Prologue

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- Ne t'inquiètes pas maman, je suis là d'ici dix bonne minutes, d'accord ?

L'inquiétude de ma mère. Voilà ce que j'essaie de faire diminuer depuis ma sortie des cours, soit de nombreuses minutes déjà.

- Tu fais attention, je ne suis vraiment pas rassuré de te savoir dans cette forêt, surtout en ce moment. Dit-elle d'une voix angoissée.

- Tu sais bien que je passe toujours par là, je n'aime pas le centre-ville. J'allais continuer mais la batterie de mon téléphone émet un bip. Je vais devoir te laisser, j'ai bientôt plus de batterie.

Après un long moment d'hésitation, ma mère soupire et se résigne à répondre, toujours avec son air inquiet :

- D'accord...rentre vite, je t'aime.

Sa voix résonne à contre cœur dans mon téléphone, je me doute bien que ma décision ne lui plaît pas, seulement, j'aime faire la route toute seule. Je contourne la ville exprès pour avoir le plaisir de me balader dans cette forêt. Les trottoirs étroits, les klaxons des gens pressés de rentrer chez eux après le travail, les piétons qui marchent sur la route sans prendre en compte le danger ou même les voisins, qui discutent tout fort de leur vie. Je ne suis pas énormément sociable.

- Moi aussi je t'aime maman, à tout de suite. Dis-je en raccrochant.

Je remets ma musique en route et continue ma marche, mon sac de cours sur les épaules et ma bonne musique dans les oreilles. Le seul moment de la journée où je peux être enfin tranquille sans que personne autour de moi ne me dicte ce que je dois faire. J'aime bien ce chemin, je trouve ça apaisant toute cette flore, mais le soir, l'air devient plus lourd et la forêt sombre me donne des frissons. L'inquiétude de ma mère est insurmontable ces temps-ci, chaque soir de pleine lune je la trouve différente, toujours sur ces gardes, à regarder partout et surtout folle d'inquiétude pour moi. J'ai beau lui répéter qu'elle n'a pas à avoir peur, il n'y a rien à faire.

D'un certain côté, je peux la comprendre. Depuis que cinq meurtres se sont déroulés dans la ville en seulement deux semaines et plus précisément dans des forêts, tout le monde est affolé. Ma mère m'appelle tous les soirs en sortant des cours espérant que je rentre saine et sauve du lycée.

On raconte que les victimes ont été déchiquetées et vidées de leur sang, des morsures et des griffures sur le corps, retrouvées dans plusieurs forêts qui contournent la ville, certains disent même qu'ils ont été démembrés. L'imagination a laissé place à la folie pure chez les habitants de cette ville. La police n'a jamais trouvé de piste ou le moindre indice concernant le meurtrier, de nombreux suspects ont été interrogés mais tous avaient un parfait alibi. Certains en deviennent fous de savoir que le tueur est toujours dans la nature, il ne se passe pourtant jamais rien dans cette minuscule ville qu'est Covington. Il y en a qui s'enferment chez eux à double tour sans sortir de la journée et encore moins de la nuit, d'autres n'en dorment tout simplement plus et deviennent de véritables zombies. Toute cette histoire devient tellement déroutante et intrigante que maintenant, le lycée est rempli de rumeurs toutes aussi absurdes les unes que les autres.

Je continue mon chemin en chantonnant, une légère brise de vent fait relevé mes cheveux bruns que j'ai attaché en queu de cheval. Tandis que j'évite du mieux que je peux les petits trous sur mon chemin, une chanson du groupe "The Fray" passe dans mes oreilles et je constate à la fois que la nuit tombe petit à petit. C'est avec cette réflexion que j'évite de justesse un énième trou. Quelques minutes plus tard, alors que je tournais dans un autre chemin, je perçois une ombre dans les feuillages d'un buisson me faisant sursauter au passage. Je me sens ridicule d'avoir eu peur d'un petit animal inoffensif, l'inquiétude de maman est entrain de me rendre folle.

Strange WorldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant