Chapitre 9

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Dix-sept heures j'arrive devant le bar « Exil », je pousse la porte d'entrée et cherche Toby du regard. Il devrait être là j'ai vérifié auprès de Ludo ses horaires du jour. 

Le lieu est toujours aussi sombre mais je le trouve plus cosy que la première fois que je suis venue, mon humeur optimiste m'aide à apprécier l'ambiance d'une manière différente. 

Je l'aperçois enfin, il discute avec un jeune couple qui se tiennent la main sur la table, je me dirige donc vers le tabouret de la foisdernière et pause sur le comptoir le petit cadeau soigneusement emballé entre mes mains. 

Tobyarrive derrière le bar et se contente d'un mouvement du menton pour me faire comprendre qu'il m'a vue. Je sens qu'il va être moins amical que lors de notre dernier échange. Au bout de cinq minutes il finit par m'adresser la parole. 

— Je te sers quoi ? 

— Bonjour déjà, et un coca s'il te plait. 

— Tu es sûr de ne pas vouloir appeler ton mec pour vérifier qu'il soit d'accord ? 

Premier pique. Je ne me suis pas trompé sur la température du jour c'est-à-dire glaciale. Mais il me faudra plus pour me faire abandonner ma bonne humeur. 

— Très drôle. Je suis venue pour te remercier de ton aide. 

Je lui tends le petit paquet acheté la veille, plutôt fière de moi. Il l'attrape et le pose derrière le bar sans l'ouvrir. 

— Tu n'es même pas un peu curieux ? dis-je d'un ton mielleux. 

— Non. 

Ne l'aillant plus vue à l'appartement depuis l'incident, il y a maintenant deux semaines, je me doutais qu'il m'évitait mais je ne pensais pas qu'il m'en voulait à ce point. J'ai demandé aux autres pour vérifier qu'ils n'aient pas des informations qui auraient pu m'échapper mais j'ai stoppé net quand Tom m'a demandé pourquoi je posais toutes ses questions au sujet de Toby. Apparemment il avait du travail et ils se retrouvaient plutôt à son appartement. Déduire qu'il ne voulait pas me voir était évident mais je n'arrive pas à comprendre sa réaction. Bien sûr Augustin avait été ingérable seulement de mon côté je n'ai rien fait de répréhensible d'ailleurs je lui avais même suggérer de rester à la maison avec les autres. 

— Ok... Très bien. Ravie de voir que tu as retrouvé ton humeur habituelle. 

— Je pensais que c'était ton genre les mecs irrespectueux.

— Tu peux me dire clairement ce que tu me reproches ? 

Autant lui demander frontalement, j'ai l'habitude des remontrances ses derniers jours même si j'appréhende les siennes au vu son caractère tranchant.

— Il vaut mieux que j'évite de te dire le fond de ma pensée.

— Très courageux... 

— Ne me parle pas de courage. Tu te rends bien compte que ce mec te traite comme de la merde.

 — Tu ne le connais pas et d'ailleurs tu ne me connais pas non plus. Tu l'as vu à des moments peu flatteurs j'en conviens, mais ça ne te donne pas le droit de nous juger. 

Il ricane. 

— Pas besoin de le connaitre pour comprendre ce genre de type. Mais toi c'est ridicule, et tu le sais sinon tu ne cacherais pas ta relation avec lui. Tu arrives à être bruyante qu'avec tes frères apparemment.

— C'est compliqué, tu n'as jamais été amoureux ? Des compromis sont nécessaires pour qu'un couple fonctionne. 

— Tu trouves que ton couple fonctionne, laisse-moi rire. L'amour ce n'est pas ça et je sais que tu n'es pas si naïve Marly. 

Je pensais résister à ses sarcasmes mais je ne sais pas pourquoi ses remarques me pique au vif.Bien sûr je me suis fait les mêmes reproches, j'ai eu des doutes mais je devais lui laisser une dernière chance. Augustin est devenu adorable, il n'a jamais été aussi présent, attentif à mes envies et à l'écoute. Depuis quelques jours il m'appelle pour me demander ce que je fais, il m'envoie des liens de vidéos drôles ou des annonces de travail. Il m'a même offert des fleurs alors qu'il a toujours trouvé ça cliché et il n'a fait aucune remarque quand je les ai laissés chez lui pour ne pas éveiller les soupçons des garçons. Je suis presque tous les soirs avec lui et il m'a même invité au restaurant une fois alors que l'on ne faisait jamais ce genre de sortie ensemble, j'avais toujours l'impression qu'il n'osait pas se montrer en public avec moi. Il a presque stoppétoutes ses critiques acerbes sur mon apparence même si j'ai repris mes mauvaises habitudes d'adapté mes tenues à ses gouts personnel. Il a changé. D'accord rien n'est parfait mais peut-être que le fait que j'ai osé le quitter pour de bon lui a fait réaliser que je pouvais vraiment disparaitre de sa vie. Je voudrais ne pas rentrer dans le jeu de Toby mais c'est plus fort que moi j'ai besoin de prendre la défense d'Augustin. 

— Il m'aime et fait des efforts, tu ne penses pas que les gens peuvent évoluer ? 

— Les gens ne changent pas, dans une semaine il t'aura brisé le cœur. 

Sur ses mots, il tourne les talons et retourne dans la salle servir des clients. Je suis estomaqué par ses mots. Il est si dur et je ne comprends pas pourquoi il s'acharne à pulvériser mes espoirs. Cela ne sert à rien que je m'obstine autant rentrer à la maison me changer les idées. 

Je m'apprête a payé quand je vois une petite affichette coller au dos de la caisse. C'est une annonce, le bar recherche activement une serveuse ou un serveur avec de l'expérience dans le domaine du service. Tiens tiens en voilà une coïncidence, cela fait des semaines que je parle à tout le monde de ma recherche d'emploi et Toby n'a pas cru bon de m'informer que l'endroit où il travaille recrute du personnel. Je réfléchie un instant, est-ce que j'ai vraiment envie de le voir tous les jours et de travailler avec lui ? Non. Mais je n'ai plus le luxe de faire la fine bouche et peut-être que le patron est moins antipathique que lui. C'est décidé je viendrais poser ma candidature pendant un service de la jolie femme rousse. Je sais obstinément que si Toby ne m'a rien dit c'est qu'il ne souhaitait pas ma présence ici mais il devra s'en accoutumer.

La loi de la jungleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant