Pour quelqu'un qui ne croit ni en Dieu, ni au destin, il faut bien admettre que la rencontre fortuite pose un réel problème. On ne peut pas renier une force supérieure à l'œuvre et décider que le hasard fait bien – ou mal - les choses. Le hasard reste une force supérieure. Et Allegra ne croit pas aux forces supérieures. À part celle de la nature, mais là encore, il subsiste un doute réel dans sa foutue caboche têtue de française élevée à la sauce républicaine.
Allegra est une jeune femme qui se veut libre de ses choix et de son « destin ». Elle prend la responsabilité de ses actes, et parfois, même de ceux des autres quand son moral est en berne. Ça arrive. Pas souvent, mais ça arrive. Pas souvent, hein ! Vraiment, vraiment pas souvent.
Parce qu'en plus de ne pas croire aux forces supérieures, Allegra se veut positive. À tout crin. Elle rejette le sombre et le démoralisant. Pas qu'elle ne comprenne pas l'état d'esprit en lui-même ! Non ! Elle a déjà ressenti ces coups de mou qui vous mettent à terre. Mais elle refuse de s'y abandonner. Pourquoi une telle volonté d'optimisme ? Est-ce dû à ce prénom si évocateur ?
Pas exactement. Allegra n'est pas naïve, elle sait simplement que si on écoute les voix envoûtantes du mal-être, on y succombe comme les marins aux chants des sirènes. Elle a vu suffisamment de descente aux enfers pour ne pas vouloir suivre ce chemin-là. Elle, en toute circonstance, elle préfère le verre à moitié plein. Surtout s'il est alcoolisé.
Donc, elle positive et elle ne croit pas au destin. Bref, elle se sent libre. Mais attention, elle ne l'est pas, hein ! Parce que pour être libre, il faudrait vivre seul dans un monde immatériel et transcendé. Ce qui n'est pas son cas, ni le cas de personne à sa connaissance. Allegra a un passé comme tout le monde. Et ce passé, grâce à de bonnes grosses chaînes nommées « amour filiale », « amitié ancienne », « amour passé » et « cœur d'artichaut », la rattache à tout un tas de boulets en chair et en os qui lui rappellent qu'elle ne va pas s'en sortir aussi facilement.
Elle a beau tirer sur ses chaînes, elles ne rompent jamais, malgré le nombre incalculable de kilomètres qu'elle parcourt. Et puis, il va sans dire que la terre est ronde. Alors, on a beau courir et aller de l'avant, on revient toujours au point de départ, au final...
Bref, c'est dans cet état d'esprit qu'Allegra se trouve quand la rencontre a lieu. Fortuite ou non, la jeune femme a compris rapidement que son existence en serait bouleversée sinon à jamais, au moins sur le moment. La suite des évènements allait lui donner raison.
Mais commençons par le commencement, car il important parfois de s'arrêter un moment sur le passé pour comprendre le présent, et parfois même, envisager l'avenir. Attachons-nous aux évènements marquants de la jeunesse de la jeune femme. Évènements, qui auront été, soit catalyseurs de décisions capitales, soit la conséquence de décisions toutes aussi inévitables.
Car l'existence d'Allegra ne débute évidemment pas par ce baiser volé un soir pluvieux dans une rue de Tokushima au Japon. Il faut remonter vingt-six ans en arrière, au mois de mai, lorsque Barnabé et Marthe Muller deviennent parents d'une enfant rubiconde à la voix de stentor.
Qu'elle le veuille ou non, les dés sont jetés. Destin grandiose ou simple cheminement personnel, l'existence d'Allegra prend son envol avec son premier souffle bruyant et contrarié. Elle est née. Elle est là pour prendre sa place, et s'il le faut, se la faire.
Contrairement à ce que laisse présager sa naissance, l'enfant n'est ni bruyante, ni extravagante. À croire qu'elle sait déjà que sa rousseur lui suffit pour sortir du lot. Ce qui n'est pas loin d'être vrai tant sa chevelure est spectaculaire.
Et puis, le destin facétieux et, parfois, bien méchant, lui joue son premier tour. C'est à ce moment-là qu'elle décide de lui faire la nique. De manière inconsciente s'entend, car elle n'a que quatre ans.
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Les tribulations d'Allegra Muller
ChickLitAllegra Muller ne croit pas au destin et voit son verre toujours à moitié plein. Elle ne cherche pas à révolutionner sa vie, elle trace son chemin. Mais parfois sur les chemins que l'on trace, il y a des obstacles. Fortuits ou non, ils infléchissent...