Chapitre 28

1.4K 97 8
                                    

Isiris

J'ai l'impression de m'être réveillé une éternité plus tard, pourtant j'ai les yeux grands ouverts depuis une bonne heure et j'ai pu constater que le jour s'est levé, je dirais qu'on est en fin de matinée vu la clarté des rayons du soleil. Je regarde les arbres qui me font face depuis que je me suis réveillé, ne sachant toujours pas où je ne suis ni qui est ici. Tout ce que je sais c'est que j'ai réussi à m'en sortir vivante de cette attaque, j'étais à deux doigts de mourir. Je l'ai senti. Face à la porte de la chambre, je l'observe s'ouvrir avec lenteur et calme, je sais d'avance qui sait, je n'ai pas besoin de le voir, son odeur est trop forte pour passer inaperçu. Ses yeux viennent instinctivement s'accrocher aux miens, comme un aimant. Des frissons me prennent de toutes parts, comme si je n'étais pas encore habitué à l'intensité de ses yeux, éternellement habillé de vêtement noir, soit un tee-shirt à manche courte ainsi qu'un simple jean. Cet assortiment rend ses yeux encore plus clairs qu'ils ne le sont déjà. Il me coupe une énième fois le souffle et il s'en rend compte au vu de son petit sourire en coin.

- Bien dormis ? Demande-t-il, s'asseyant en même temps sur son fameux fauteuil.

Je ne réponds pas, trop fatigué de chercher le pourquoi du comment encore une fois, je le laisse alors dans le silence le plus complet, pour une fois que c'est moi qui installe un silence. Je le vois arpenter la pièce avant de s'avancer vers la grande baie vitrée, admirant sûrement la magnifique vue que nous offre les arbres. Je ressens tout de même une appréhension.

- Est-ce que tu as bien dormi ? Répète-t-il d'une voix beaucoup moins amène qu'au début.

Je me retiens de lever les yeux aux ciels car je sais que même de dos il est capable de voir ce geste. Je ne veux pas recevoir de regard noir ou de remarque, je pense avoir assez subit depuis la rentrée. Je n'ai ni la force de bouger, ni la force de dire quoique se soit mais pour éviter de le mettre encore plus en colère je lui réponds.

- Oui.

Il se retourne, les sourcils froncés. Ses yeux analysent chaque parcelle de ma peau à découvert, cherchant sûrement une blessure quelconque. La seule douleur que je ressens c'est celle de mes côtes. Vais-je avoir une énième cicatrice ? Vais-je devoir encore une fois subir le regard des autres ? J'ai l'impression que ma vie n'est faite que pour cela, être torturé. J'enchaîne les cicatrices sur cicatrices, comme si ce mode de vie était normal. Les traits du visage de Lowen s'adoucissent comme s'il savait ce qui me tourmenter, je sais pertinemment que je suis un livre ouvert pour lui, il lit en moi si facilement que cela m'effraie. J'aimerais être pareil avec lui, connaître chacune de ses émotions, de ses habitudes, mais il est tellement impulsif que je ne sais jamais comment il va réagir. Je n'arrive tout simplement pas à le cerner.

- Tiens. Dit-il, me tendant un sandwich emballé.

Je le remercie silencieusement, n'ayant pas la force de parler. Remarquant mon manque d'attention, il soupire avant de commencer à couper le sandwich en petit morceau à l'aide d'un couteau. Son attention me blesse autant qu'elle me fait plaisir. J'ai l'impression d'être une petite fille en plein caprice mais je retiens un sourire devant ce geste, je n'oublie tout de même pas qu'il me doit des réponses, des réponses qu'il tente par tous les moyens d'esquiver. Toujours sur le dos, ayant bien trop mal aux côtés pour me mettre sur le flanc, je l'observe, le souffle coupé devant autant de prestance. Comment peut-on être si beau lorsqu'on coupe un sandwich ? Soudain un rire éclate dans la pièce, me faisant sursauter, mes yeux rencontrent les siens, moqueur et sournois.

- Pourquoi tu rigoles ? Demandais-je curieuse de son état euphorique.

Il secoue la tête, le sourire aux lèvres, avant de me tendre un morceau de sandwich que je mange immédiatement. Je n'ai pas mangé depuis hier soir et le gargouillement de mon ventre en est témoin, provoquant un fugace sourire chez Lowen. Il me redonne un bout que je me dépêche d'avaler.

Strange WorldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant