Chapitre 19

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Lowen.

Ça va faire deux bonnes heures que je la regarde dormir. Elle a un air si paisible que j'ai peur de faire le moindre mouvement. Le petit pli entre ses sourcils annonce qu'elle nage bien en plein rêve, sa bouche rose et pulpeuse entrouverte, ses mains jointes sous son oreiller où repose sa tête frêle. Je pourrais la regarder ainsi toute ma vie si je le pouvais. Lorsque je l'ai porté pour la monter dans sa chambre, la température de mon corps s'est réchauffée à une allure folle. Comme si ma peau n'était pas assez brûlante. Les battements réguliers de son cœur me font l'effet d'une mélodie, d'une douce berceuse et j'aime sa. J'aime la savoir en sécurité comme elle est actuellement, face à moi sans un quelconque danger aux alentours.

- Elle est magnifique. Murmurais-je à voix basse pour ne pas la réveiller.

- Elle l'est, oui. Me répond sa mère, souriante à la vue de sa fille endormie en boule.

Cela fait cinq minutes qu'elle est arrivée dans la chambre, j'ai senti sa présence mais je n'avais pas envie de rompre ce calme qui règne dans cette pièce, ni même de quitter cette sublime vue pour me retourner.

- Je ne te remercierais jamais assez.

Une main fragile se pose sur mon épaule, elle me remercie à chaque fois que l'on se voit pour tout ce que j'ai fait pour Isiris, c'est-à-dire une fois par mois. Du moins, c'était avant.

- Tu sais bien que je ferais tout pour elle. Dis-je les yeux rivés sur la magnifique créature endormie. Je m'en veux chaque jour de ne pas être venu avant, ça lui aurait éviter tous ces jugements, tout ce mal-être et ce manque de confiance.

Sa mère vient se placer devant moi les joues toutes humides. Elle s'agenouille devant le siège où je me suis assis et vient poser ses petites mains sur mes joues. Comme le faisait ma mère.

- Je t'interdis de dire une chose pareille ! Dit-elle d'un ton sec. Crois-tu vraiment qu'elle t'en veuille de ne pas être venu plus tôt ? Tu aurais vu la façon qu'elle a eu de me raconter l'histoire, elle avait peur que je la prenne pour une folle mais il y avait une lueur dans ses yeux. Reprend-elle en souriant, les yeux larmoyant. Une lueur qui me disait qu'elle ne te remercierais jamais assez pour ce que tu as fait. Tu lui as sauvé la vie et elle en a pleinement conscience. Elle a su surmonter les jugements pendant deux ans et crois moi, jamais il ne lui est venu à l'idée de t'en vouloir.

- C'est bien ça le problème. Elle ne sait pas qui je suis, et quand elle l'apprendra elle me détestera. Murmurais-je le cœur brisé à cette pensée.

- Crois moi, elle ne fera que t'aimer encore plus qu'elle ne le fait déjà. Me dit Isadora en riant, alors qu'elle se relève pour s'approcher de la porte.

- Je ne lui ai rien dit à propos de nous pour éviter de la mettre en danger mais, je pense qu'elle a désormais le droit de connaître la vérité sur toi et sur votre lien. Me dit-elle avant de se redresser.

Je ne dis rien et elle comprend vite qu'elle n'aura rien de plus de ma part quand elle me voit baisser la tête entre mes jambes. J'entends la porte se refermer et quand je me sers de mon ouïe pour l'entendre descendre les escaliers, je me permets alors de me lever et de m'approcher d'Isiris. Je pourrais faire n'importe quoi, je sais qu'elle ne se réveillera pas. Le rêve dans lequel je l'ai plongée est bien trop magique pour qu'elle veuille en sortir.

Ce soir j'ai découvert une facette de cette petite brune au cœur lourd. Une fille qui pense énormément mais qui ne dit jamais rien, une fille qui analyse beaucoup mais s'empêche de faire des remarques. Une fille en manque d'amour. Pas l'amour que lui porte sa mère, elle est comblée de ce côté-là. Moi je parle de l'amour en général. Elle n'a pas l'habitude qu'on l'appelle par des surnoms autre que son diminutif, d'être regardée, ni même remarquer et encore moins qu'une personne lui parle par simple politesse.

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