Chapitre 41

1.6K 102 7
                                    


Mon perfecto ne me tient pas suffisamment chaud et le froid pénètre ma peau. Heureusementl'adrénaline toujours présente dans mon corps fait le travail. Je dois marcher quarante minutes avant d'arriver chez moi mais le trajet ne suffit pas à faire descendre mon rythme cardiaque. Drôle qu'est ce sentiment de légèreté. La scène passe et repasse devant mes yeux, je sourie, parfois j'éclate carrément de rire nerveusement, d'un rire gras qui fend le silence des rues que je parcoure. Je suis fière de moi. 

La fumée de mes cigarettes que j'enchaine se confond au brouillard de buée qu'exhale mes poumons. J'arrive enfin dans mon quartier, les maisons tristes s'enfuissent dans le décor que même les lampadaires éteins refusent d'éclairer. La froideur de la nuit me parait plus supportable quand j'aperçois la mienne, ma chère et tendre garçonnière. Pour une sombre raison elle me semble moins terne ce soir. Mais je ne suis pas seule. 

Mon cœur fait un bon. Toby est là assis sur les marches de mon perron, le visage plongé dans ses mains. A peine m'aperçois-t-il qui se relève, droit comme un bâton et marche rapidement jusqu'à tomber dans mes bras. 

— Pardonne moi, je suis tellement désolé...quémande-t-il la voix craquelant. 

Je suis déboussolé parce qui est en train de se passer. 

— Qu'est-ce que tu fais là ? 

— Tu ne répondais pas à mes appels... 

Sans y réfléchir, je passe mes bras autour de son buste, sa veste est légère et je sens qu'il est aussi gelé que moi. 

— Mais pourquoi tu n'aies pas rentrée à l'intérieur ? 

— Je ne voulais pas te mettre dans une mauvaise position avec ton frère, faire une seconde erreur ... 

Il est si vulnérable, d'un coup je me sens coupable de ne pas avoir pris le temps de lui répondre. Il faut accorder son temps au bonne personne et Toby est important pour moi. A cause de ses mains et de l'obscurité je n'avais pas vu les yeux de Toby humides et rougis par les larmes. Il ne dit rien. Des nouvelles perles salées ruissellent sur son visage. Il ne cesse des'excuser, il ne veut rien de plus que mon pardon. Il dit que tout est de sa faute et qu'il respecte ma décision. Jamais auparavant on n'avait eu peur de me perdre sincèrement. Mon cœur souffre de le voir ainsi malheureux. 

— Je l'ai affronté, je suis sur qu'il me laissera en paix. 

— Je suis fière de toi Marly. Je n'ai jamais douté que tu pouvais le faire, je suis un idiot. 

— Un idiot ça c'est sûr mais tu avais raison tu n'es pas quelqu'un de méchant, dis-je en souriant enfin. 

Un long silence s'installe. Un peu désorienté par cette soirée mon envie d'être honnête avec lui surpasse mes peurs. Je reprends : 

— J'aimerais que tu saches ce que m'as dit Nora la fois dernière. 

— Je t'écoute, répond-il surpris. 

— Elle a formuler chaque chose qui me terrifiait le plus. Ton gout du défi, le fait que tu te lasses des gens quand tu as gagné, le fait que je ne serais jamais spéciale pour toi ... 

— Marly... Je ne t'ai pas gagné, je ne joue pas. Tu es spéciale, tu es même la plus spéciale de toutes les filles que j'ai rencontrées. Tu penses que je présente ma sœur à n'importe qui ? Je t'écris tous les jours pour te voir, je pense à toi sans arrêt, j'ai voulu qu'on soit exclusif et surtout je t'ai dit que je t'aimais ! Tu sais pourquoi je ne veux pas que ton frère apprenne pour nous deux ? 

— Parce que tu as peur qu'il broye tes testicules, tu l'as dit en dormant jeudi dernier...plaisante-je. 

— J'ai peur de te perdre, que tout s'arrête, dit-il d'une voix grave. C'est la seule chose qui me terrifie depuis que je t'ai vu débarqué avec tes collants résilles et tes cheveux en bataille. 

Tendrement, je prends sa tête entre mes mains et plonge mes yeux dans les siens toujours embrumé. Il ne fait rien, attendant pour une fois que je fasse le premier pas. Il me laisse le contrôle de la situation, le temps de faire mes propres choix. Prendre des décisions m'avait toujours parue insurmontable jusqu'alors car chaque possibilité qui s'offrait à moi était pire que celle d'avant ou celle d'après. Comment douter, ne serait-ce qu'un instant de ce que je ressens quand chaque battement de paupière de cet homme me fait vibrer. Je repense à tous ses romans d'amour que j'ai dévoré, me demandant s'il était seulement possible d'aimer autant. Mais ce soir tout s'éclaire, tout ce que j'ai lu était insignifiant par rapport à la quantité d'amour présente dans chaque parcelle de mon corps à en faire exploser mon cœur quand je suis avec lui. 

Un léger gout salé se pose sur ma langue au contact de ses lèvres, ses épaules lâchent prise et s'affaissent. C'est à son tour d'entourer mon visage de ses mains. 

— Plus jamais je ne veux te perdre, pas une seule seconde. Tu veux bien faire équipe avec moi ? 

Je comprends à son ton déterminé que lui non plus ne doute pas, c'est une évidence. Son assurance agis comme un déclic, je suis enfin capable d'accepter son amour. Je tends ma paume avant d'ajouter. 

— Coéquipier à la vie à la mort ? 

— Coéquipier à la vie à la mort, répond-il tapant dans ma main retrouvant enfin son regard rieur. 

Je lui souffle que je l'aime. Puis je me reprends et le dis plus fort. Je veux que les mots raisonnent, que les notes éclatent dans l'espace sans honte, fière d'être prononcé. L'embrassant de plus belle, priant pour que cela dure toujours. 

— Toby lâche ma sœur ! 

La loi de la jungleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant