Chapitre 15

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Assise dans le bus je serre contre moi le sachet de petit pois maintenant décongelé, j'ai l'impression que tous les regards sont tournés vers moi. Mes habits de la veille et mon visage épuisé sont un livre ouvert sur mes activités nocturnes. Je tire sur ma jupe après plusieursœillades de mépris d'un quadragénaire à qui je me retiens de lui faire mon plus beau doigt.

La sonnerie de mon téléphone retentie et le prénom d'Augustin s'affiche, je suis prise de panique, je ne suis pas sûr que lui répondre soit une très bonne idée mais il va falloir que je l'affronte à un moment ou à un autre.

— Allo ?

— Putain tu me réponds enfin ! Qu'est-ce que tu fais ? T'es où ? 

Je chuchote, et ma voix est mal assurée. 

— Désolé j'avais plus de batterie et je suis tombé de sommeil en rentrant du bar... 

— Me fais plus peur comme ça, j'étais à deux doigt de débarquer chez toi !

Heureusement que celui-ci s'est abstenue je n'imagine pas la scène d'Augustin et les Gorilles découvrant mon absence et la scène dramatique qui aurait suivie. 

— Désolé... 

Désolé aussi de t'avoir trompé et d'avoir été aussi naïve que tu le pensais en tombant dans les bras de Toby. 

— Tu viens chez moi ce soir ? J'ai envie de te faire de te faire de vilaines choses. 

— Je passe début d'après-midi d'accord ? 

— Très bien on fera ça rapidement car je dois retourner au bureau pour 16 heures, dit-il d'une voix suave. 

Je déglutie, et un frisson me parcours à l'idée qu'il puisse me toucher. Je pourrais calmer ses ardeurs mais je n'ai pas envie de le mettre en colère au téléphone en lui disant le célèbre « il faut qu'on parle » que l'on ne présente plus. 

Quand nous avons raccroché j'ai envie d'appeler Charlotte pour tout lui raconter et enfin me libérer du poids de cette culpabilité mais je n'en trouve pas le courage. 

Arrivée chez moi aucun des garçons n'est à la maison, ils ont tous travaillés tôt comme prévumais m'ont laissé un double des clés cachés sous un pot de fleurs retourné. Je file sous la douche et y reste de longues minutes sans bouger laissant le jet d'eau chaudeglisser le long de mon corps. La peur irrationnelle qu'Augustin puisse sentir l'odeur de Toby sur ma peau ne me quitte pas, je finis par me frotter frénétiquement. C'est ridicule mais je ne sais pas encore si je vais lui dire la vérité ou non, alors autant mettre toutes les chances de mon côté au cas où je choisirais le côté obscur de la force. 

J'essaye de manger mais la boule dans mon estomac m'empêche d'avaler le moindre aliment, ce qui montre la gravité de la situation car j'ai toujours faim. 

Il est déjà treize heures, c'est donc l'heure que je le rejoigne chez lui. Un dernier coup d'œil dans le miroir, j'ai mis un jean bleu droit, déchiré sur le bas et un tee-shirt noir. Glissant mes longs cheveux épais derrières mes épaules j'ai l'impression de ne plus me reconnaitre, aucun de mes choix ne me ressemble. J'ai toujours fait passer les autres avant mes propres désirs et me voilà mentir à tous mes proches enchainant les mauvaises décisions...

 *

« Je suis une adulte, je suis responsable, quelqu'un d'honnête, la vérité est importante » voilà les mots que je ne cesse de me répéter depuis que j'ai quitté mon havre de paix trente minutes avant. 

Alors que je m'apprête à toquer à la porte de l'appartement d'Augustin j'entends mon téléphone sonner. C'est Toby qui essaye de me joindre, qu'est-ce qu'il peut bien me vouloir, j'ai peut-être oublié quelque chose chez lui. 

La loi de la jungleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant