Chapitre 44

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La poignée de la porte s'agita de haut en bas. Je relevai difficilement la tête de mon oreiller pour entendre les appels de Louis, visiblement désespéré, de l'autre côté de la cloison.

— Ava, ouvre-moi !

Je reposai sans délicatesse ma tête sur ce fichu oreiller, laissant un bruit de claquement s'échapper.

— Ava, ouvre, maintenant ! exigea-t-il en cognant contre la porte.

— Casse-toi, Louis !

Je me levai tranquillement, m'habillai et sortis pour déjeuner. La porte buta contre quelque chose, ou plutôt quelqu'un, ce qui m'empêcha de l'ouvrir entièrement.

— Pousse-toi pour que je puisse sortir, soupirai-je.

Il se retira sans un mot et me regarda d'un drôle d'œil, sidéré que je l'ignore.

— Tu vas bien devoir m'adresser la parole !

— Ah oui ? Et qu'est-ce qui m'y oblige ?

— Papa vient manger ce soir.

Je me retournai pour lui faire face.

— Seulement papa ?

— Oui.

— Comment ça se fait ? demandai-je, dans le flou.

— Maman a fait une crise d'angoisse cette nuit. Elle a déliré et a été emmenée aux urgences. Elle est toujours hospitalisée, on en saura plus ce soir.

Je ne pus me retenir d'être soulagée. C'était cruel, mais elle n'avait fait que me causer des problèmes depuis mon retour.

— D'accord.

— Est-ce qu'on peut s'expliquer, maintenant ?

— Tu as besoin d'explications ?

— Non, mais toi, oui, affirma-t-il d'un ton sérieux.

— Peut-être bien.

Il leva un sourcil, l'air perplexe de mon air amusé. Ma tasse de lait à la main, je fixai mon regard dans le sien et attendis patiemment cette fameuse conversation.

— Je suis désolé, ok ? s'excusa-t-il brièvement.

Je ne bougeai pas d'un cil. Il croyait quoi ? Que j'allais lui sauter dans les bras après des excuses comme celles-ci ? Bidon.

— Tu pensais ce que tu as dit ?

— Non... Enfin...

— Oui ou non ?

— Oui.

Je n'étais même pas étonnée de sa réponse, je m'y étais préparée.

— Tu crois que je te mens délibérément, que je me suis fait traîner pour le plaisir et que j'ai dû ramper jusque chez le voisin pour être plus proche du sol, ou ça se passe comment ?

— Je n'en sais rien, Ava !

— Je te dis qu'il m'a forcée, tu n'as donc pas confiance en moi ?

— Si, mais...

— Mais quoi ? répliquai-je, lassée.

— Tu as vécu tellement de choses que... comprends-moi, bordel, Ava !

— Non. Justement, c'est à toi de me comprendre, Louis.

— Excuse-moi.

— Oscar pleure, va le voir.

J'avais été sèche et peu aimable, mais son indécision me restait en travers de la gorge.

Je fermai les yeux quelques instants pour réfléchir lorsque la culpabilité s'incrusta dans mon esprit. J'avais été trop dure avec lui, je m'en voulais.

C'était la meilleure ça, il m'accusait à tort et c'est moi qui culpabilisais ?

Il revint quelques minutes plus tard avec Oscar dans les bras et je cédai à la tentation.

— Viens par-là, ordonnai-je sans même lui adresser un regard.

— Quoi ?

—Viens.

J'entendis ses pas se rapprocher de moi, jusqu'à les apercevoir de mes propres yeux, en face de moi.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

Je levai la tête, la larme à l'œil et attrapai son visage de mes deux mains pour l'attirer vers moi. Il se laissa faire et ferma les yeux.

Avant de m'embrasser, il prit la parole, soucieux de mon avis.

— Tu me pardonnes ?

— Tu me crois ? répliquai-je.

— Oui.

— Alors je te pardonne, cédai-je.

— Merci.

Il s'approcha pour m'embrasser de nouveau. Seulement, lorsque que ses lèvres touchèrent les miennes, un flash fit irruption.

AvaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant