Chapitre 12

1.7K 100 9
                                    

Lowen

Quelque chose ne va pas.

Des appels incessants résonnent dans ma tête, à m'en donner une migraine atroce. Je reconnais cette sensation d'impuissance et de peur, toutes ces choses viennent d'elle. Chaque ressenti, chaque douleur ou même émotion je le ressens, je ressens tout ce que cette fille peut bien ressentir chaque seconde de sa propre vie et je dois dire que c'est la plus troublante des sensations.

Je n'avais jamais connu cette sensation de connaître une personne par cœur, de connaître l'entièreté de ses sentiments et de ses pensées jusqu'à aujourd'hui. Mais je dois dire que j'aime sa. J'aime savoir ce qu'elle ressent ou bien même ce qu'elle pense. Ses pensées sont aussi croustillantes que ses prunelles scintillantes. La façon dont elle m'observe me donne à chaque croisement de regard des foutus mais agréable frissons, à m'en donner la chair de poule. J'aime cette sensation, j'aime que ce cœur qui est le mien se réchauffe à la simple présence du sien, que mes battements s'accélèrent à la simple vue de ses magnifiques yeux émeraudes et de ses sublimes courbes qui me font perdre les pédales.

Je ne sais plus quoi faire, ni quoi penser quand elle est face à moi. Je suis devenue accro à son odeur en l'espace d'une fraction de seconde et je ne peux contrôler ce sentiment de désir et d'obsession qui m'assaille constamment. Que se soit jour et nuit.

Tout ce que je sais à cet instant c'est qu'elle est en danger, il se passe quelque chose qui n'est pas censé se passer. Je le sens, je le sais au plus profond de moi. Mon loup me hurle de courir la rejoindre et c'est ce que je fais. Sans même une once d'hésitation.

Je laisse le loup prendre le dessus et la seconde suivante je sens la totalité de mes os se briser, un par un. Transformant mon corps humain en un corps de loup. Une fois face à la forêt, je ne perds pas une minute et me mets à courir jusqu'à sa maison, sa peur est toujours aussi présente qu'il y a quelques minutes et c'est bien ça qui ne me plais pas. Cette frayeur permanente qui ne s'efface pas, cette folie constante qu'elle pense avoir mais qu'elle n'a pas. Toutes ces choses qui lui font croire qu'elle est instable alors qu'elle est en parfaite santé, même plus qu'elle ne le devrait je dirais.

Le quartier est désert alors j'en profite pour m'avancer un peu plus, faisant face à la façade de sa maison et j'observe que la porte d'entrée est fermée ainsi que toutes les fenêtres. Je sais bien que je risque de me faire voir et que si jamais cela arrive je mets ma vie ainsi que celle de toute la meute en danger. Mais comme je l'ai dit, c'est instinctif. Primordial.

Je me concentre assez pour pouvoir ouvrir la porte à l'aide de mon pouvoir mental et une fois chose faite je rentre rapidement, toujours à pas de loup. Un silence pesant, bien trop pesant règne dans le salon, ça sent la mauvaise intention à plein nez. Je renifle chaque recoin du salon et quand je constate qu'il n'y a que son odeur qui est présente je me tourne vers les escaliers. J'entends de là-haut des chuchotements, des reniflements, des sanglots qui sont perceptibles à des kilomètres à la ronde.

Je pèse le pour et le contre, la seule solution pour la mettre définitivement en sécurité c'est qu'elle sache une bonne fois pour toute la vérité, qu'elle sache que le côté surnaturel qu'elle a toujours lu dans ses bouquins existent réellement, qu'elle sache que la magie et bien plus encore font partie intégrante de ce monde. Mais ce n'est pas le bon moment, elle n'a pas le morale assez stable pour faire face à un homme mi-humain mi-loup qui se transforme devant elle comme si c'était quelque chose de normal.

Elle n'est pas encore prête à voir ça. J'attendrai, des jours, des semaines, des mois, même des années s'il le faut. Peu importe, tant qu'elle aille bien et qu'elle soit prête pour faire face au danger qui la menace depuis deux ans. Je monte les marches en silence et le bruit de ses pleurs ne s'arrête pas, pire, il s'amplifie. A travers les yeux de mon loup je la vois recroquevillée sur elle même dans l'angle du couloir dans le noir absolu.

Strange WorldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant