'entendait. Ma mère avait dû fermer la porte de la cuisine et nous nous écartions de celle-ci à vue d'œil.

Une petite table de salon tomba, renversée par mon corps qui écartait tout sur son passage.

Après lui avoir crié dessus, je décidai de changer de tactique. Il n'était visiblement plus lui-même et l'engueuler ne changerait rien, je devais l'adoucir et lui parler calmement. Qui sait, peut-être qu'il m'écouterait.

Il me traîna avec force jusque dans le couloir de l'entrée. Il ouvra la porte violemment, la faisant claquer contre mon épaule au passage.

Un petit gémissement de douleur sortit de ma gorge, puis je me tus.

Il me poussa sur le palier et referma la porte après en être sorti.

Bastien n'avait jamais été quelqu'un de méchant, il avait son caractère. Mais ce qu'il faisait là, ne lui ressemblait pas.

Il souffla un coup et son regard se posa sur moi, aussi noir que du charbon.

— Tu te rends compte de ce que tu m'as fait, Ava ? commença-t-il, très énervé.

— Je... je suis désolée, je ne voulais pas te...

Il me coupa, ne voulant entendre aucune de mes explications.

— Tais-toi ! Je ne veux pas entendre tes excuses !

— Qu'est-ce qu'on fait, là, Bastien ?

— Nous devions parler en privé, vu que tu m'ignores et que tu cherches à me rendre jaloux. Eh bien, ça a marché. Tu es contente ?

Je baissai la tête, consciente de mon comportement inapproprié.

Il se baissa de sorte à être à la même hauteur que moi, étalée sur la marche de l'entrée.

Il me regarda et me sourit. Je lui rendis ce sourire lorsqu'une gifle monumentale vint s'écraser contre la joue gauche. Ma tête fut propulsée sur le côté et elle finit par taper contre le sol en pierre. Ses mains m'attrapèrent par le cou et me relevèrent sans difficulté.

Il continuait de me parler, mais le manque d'oxygène ne me permettait pas de l'entendre.

— Bastien, ne fait pas ça... le suppliai-je, au bord du malaise.

Il serra un peu plus fort son étreinte, puis relâcha au bout de longues secondes.

Mes mains se dirigèrent immédiatement vers mon cou comme pour faire des trous dans ma gorge qui me permettraient de mieux respirer.

Une fois que j'eus repris mon souffle, je me mis à crier de toutes mes forces, avec l'espoir d'alerter une personne lambda.

Je n'avais aucune idée de ses intentions, mais ce n'était pas banal d'être traînée jusque sur le palier pour être étranglée.

Il se jeta sur moi pour me faire taire. Heureusement pour moi, le voisin d'en face ouvrit sa porte d'entrée, alerté par mes cris.

— Tu vas la fermer, oui ?

— Tu ne m'auras pas comme ça...

Il m'offrit son plus beau sourire avant de me caresser la joue qu'il avait frappée quelques minutes plus tôt.

— Tu es devenu fou.

— C'est toi qui me rends fou.

Je ne pus répondre. Je l'avais tant blessé que ça ?

Il écourta mes pensées en m'embrassant. Je restai bouche fermée, mais il pressa ma jambe au-dessus de ma prothèse, ce qui me fit lâcher un cri, et donc entrouvrir la bouche.

Un frisson me traversa de part en part.

Je fermai les yeux comme pour oublier ce qui était en train de se passer lorsqu'une voix qui m'était familière, fit irruption.

— Est-ce que tout va bien, mademoiselle Lips ? me questionna le voisin, inquiet de me voir avachi sur le sol froid.

— Oui, tout va bien, elle est juste tombée, répliqua sans attendre mon ex petit ami.

J'étais tiraillée. Devais-je alerter mon gentil voisin, ou le laisser en dehors de ça ? Voyant l'état de colère de Bastien, je décidai de la fermer.

— Oui, tout va bien, Robert, merci ! dis-je en secouant la main de gauche à droite pour le saluer.

Il me rendit mon sourire et pénétra dans sa maison, tout pimpant.

— Je savais que tu ne dirais rien.

— C'est uniquement pour le protéger que je n'ai rien dit.

— Le protéger de moi ? demanda-t-il, outré.

— De qui d'autre ?

— Tu... tu as peur de moi ?

Son regard était peureux, il se souciait vraiment de mon avis et je comprenais qu'il était devenu fou. Fou de jalousie.

— Je... Oui, avouai-je dans un seul souffle.

Il ne dit rien.

— Tu peux me lâcher, maintenant ? continuai-je d'une voix calme pour ne pas l'offusquer.

Il commença à relâcher sa prise lorsque le cliquetis de la porte d'entrée résonna.

Il reprit mon bras avec une forte poigne avant de m'entraîner derrière lui.

— Mais qu'est-ce que vous foutez, là ? s'étonna Louis, un brin d'énervement dans la voix.

— On discute.

Je tentai de me défaire de son emprise, mais il serrait de plus en plus fort.

— Il ne veut pas me lâcher, avouai-je à Louis pour qu'il m'aide.

— Lâche-la, exigea ce dernier.

Bastien reculait petit à petit, m'obligeant à suivre le mouvement.

Ma jambe me faisait mal, le docteur m'avait expressément dit de me reposer et je faisais tout le contraire.

Louis, remarquant que nous reculions, s'avança d'un pas rapide et lourd.

Je pouvais sentir sa colère jusque dans mes veines.

Il élança son poing qui arriva en plein milieu du visage du principal concerné.

AvaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant