Chapitre 6

2.1K 108 7
                                    


Il est quinze heures quand j'arrive devant la façade en pierre du bar recouvert en partie de lierre. Au-dessus de l'encadrement de la porte verte je lis l'enseigne « Exil pub », je suis donc au bon endroit. J'ai entendu ce nom plusieurs fois dans la bouche des garçons et je me suis dit qu'un bar serait un endroit neutre parfait pour discuter. Je commence à regretter amèrement ma bravoure de l'avant-veille, revoir Augustin est forcément une mauvaise idée. J'ai cogité toute la journée du dimanche et il n'y aucune chance que cela se passe bien. 

Je passe l'entrée et découvre une pièce sombre dont l'ambiance me fait penser à un bar irlandais.Ou à un bar abandonné, c'est au choix. Des bouteilles de vins vides sont posées sur les tables, elles contiennent des cierges éteins dont la cire froide est figée le long de leurs support. Des tables rectangles ou rondes en bois massifs sont entourées de gros fauteuils en cuir dépareillés et de chaises au dos ronds. Les murs sont en pierres rouges avec des tas de cadres accrochés à celui-ci. En face de moi le bar est également en bois parfaitement assortie au reste de la pièce devant lequel sont disposés des tabourets qui ont l'air plus âgés que moi. J'en tire un, grimpe dessus et sourit à la femme qui se trouve derrière le comptoir. Cette dernière est une sublime rousse à la chevelure bouclée volumineuse coupé au carré, elle a de petites tâches de rousseursqui mettent en valeur ses yeux verts. Son corps est mince et ses longues jambes semblent interminables dans son jeans taille haute dans lequel est rentrée un petit débardeur noir. Bien évidemment elle ne porte pas de soutient gorge et ne semblent pas en avoir besoin. Nous ne sommes définitivement pas tous égaux face à la beauté. Je suis sûr que le matin elle attrape des fringues aux hasards avant de sortir de chez elle. Moi avant de partir je me suis changé vingtfois, Augustin n'aime pas mon style vestimentaire et ne manque pas une occasion de me le faire remarquer. Je sais que je devrais ne pas tenir compte de son avis mais je ne peux m'empêcher d'entendre sa voix résonnée dans ma tête quand je choisie une tenue qu'il n'apprécierait pas. J'ai opté pour une petite robe droite bleu marine à manche trois quarts qu'il apprécie particulièrement et que je déteste profondément. J'ai l'impression de porter un déguisement mais je ne peux pas m'en empêcher de vouloir être celle qu'il aimerait que je sois.

 — Bonjour, je te sers quelque chose ? me demande la jolie rousse.Je réfléchie, je suis en avance et boire n'est pas une solution mais j'ai besoin de courage.

— Une vodka frappée, s'il vous plait.

Pendant qu'elle me prépare ma commande, je ne peux pas m'empêcher de ronger la peau autour de mes ongles, je sens ma jambe droite bouger frénétiquement. J'ai du mal à réfréner mon envie de jette un œil à mon téléphone pour regarder l'heure ou avec l'espoir qu'il annule notre rendez-vous. Quand la serveuse pose mon verre devant moi je le bois d'une traite et en commande un deuxième, je ne veux pas être ivre mais il est hors de question de l'affronter totalement sobre. J'observe les autres clients, ils ont l'air heureux. Dernière moi il y a un groupe d'amis composés de garçons et de fille qui joue à un jeu de carte en riant à gorge déployé et en se taquinant les uns et les autres. A ma droite deux jeunes filles qui sont surement en couple vu les regards qu'elles se lancent depuis mon arrivés. Je ne vais pas passer un aussi bon moment qu'eux, ça c'est sûr.

Finalement j'entends la porte s'ouvrir, mon cœur s'arrête. Je me tourne et le voit qui me cherche du regard. Je lève ma main pour l'interpeller et le voilà marchant en ma direction. Il porte un jeans serré au-dessus de mocassins et un polo bleu ciel sous une veste en jeans cintré. Ludo à raison il en porte vraiment souvent. Ses cheveux sont bouclés mais court, il prend soins de son apparence et ne laisse aucune place au hasard.

Il me sourit et me prends instinctivement dans ses bras. Je ne réagis pas. Je devrais le repousser mais je prends malgré moi un certain plaisir à cette étreinte. Il finit par s'écarter et s'assoie sur le tabouret à côté du miens, interpellant la magnifique rousse pour commander une bière.

La loi de la jungleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant