Chapitre 38

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- Salut ! je crie enthousiasme à peine le seuil de la porte de l'appartement de Toby franchie. 

C'est la première fois que j'entre ici avec la clé qu'il m'a donné. Comment un objet aussi petit peut-il provoquer un sentiment de bonheur aussi intense ? 

Toby, lui, a l'air contrarié. Il traine en caleçon, sweat et chaussettes de tennis. Les yeux focalisés sur un jeux vidéo, il pianote sur la manette tout en pestant presque mécaniquement contre ses adversaires. Je jette mes affaires dans l'entrée et enfile mes pieds dans les énormes chaussons qu'il m'a offert quelques jours plus tôt en même temps que ses clés. 

Il continue d'enrager sur l'écran alors que je lui dépose un baiser. J'attrape le paquet de chips déjà bien entamé sur la table basse et m'affale à côté de lui. Alors que je lui raconte ma journée, il se contente de me répondrepar des grognements. 

— Bon l'homme des cavernes tu seras ravie d'apprendre que j'étais chez la gynécologue aujourd'hui ! 

Grognement. 

— Merci de t'en préoccuper ! Effectivement mon vagin va super bien ! 

Grognement. 

— Je vais pouvoir me faire poser un stérilet en cuivre à mes prochaines règles. 

Grognement. 

— Ce qui veut dire...que si on fait le test tous les deux... 

Il reste de marbre à ma tentative de suspense. 

— Ce qui veut dire que si on va faire le dépistage ensemble on n'aura plus besoin de préservatif ! 

Et voilà les mots magiques. Toby se tourne vers moi tel un suricate et semble enfin se décrisper.Il pose la manette sur le canapé et se penche sur moi prêt à me donner enfin toute son attention. 

— Bas les pattes ! dis-je en le repoussant avant de me relever pour attraper de quoi m'essuyer les mains. C'est fou que rien que l'idée de voir disparaitre ce bout de plastique t'excite presque instantanément ! 

— Ce n'est pas ça ! 

— Mais bien sûr ! Tu étais ronchon et bim maintenant tu as envie de moi ? 

Il sourit à son tour avant de reprendre la parole. 

— Bon d'accord cette idée me ravie mais ce qui me rends vraiment heureux c'est que tu me fasses enfin confiance. Tu sais que c'est du boulot avec tous ses murs que tu ériges entre toi et les autres. Alors c'est vrai que je suis vraiment content que tu as enfin réussis à en détruirequelques-uns pour que je puisse me rapprocher de toi. 

Il a raison après toutes ses années chaotiques j'ai du mal à faire confiance même à mon entourage mais avec lui j'ai envie que les choses changent. Toby a su me prouver à quel point il était impliqué dans cette relation, à mon tour de faire le grand pas. Ou du moins pleins de petit pas. 

— Et toi tu me fais assez confiance pour me dire pourquoi tu es énervé aujourd'hui ? 

Il jette des chips dans son gossier pour gagner du temps mais finit par me répondre. 

— J'ai parlé avec Nora, la situation n'est plus possible il est grand temps que notre collaboration cesse. 

Je suis abasourdi par cette nouvelle. 

— Tu veux quitter l'Exil ? 

— Non bien sûr que non ! J'ai proposé un généreux chèque à Nora pour qu'elle me cède ses parts du bar mais bien sûr comme à son habitude elle agit comme une connasse. 

— Toby... 

— Je suis désolé mais c'est vrai, je lui ai offert une grosse somme et elle refuse par fierté ou juste pour m'emmerder ! 

— Ou peut-être qu'elle adore tout autant que toi cet endroit et que ce n'est pas évident pour ellede l'abandonner et de passer à autre chose. 

— Tu sais tout ce que j'ai sacrifié pour cet endroit ? J'ai pris tous les risques ! dit-il en se levant du canapé. 

— Je n'ai pas dit le contraire. Mais peut-être que tu devrais parler avec elle de manière moins agressive et la remercier pour ce qu'elle a fait pour toi. Finalement, sans elle tu travaillerais encore dans un bureau et tu ne serais pas aussi heureux qu'aujourd'hui dans ton boulot. Tu sais elle sera plus ouverte à la discussion si tu choisi de la considérer et de la respecter...

Nouveau grognement mais celui-ci semble plutôt dire « tu as surement vu juste même si c'est dur à admettre ». Je souris alors qu'il me sert contre lui me donnant raison implicitement. 

— Bon ben je crois que je dois retourner au bar... 

— D'accord, mais met un pantalon s'il te plait, je suis pour la paix entre vous deux mais rien de plus ! 


La loi de la jungleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant