Chapitre 10

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Je suis assise dans le canapé d'Augustin, j'ai fini d'éditer mon curriculum vitae et d'écrire malettre de motivation pour l'Exil, je dois avouer que j'en suis même plutôt fière. Après les avoir imprimés, je les pose sur le comptoir de la cuisine pour ne pas oublier de les déposés dès le lendemain. 

 Augustin est en train de mettre une quiche aux légumes surgelée au four, je m'accoude et le regarde tendrement. Il porte une fois de plus un polo rose saumon, un jean près du corps et à ses pieds des mocassins couleurs brique. Son style bon chic bon genre ne l'a jamais quitté, déjà à l'adolescence son milieu sociale prospère était visible dès qu'on posait un œil sur lui. Avant de le connaitre j'avais en horreur ses garçons de bonnes familles qui se baladaient fièrement tel des stéréotypes ambulants. D'ailleurs dès notre première rencontre on s'est tout de suite détesté mutuellement, je le trouvais prétentieux et il me percevait comme une fille à problème. Je n'ai jamais compris ce qui pouvait nous liés au vu de nos différences. Notre façon de penser, notre humour, notre niveau de vie et de culture, nous n'étions semblables sur aucuns points.           C'est finalement notre ami commun, Charlotte, qui nous a permis de percevoir chez l'autre ce qui n'était pas visible au premier abord. Malgré une vie que je jugeais parfaite Augustin a toujours été un garçon mélancolique et sensible, ses parents étaient peu présents et l'ont fui quand ses problèmes de colère sont devenus ingérables. Ils se contentaient de rembourser les dégâts mais n'accordais plus aucune importance à leur fils. Lui a vu en moi un être que l'on pouvait aimer, j'étais plus que l'orpheline bizarre un peu ronde qui trainait avec la plus jolie fille du lycée. Il me répétait qu'il me trouvait unique, belle et drôle. Notre relation n'était pas vraiment un secret d'état si l'on fait abstraction des Gorilles et ils nous arrivaient même de faire des apparitions publiques à de rare occasions. D'accord pas comme un couple, mais tout de même les gens savaient qu'on se fréquentait, plus ou moins... A chaque fois la même incompréhension sur lesvisages et les messes basses qui s'accumulait sur notre chemin. Il était évident pour tout le monde que nous n'étions pas assorties mais c'était notre plus grande force. 

Je baisse la tête et observe mes chaussettes elles aussi dépareillés, je manque encore un peu d'entrainement pour m'habiller sobrement mais je suis contente d'avoir mis un petit chemisier simple pour compenser mon égarement. 

Il se tourne vers moi et s'approche pour me déposer un baiser, je sourie niaisement. 

— Alors qu'est-ce que tu as fait aujourd'hui ? 

— Je ne sais pas si je t'ai dit (bien sûr je sais très bien que je ne lui avais rien dis mais je dois jouer la carte de la naïveté) il y a quelques jours je suis allé offrir un petit présent pour remercier Toby de son aide le soir ou on s'est retrouvé et j'ai vu que le bar cherchait une serveuse donc j'ai préparé ma candidature. 

Augustin s'assoit sur la chaise haute à côté de moi. 

— Un cadeau ? 

— Il semblait fâché et c'était gentil de sa part de m'avoir accompagné. 

— Il veut te chopper et toi tu lui fais des cadeaux ? 

Son regard se ferme, la suite de la conversation est prévisible mais je n'ai pas envie de me disputer aujourd'hui, surtout pas après ma conversation avec Toby. J'ai envie de lui prouver que mon couple à de l'avenir et surtout qu'il a tort. Augustin à changer. 

Je minaude pour apaiser les tensions et glisse ma main le long de sa cuisse. 

— Toute façon moi, c'est toi que je veux. 

Apparemment j'ai encore des leçons à apprendre en termes de séduction car Augustin reste de marbre à mes avances. 

— Tu veux aller travailler dans ce bar de bouseux ? 

— Ne dis pas ça ! Et je n'ai pas le choix, je suis de retour depuis un mois il faut que je trouve du travail. 

— Je ne veux pas que tu bosses avec ce mec, la discussion est terminée.Il se lève et se dirige vers le four pour accentuer ses propos. 

— Augustin, tu ne peux pas contrôler mon entourage tu te souviens ! 

— On ne parle pas de ta famille ou de Charlotte mais d'un Don Juan. Les gens parlent Marly et sa réputation le précède. 

— Tu t'es renseigné sur lui ? 

— Pas besoin de chercher longtemps, il s'est tapé la moitié de la ville dont Chloé. 

— Chloé ta collègue ? Comment tu peux savoir ça ? 

— Elle me l'a dit, cette fille ne peut pas s'empêcher de raconter sa vie sexuelle dans les moindres détails à toute la boite ! 

— Hé ben, dis-je en souriant. 

— Ce n'est pas drôle ! Ce mec va tout faire pour t'avoir dans son lit. 

— Tu sais que je suis capable de dire non, n'est-ce pas ? 

— Il va lui suffire d'être gentil avec toi, de te dire deux trois compliments et tu vas croire tout ce qu'il te dit. Mais ce mec veut juste arriver à ses fins, il s'en fout des filles comme toi. 

Je suis heurtée par sa dernière phrase. Je me lève brusquement. 

— Et je suis quel genre de fille ? Éclaire-moi ! 

Il se lève pour me faire face mais semble réfléchir pour ne pas regretter ses mots. 

— Ce n'est pas péjoratif, tu veux mieux que ce gars-là. Il cherche juste des minettes à ajouter à son tableau de chasse. 

— Vu que je ne semble pas être son genre, tu ne devrais pas avoir de soucis à te faire. 

Je file dans la chambre en prenant soins de claquer la porte. Je sais que je ne suis pas le style de fille qu'on courtise mais c'est blessant de sa part de me faire ce genre de remarque. Je sors mon téléphone de ma poche et tape frénétiquement un message à Charlotte. La pauvre quand je lui aidit qu'entre Augustin et moi c'était repartie pour un tour elle n'a même pas réussi à faire semblant de se réjouir. Et je ne peux pas lui en vouloir c'est elle qui a passé des années à me ramasser à la petite cuillère, à la fin elle semblait même culpabilisée de nous avoir présenté. 

Augustin rentre dans la chambre et attrape mon téléphone portable de mes mains. 

— Quoi tu vas te plaindre chez ta copine ? 

— Ca ne te regarde pas, rend moi mon téléphone ! 

Il prend une grande respiration, et reprends la parole plus calmement. 

— Marly écoute moi, tu sais que je ne veux que te protéger ! 

— Pourquoi tu es toujours obligé d'être blessant alors ? 

— C'est toi qui m'obliges à l'être. 

Il me prend dans ses bras et me pose une dizaine de petits baisers sur les joues, le nez et dans le cou. Je le pousse gentiment mais je n'arrive pas à réprimer un sourire. 

— Aller on arrête de se disputer et on passe un bon moment ensemble d'accord ? dit-il en déboutonnant mon chemisier. 

Je me laisse faire mais il est hors de question que je ne postule pas pour cet emploi. Je prends la décision que je ne lui en parlerais que si cela évolue positivement. Il continue ses baisers mais je n'arrive pas à sortir mes doutes de mon esprit. Augustin ne semble pas s'apercevoir que mon esprit est ailleurs...

La loi de la jungleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant