Chapitre 24

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Assise dans mon Uber, les larmes continuent de dégringoler sur mes joues, je n'essaye même plus de me calmer, hoquetant simplement entre deux sanglots. 

Le chauffeur me jette des regards entendus dans le rétroviseur, mais garde le silence pendant toute sa course. Je ne lui en veux pas, il doit en voir des phénomènes et il n'est pas payé pour me faire la conversation. On est censé compté sur ses amis pour cette lourde tâche et pas sur son chauffeur trouvé quelques minutes plus tôt sur une application conçue pour limiter les échanges entre être humain. 

Mais voilà une vingtaine de minute que j'essaye de joindre Charlotte sans relâche et je tombe inlassablement sur sa boite vocale. Mon téléphone serrer entre mes paumes, je dois faire preuve d'une grande force mentale pour ne pas ouvrir la fenêtre et l'exploser contre le bitume. 

Quand j'arrive enfin devant la maison, tout me semble lugubre, un étrange silence règne alors qu'il n'est pas minuit, ce qui est assez inhabituel pour le quartier. C'est d'ailleurs pour cette raison que les garçons l'avaient choisi, des voisins bruyants se plaignent rarement du volume sonore des autres, c'est un deal tacite. 

Je continue d'observer cette maison quitter dans un moment intense de tristesse et finalement retrouver dans une période aussi peu glorieuse.Je m'attarde sur sa façade grise délavé, les volets verts qui tirent eux aussi la gueule et les trois marches de l'entrée qui semblent fatiguées d'être escaladés et squatter jours après jours, obliger d'accueillir les discussions tardives ou les clopes du matin. Je les foule d'un pas désolé en m'allumant une cigarette, franchie directement la porte d'entrée, tant pis pour la fumée et lescendres. 

A cette heure tardive seule trois options s'offrent à moi. La première serait de me jeter dans le canapé vers sur ma droite à regarder des séries légères en prenant soins de zapper les documentaires animaliers. La seconde serait de squatter la cuisine sur ma gauche, attrapant et mangeant dans un élan boulimique toute la nourriture du frigo et regretter dans la fouléed'avoir ingurgité mes émotions. Et la dernière solution, qui me semble encore la plus raisonnable, foncé tout droit prendre une douche. 

 e décide de faire les trois. Je fonce me laver et enfile rapidement une chemise XXL, attrape de quoi grignoter (ou m'empiffrer) dans le frigo et m'échoue finalement sur le canapé pour regarder une série. Pourquoi j'essaye encore d'être raisonnable ? Je me relève et attrape une bouteille de vin et un verre que je remplie généreusement. Maintenant je peux m'installer confortablement devant le poste de télévision. 

Friends réchauffe les cœurs, c'est une loi universelle. Mais au bout de quelques minutes je me mets à détester Ross et Rachel. Quelle idiotie ! Ils ne sont pas faits pour être en couple, toujours à se reprocher des choses, cherchant des excuses pour ne pas être ensemble. Rachel n'a accordé de l'intérêt à Ross qu'une fois qu'elle a compris qu'il était fou amoureux d'elle, débarquant pour remplir son égo fragile. Et encore, il n'était digne d'elle qu'une fois que celui-ci a eu le malheur d'être heureux sans elle, forcément elle a paniqué la Rachel hein ! Merci la télévision avec vos histoires qui finissent bien alors mêmeque celle-ci n'aurait pas eu l'audace d'exister dans la vie réelle. 

Entre deux monologues de célibataire aigrie qui parle à son poste de télé je vérifie mon téléphone. Toujours aucune nouvelle de Toby, je suppose que cette drôle de situation n'a éveiller en lui aucune espèce de réaction, aucune culpabilité. Il semblait surpris mais surement car j'ai eu l'effronterie d'apparaitre en pleins dans ses préliminaires, excuse-moi Toby je te dérange ? *

Je pense à la pauvre Marly naive qui, il y a moins de trois heures, cherchait des réponses hasardeuses à l'éloignement de celui-ci. Mais ma pauvre sotte les signaux étaient limpides. Il n'est pas compliqué, il a eu ce qu'il voulait et basta, j'étais juste dans le déni. En plus je le répète à qui veut bien l'entendre, qu'il ne faut jamais au grand jamais chercher à être spéciale, ne jamais vouloir briller dans les yeux d'un autre, c'est la dure vérité. 

La loi de la jungleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant