Chapitre 11

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Je suis de retour à la maison après être passé au bar. Je pose mes affaires et m'occupe du linge de tout le monde, rêveuse. Je sais désormais que la fille rousse se nomme Nora, elle est propriétaire des lieux depuis bientôt deux ans. Je la trouvais très intimidante mais finalement au bout de quelques échanges elle s'est montrée très sympathique, et elle m'a même fait faire le tour du baret expliquer dans les grandes lignes quels serait mes missions. Elle semblait très intéresser par ma candidature, il fallait qu'elle en discute avec le co-gérant mais cela semblait être un détail pour elle. Je suis sortie de notre entretien le sourire aux lèvres, enfin une vraie piste d'emploi et travailler avec elle pourrait même être agréable. 

Il reste bien sur le détail Augustin mais je ne veux pas y penser pour l'instant. J'ai tant sacrifié pour cette relation, il est hors de question que cela continue, il faut juste que je trouve le moyen de l'amener en douceur lors d'une conversation. 

Ma bonne humeur me pousse même à faire un peu de ménage dans toute la maison et je me lance dans la confection d'un repas à ma hauteur c'est-à-dire des raviolis aux légumes en conserve gratinés au four. 

La table est mise, il ne manque plus que les garçons qui ne devrait plus tarder. 

Alors que je suis sur le canapé à trainer j'entends la porte qui s'ouvre brusquement mais je n'y prête pas plus attention que ça, cela doit être un des Gorilles. 

— Tu te fous de moi ? Je reconnais cette voix grave et pénétrante propre à Toby. 

Je me lève d'un bon et fais volte-face. Ses sourcils sont froncés et son regard noir, je crois bien ne l'avoir jamais vu réellement en colèreavant aujourd'hui. Ses bras sont croisés laissant apparaitre des veines sur ses avant-bras. Je décide de le prendre à contrepied. 

— Tiens Toby un plaisir de te voir, je peux t'aider ? 

— C'est quoi cette histoire ? Tu veux travailler au bar ? 

— J'ai postulé oui, je ne vois pas en quoi c'est ton problème. 

Ma stratégie de jouer la fille désinvolte semble l'irrité d'avantage. 

— C'est mon problème parce que c'est mon bar ! 

Mon cœur ne fait qu'un bon, c'est donc lui le fameux co-gérant. S'ils ont un bar ensemble Nora doit être sa compagne ou même sa femme. Je devrais être étonnés mais vu la beauté de cette fille c'était évident, c'est clairement le genre de fille que Toby doit fréquenter. D'ailleurs c'est le genre de fille de tout le monde. Je sens un pincement dans ma poitrine, je suis soufflé par cette révélation. Ses épaules semblent se déraidir un peu. 

— C'est donc possible de te clouée le bec. 

Reprend toi Marly, ne laisse pas transparaitre ta déception, c'est ridicule. 

— Ecoute je n'avais pas cette information, mais s'il te plait laisse-moi une chance j'ai besoin de travailler ! 

— Hors de question ! 

— Pourquoi ? — C'est comme ça ! Je suis venue te dire que ta candidature était refusée. 

Il me tourne le dos et s'apprête à rejoindre la sortie. Mes jambes font de grande enjamber jusqu'à lui barrer la route. 

— C'est ça ta réponse ? Aucune explication ? 

— Je ne t'en dois pas ! Mes yeux s'écarquillent d'incompréhension.

— C'est ridicule, je ferais du bon travail et vous avez besoin de quelqu'un. Tu as peur que je raconte à Nora l'épisode avec la fille de la boite de nuit ? Je pourrais me taire tu sais.

— Quoi ? Quelle fille ?

— Tu sais la grande blonde surement mannequin et que tu as embrassée goulûment ! 

Il s'esclaffe, d'un rire rêche. Il est clair qu'il me prend de haut. D'accord le mot goulument n'est pas très glamour mais je ne comprends pas ça réaction.

— Qu'est-ce que tu veux que ça me face que Nora sache qui j'embrasse ? répond-il sèchement.

— Vous êtes un de ses couples libres c'est ça ? Bon je ne suis pas très à jour sur les modalités des nouvelles relations mais je suis ouverte et tolérante et ... 

— Nora n'est pas ma copine ! me coupe-t-il. 

Je me sens ridicule d'avoir fait ce lien qui me paraissait si évident mais Toby n'est pas le genre de garçon à être en couple. Pourquoi ça me réjouit d'apprendre qu'il est célibataire ? 

— C'est quoi le problème alors ? 

— Je ne veux pas travailler avec toi. 

— Mais pourquoi ?

— Ne m'oblige pas à le dire ! 

— Si exprime toi ! 

Il semble hésiter un instant, mais il finit par se lancer.

— Tu es agaçante Marly ! Franchement insupportable ! Je plains ta famille et ton mec a aussi beaucoup de courage !

— Oh...En silence, je me pousse de quelques centimètres pour le laisser passer, les yeux baissés.

Il sortsans un mot. J'ai l'impression d'être passé sous un bus, mes bras tombent le long de mon corps et je reste quelques minutes sans bouger. Mais c'est quoi mon problème, j'ai toujours besoin de chercher l'approbation des autres, et en particulier de gens qui ne le mérite pas.

 Quand les garçons arrivent j'ai réussi à reprendre mes esprits. Hors de question qu'il sache quoi que ce soit de cette conversation avec Toby. Je ne parle pas beaucoup et me contente de sourire aux blagues ou aux histoires des uns et des autres. 

Au fond de moi je n'arrive pas à m'enlever ses mots de ma tête. Suis-je vraiment insupportable ? Est-ce que les garçons sont agacés par ma présence ? Je ne sais même pas si Tom leurs à demander s'ils étaient d'accord que je revienne ... Et égoïste comme je suis, je n'ai pas eu la présence d'esprit de m'inquiéter de la manière dont ils vivaient mon retour. Peut-être qu'ils étaient mieux sans moi, après tout je leurs été imposé dans leurs vies depuis plus de 15 ans. Je sais que j'ai tendance à parler fort, donner mon avis sur tout et donner des ordres ou faire des réflexions sur leurs niveaux de ménage. 

Il faut que j'apprenne à me contenir, la preuve j'en suis capable je n'ai rien dit à Tom qui à lancer toute ses affaires sur le meuble de l'entrée. Voilà la solution parler moins et me faire plus discrète.

— Marly tu m'as entendu ?

Il faut aussi que j'apprenne à me concentrer, perdues dans mes réflexions je n'ai aucune idée des tenants et aboutissants de la conversation qui anime le groupe, ni ce que Bastien attend comme réponse. 

— Je te demandais si tu venais avec nous ce soir ? 

Après une légère réflexion, il me semble plus sage de leur laisser de l'espace. 

— C'est gentil mais je vais vous laisser entres vous, dis-je en esquissant un frêle sourire.

— Ca fait des semaines qu'on ne te voit plus, on a envie que tu viennes avec nous ! 

— D'accord... 

— Super, ravie de voir ton excitation à être avec nous, dis Tom en me fixant dans les yeux. 

— Si je suis contente ! Vous voulez faire quoi ? 

J'essaye de montrer un enthousiaste inexistant. 

— On va à l'Exil alors va te préparer s'il te plait on s'occupe de la vaisselle ! 

Mes yeux s'écarquillent, hors de question que j'aille au bar de Toby ce soir. Il faut que je trouve une excuse rapidement, je réfléchie mais la panique m'empêche de réfléchir efficacement. Et si je feignant une maladie fulgurante ? Grippe ? Intoxication alimentaire ? Peut-être une gastro ? Oui c'est très bien ça ! 

— Ecouter je crois que je ne me sens pas très bien, dis-je d'un ton mal assuré ne maitrisanttoujours pas l'art du mensonge. 

— Ni pense même pas ! On part dans dix minutes, soit prête !

La détermination de Bastien n'a pas de limite, alors je me dirige tel un robot dans ma chambre.

La loi de la jungleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant