Chapitre 19

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Les perles salées coulent le long de mes joues sans que je ne puisse rien y faire. Chaque sensation est décuplée, je ressens chaque mouvement de mes membres dans l'espace, l'air qui frôle mes joues ou glisse entre mes doigts, les notes de nos rires éclates et résonnent dans mes oreilles. Charlotte n'arrive plus à aligner des phrases grammaticalement correctes et les mots peines à sortir de sa bouche. Ou c'est peut-être moi qui ne me concentre pas suffisamment pour ranger ses mots dans le bon ordre. 

Elle augmente la musique, les basses retentisses et nous voilà comme par magie debout sur le canapé, nos sourires bloqués aux coins de nos oreilles. Je remuemes poings au-dessus de ma tête laissant s'évaporer le peu d'énergie capable de sortir encore de mon corps. J'observe Charlotte secouer ses fesses de manière grossières, je décide de la rejoindre bougeant mon propre postérieur coller au sien. On finit par s'écrouler dans les bras l'une de l'autre dans des éclats de rire. 

Je tire une nouvelle bouffée, prenant soins de gardé celle-ci quelques secondes dans mes poumons. Quand la fumée finit par sortir de ma bouche je suis enfoncé au fond du canapé, un sourire satisfait sur le visage. 

Charlotte revient de la cuisine munie d'un énorme paquet de chips niché au creux de ses bras, elle le tient solidement comme si quelqu'un allait débarquer pour le lui arracher, j'éclate de rire.

Quand j'arrive enfin à reprendre mon souffle, une nouvelle vision s'offre à moi.Là devant mes yeux les Gorilles et Toby poster dans l'encadrure de l'entrée, nous fixant avec des yeux interdits. Depuis combien de temps sont-ils là ? Assez pour que leurs visages soient décomposés ce qui a pour conséquence me plonger dans un nouveau fou rire rejoint immédiatement par Charlotte. 

A force de m'esclaffer j'en ai des crampes à l'estomac, mes abdominaux n'ont pas été stimuler aussi intensément depuis des siècles et cela ne serait pas étonnant si j'en ai des courbatures demain matin. 

Tom retrouve enfin ses mots. 

— Mais vous êtes complétement défoncée ma parole ! 

Je pose l'objet du délit dans le cendrier et secoue ma main devant mon visage pour dissiper la fumée. Au même moment un « non » enfantin sort en chœur de nos bouches. Je pince mes lèvres de toutes mes forces et évite le regard de Charlotte pour ne pas être distraite dans ma posture de jeune fille innocente. 

Ludo et Bastien semblent amusé de la situation contrairement à mon frère et Toby. 

Je fixe ce dernier, je n'arrive pas à déchiffrer son expression, pour tout dire j'ai des pensées tout autre qui traverse mon esprit. Il est tellement beau dans sa chemise de bucheron en flanelle orange et noir. Je lui arracherais bien sa petite casquette et chacun de ses vêtements un après l'autre. Sentir son odeur quand son visage est niché au creux de mon cou, je me souviens du poids de son corps sur moi et de la texture de sa peau, le souvenir de sa main glissant le long de ... 

— Marly je te cause ! dit sèchement Tom. 

— Hum...Pardon ? 

— C'est quoi ce délire ? 

— C'est bon, ne dramatise pas tu n'es pas Shakespeare ! 

Je ne peux réprimer un sourire, déjà parce que je trouve ma répartie particulièrement drôle et j'imagine la tête de Tom s'il savait quelle pensée coquine traverse mon esprit pendant qu'il s'acharne à me faire la morale comme si j'étais redevenue une adolescente. 

— Non mais je rêve ! 

— C'est bon Tom, tu vois bien qu'elle n'est pas en état d'avoir une conversation, intervient Tobyavec son calme olympien. 

La loi de la jungleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant