76/ Le vrai visage de l'amour

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— Vous n'êtes pas en train de me faire une crise de jalousie, des fois, hein ?! Parce que vous étiez mort, je vous signale ! Quand je pense que je vous ai pleuré !

— Pas bien longtemps, il me semble !

— Espèce de... ! J'en étais sûre ! Vous êtes le campeur ! Depuis quand vous jouez au voyeur ?! Hein ?! Espèce de triple buse !

— Je...

Dieter n'a pas le temps de finir sa phrase qu'une silhouette trapue apparaît sur le pas de la porte de la maison. L'homme ne semble pas affolé. Il s'allume une cigarette et pousse du pied le cadavre du chien pour dégager le passage.

— C'est bien lui, dit Allegra la voix rauque de douleur et de colère.

— Il serait difficile de se tromper. C'est à coup sûr la silhouette de votre amant. Vous savez les choisir !

— Je vais le tuer. Et après, je vous tue, vous ! réplique-t-elle d'une voix lugubre en lui lançant un regard noir.

— Vous avez raison, il nous faut une voiture. S'ils ont sans doute neutralisé la vôtre, ils n'ont pas trafiqué la leur, continue-t-il comme si elle n'avait rien dit.

— Oui, mais on n'a pas la clé.

— On va la leur prendre.

— Super ! Affronter deux tueurs, dont un Terminator... belle perspective ! Comme ça on sera vraiment morts d'ici à ce qu'Ari et Sally reviennent. Ils n'auront plus de mouron à se faire !

— Ari arrive ?

Dieter soupire. Si Ari arrive, il faut juste trouver un lieu sûr pour l'attendre. Ça ne devrait pas poser problème. L'endroit ne manque pas de cachettes exploitables. C'est à ce moment que Dieter entend les aboiements. Scheisse !


Les deux huntaway tirent sur leur laisse. Ils ont flairé une piste depuis la bergerie. Il a fallu un moment pour qu'ils puissent faire abstraction de l'odeur du sang des bêtes tuées, mais en allant cherche un vêtement de la cible, les chiens s'étaient recentrés sur l'objectif. Maintenant, ils piaffent en direction du sentier en contrebas.

Robert Martins sourit. La chasse va être intéressante. Son associé lui a parlé d'une deuxième personne. Il se demande qui ça peut être. Un Tomberry ? Peut-être. Non. Peu probable. Les réflexes du sauveur inopiné d'Allegra Muller sont trop bons. Il s'agit de quelqu'un d'entraîné. Un protecteur ? Elle en a déjà eu un. Il est censé être mort. Mais parfois les apparences sont trompeuses, n'est-ce pas ? Smith avait raison. Shade est bien vivant et il a mordu à l'hameçon plus tôt que prévu. Lui qui avait pour mission d'enlever Muller pour que son associé appâte le voleur, allait finaliser le tout en un rien de temps.

— Vous avez bien tout mis en place ? dit une voix froide sur sa droite.

— C'est ok. Le minuteur ne devrait pas tarder à tout déclencher.

— Il ne restera rien ?

— Rien d'identifiable.

— Alors éloignez notre voiture et revenez à l'embranchement au cas où ils auraient la stupidité de vouloir rejoindre le village par la route, ou si leurs amis reviennent plus tôt que prévu.

— Ça, ça m'étonnerait. J'ai fait en sorte que leur voiture soit HS, dit alors Rob. C'est plutôt vers chez moi qu'elle risque de se diriger, non ? finit-il en ricanant.

Le ton moqueur n'échappe pas au « Terminator » qui ne bronche pas. Il n'aime pas cet homme. Il est certes, d'une grande utilité. Une ressource locale inespérée que l'organisation lui avait trouvé. Mais il a vu son dossier. Un homme capable de tuer sa propre progéniture sans en concevoir le moindre remord est, selon lui, un monstre. Pas un tueur professionnel comme lui. Un monstre sans âme qui prend du plaisir à ce qu'il fait. Quoi qu'il fasse. Le regard du tueur tombe sur le cadavre du chien. Quoiqu'il fasse.


Les tribulations d'Allegra MullerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant