Chapitre 5

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Je suis rentrée depuis une semaine et aucune piste d'emploi. C'est déprimant. Pourtant je suis loin d'être difficile, j'ai postulé à tous les supermarchés du coin, dans des agences intérim, dans des cafés ou des agences de nettoyages. Rien. Candidature spontanée, réponse à des annonces, j'épluche tous les sites possibles et imaginables. 

J'ai vécu la même chose à Paris, enchainer les petits boulots, l'angoisse de ne pas trouver de quoi payé mon loyer et mangé des pâtes à l'eau pendant de longues semaines. Mais j'avais l'espoir qu'une fois ici ce problème serait résolue, quel échec. Je me sens ridicule à trainer à la maison alors que les Gorilles sont tous à leurs travails. Et moi, je suis là à regarder la télévision comme une fainéante. Pourtant je sais que j'y mets du mien, je réfléchie à mon avenir et à ce qui me plairait, avoir un nouveau départ qui me change de tous ses jobs que j'ai détestés. J'en ai passé des mois à travailler dans des endroits merdiques avec des gens détestables, la boule au ventre, à compter les heures et l'argent que chaque minute me rapportait. 

Chaque fois qu'on me demande comment c'est passer ma journée j'entends « alors on n'a rien fait aujourd'hui, encore... ». Je sais bien que ce n'est que moi qui me torture à travers ses traductions vaseuses mais je ne peux m'empêcher de ressentir de la honte dans une génération qui ne cesse d'être dynamique, prête à tout pour travailler. 

Je suis au milieu du salon avec mon ordinateur sur les genoux et celui-ci commence à chauffer sérieusement, je lâche un long soupire. Je fixe ma tasse de thé posé sur la table basse, ou se trouve imprimé une photo des Gorilles et moi qu'ils m'ont offert pour mes seize ans. La photo a été prise un jour ou il faisait très chaud, on était allé tous ensemble au parc avec dans nos sacs à dos remplie uniquement de chips et de coca. Je me remémore une partie d'Uno particulièrement animé dans laquelle Tom avait fini par jeter ses cartes sur Bastien. Son côté mauvais joueur nous provoquait des fous rires régulièrement à cette époque. Je m'observe avec tendresse. Je suis peut-être âgé de quinze ans, un grand sourire s'étire d'une part et d'autre de mon visage rond d'adolescente. Cette journée était merveilleuse, j'étais insouciante et aucun problème d'argent. La vie n'était pas de tout repos, les émotions sont toujours exacerbées pendant la puberté, tout est drame ou euphorie. La demi-mesure n'avait pas sa place dans ma vie. Mais j'étais confiante concernant mon avenir, évidemment tout tracé. Folle amoureuse d'Augustin je m'imaginais marié avant mes trente ans, peut-être même maman à mon tour et propriétaire d'une petite maison proche de ma famille. Que dirait la Marly de la photo ? Serait-elle déçue de me voir assise à essayer de trouver un job minable alors que je rêvais à cette époque d'avoir ma propre boutique. 

Quelle naïveté, je ne sais pas si je dois rire ou pleurer de ma situation. Je tourne la tasse et décide qu'une pause cigarette est bien méritée. Promis, j'arrêterais de fumer demain. 

Assise sur le perron j'en allume une et joue nerveusement avec le briquet que j'ai entre les mains. Comme tous les jours depuis notre escapade en boite de nuit je me remémore ma rencontre avec Augustin. 

Le lendemain de la soirée, Charlotte et moi avions débattu pendant de longue heure sur la bonne décision à prendre. Elle avait fini par bloquée son numéro dans mon portable et nous avions convenue qu'il était préférable que je n'ouvre aucun de ses messages et que je n'écoute pas mon répondeur. Cette décision était la meilleure pour moi, je le sais, mais je ne mettais pas résolue à les supprimés. 

Aujourd'hui je suis désespéré et lire un ou deux textos n'a jamais tué personne. Je lutte intérieurement pendant quelque secondes mais ouvre le premier message. « Tu me manques, je suis tellement désolé, pardonne-moi », une immense douleur surgit dans ma cage thoracique. Il est trop tard pour faire marche arrière je dois lire les autres, j'en ai besoin. « Ne m'oblige pas à le dire tu connais mes sentiments ce sont les mêmes depuis qu'on nos 15 piges » « Reviens-moi... » La douleur est trop forte, je glisse vers la gauche pour supprimer les messages vocaux, je ne pourrais passupporter d'entendre le son de sa voix. 

La loi de la jungleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant