Strange World

Chapitre 35

Lowen

Ses doigts caressent délicatement mon pelage. Je n'ai jamais apprécié que mes sœurs ou qui que ce soit d'autres me touche mais ses mains à elle sont tout simplement divine, je ne m'en lasse pas.

- Tu es tellement doux. Dit-elle, l'air stupéfaite. 

Je lui mordille la main pour toute réponse. J'ai atrocement envie de jouer avec elle, c'est ce que les loups ressentent lorsque l'être face à eux les intéresse mais cette envie fait seulement partie de mon loup. Mon côté humain s'y refuse pour la simple et bonne raison que lui faire du mal est bien la dernière chose que je veux. Nous restons comme ça, au beau milieu de la nuit dans ce bois entouré d'une centaine d'animaux nocturnes, Isiris me parle de tout et de rien et j'ai remarqué que c'est lorsque je suis sous ma forme de loup qu'elle s'ouvre. Un silence s'impose et son rythme cardiaque prend une allure reposée, c'est lorsque je me redresse pour l'observer que je remarque qu'elle s'est endormie. Je me dépêche de me retransformer en humain sous ses yeux fermés, je m'habille en quelques secondes avant de m'abaisser. Couché à même le sol, ses sourcils se froncent inconsciemment tandis que sa bouche entrouverte appelle à les embrasser. Je replace une deuxième l'une de ses mèches derrière son oreille, lui caressant au passage sa joue coloré.

Bon sang, elle est gelée.

Je m'empresse de lui mettre ma veste en cuir sur ses épaules, je sais pertinemment que cela ne sera pas suffisant mais je préfère qu'elle ait quelque chose qui la couvre que rien du tout. Je ne perds pas une seconde de plus et la soulève, sa joue vient taper contre ma poitrine et je pris pour qu'elle ne se réveille pas. Ses jambes se balancent au rythme de mes pas, je sens petit à petit son corps prendre une bonne température, il faut croire que mon sang bouillant contre le sien est suffisant pour la réchauffer. Lorsque j'arrive au chalet, Mr Hold nous accueille, le regard posé sur la jeune fille actuellement en train de dormir dans mes bras.

- Elle s'est assoupie. M'expliquais-je, la voix basse.

Il hoche la tête, pas le moins inquiet du monde et me fait un clin d'œil avant de nous laisser, ce vieillard est irrécupérable. Je monte dans la chambre d'amie et pose délicatement Isiris sur le matelas, je prends le temps de lui enlever les chaussures pleines de terre, je suis presque sûr qu'elle dort à poing fermé, je pourrais la revendiquer mienne tout de suite elle ne s'en apercevrait même pas. Je regarde sa nuque délicate et fine, j'admire son sang pulsé sous son épiderme et je rêve d'y planter mes crocs. Je rêve de la marquer pour toujours, mienne à jamais. Le bruit d'un gémissement se fait entendre et me sort de mes pensées. Je remarque seulement maintenant que je suis bien trop près d'elle, les crocs sortis et prêt à la mordre. Ses yeux fermés m'indiquent qu'elle rêve alors je m'empresse de m'éloigner. Ce n'est pas vrai. Je me frotte le visage, submergé par ce qu'il m'arrive et souffle un bon coup. J'étais à deux doigts de la mordre, sans même m'en apercevoir. Il faut vraiment être fou pour perdre le contrôle et je crois bien que je commence à le devenir.

Mes mains ne tremblent rien qu'à l'idée de la toucher. Je sais que si elle dort avec son jean, le tissu va lui ronger la peau et elle va mal dormir. Comment je le sais ? Tout simplement parce que pendant que je l'observais au loin elle y avait pensé et tout ce qu'elle pense reste encré dans ma tête, tout ce qu'elle dit et tout ce qu'elle fait je le retiens comme si c'était mes propres mots, mes propres gestes. Je ferme les yeux et déboutonne son jean sans même avoir la tentation d'ouvrir les yeux, je la respecte bien trop pour ça. L'idée que je puisse observer sans son consentement me donne envie de vomir. Je lui enlève le bas, les yeux toujours aussi fermés qu'au début et me dépêche de la couvrir à l'aide de la couette.

- Lowen...Dit-une voix complètement endormie. 

Tiens tiens. Me dis-je. Ça rêve de moi.