Le premier évènement marquant de son histoire n'est donc pas de son fait, mais a bouleversé sa vie à jamais. La mort tragique de ses parents lors d'un attentat alors qu'elle n'a que quatre ans, la laisse orpheline et pupille de la nation. Elle va s'en remettre comme du reste parce qu'il n'y a pas de raison. Et puis, à cet âge-là, pas moyen d'agir contre le vent.
Suite à cela, apparition de tante Greta, sœur du père, enseignante loufoque et célibataire endurcie, qui va prendre l'éducation de sa nièce pour terrain d'expérimentation. Résultat, la gamine apprendra toutes sortes de langues étrangères en même temps que le macramé, et sera championne toute catégorie d'origami et de tresses indiennes dès ses sept ans.
Pourvue d'une fibre féministe teintée de romantisme non assumé, Greta élève sa nièce avec le fervent espoir d'en faire une véritable lady, curieuse, puissante et libre. Elle omet néanmoins deux notions pourtant essentielles : la natation et le vélo. La première parce qu'elle a une peur panique de l'eau, et la seconde parce qu'elle craint un accident fatal.
C'est ainsi qu'Allegra passe son enfance à Strasbourg à pied ou en bus jusqu'à l'obtention de son permis l'année de ses 17 ans. Elle fait alors la chose la plus folle qui lui vienne à l'esprit, elle « emprunte » la voiture du voisin pour aller voir la mer. Elle n'est pas seule. Son premier vrai « crush » l'accompagne.
Cette escapade amoureuse volontairement romantique s'achève sur un terrible constat. Si l'amour peut se contracter dès le premier regard, il se guérit parfois dès le premier baiser. Franck, en plus d'avoir le charisme d'un bulot, embrasse comme une patate. La vie peut être cruelle parfois.
Heureusement, ce jour-là, le vent a décidé de ravager la côte et a rendu furieuse la mer du nord. Abritée dans un vieux bunker, Allegra a une révélation face à la nature sauvage et déchaînée. Elle veut revivre cette épiphanie et pas de manière aléatoire.
Elle ramène donc sans regret son crush qui n'en n'est désormais plus un, en s'enthousiasmant de ce qu'elle vient de vivre. Elle s'est découvert une passion profonde pour les tempêtes et les voyages en voiture. Franck, lui, blanc comme un navet, tente d'oublier son échec et sa frayeur en s'agrippant discrètement au siège passager.
Cette aventure, qui lui vaut tout de même une punition – on « n'emprunte » pas la voiture du voisin sans l'avertir -, achève de la convaincre de choisir un cursus scolaire qui pourra lui permettre de satisfaire ses deux passions. Elle choisit donc d'étudier les langues, apprentissage déjà bien initié par Greta. Les voyages seront à portée de main. Les tempêtes aussi.
Élève brillante, elle a la possibilité de choisir la fac qu'elle souhaite. La capitale lui ouvre les bras et enchante son âme d'alsacienne. Elle sent le cœur du monde battre ici. Elle en est fière.
Sans grandes surprises cependant, sa vie d'étudiante est jalonnée de cœurs affolés puis brisés, d'étreintes décevantes, et d'expériences sexuelles diverses peu convaincantes. Elle en déduit rapidement que sa vie amoureuse est un champ de bataille dont elle ne sortira jamais vainqueur. Elle s'habitue. Puis développe une philosophie basée sur la jouissance de l'instant, car les lendemains chantants sont rarement pour elle.
Elle fête la fin de ses études dignement en partant en Inde durant la mousson. Elle cherche encore à faire battre son cœur tout en aidant les plus démunis. C'est pile poil le bon endroit et le bon moment. À cette occasion, elle va aussi découvrir le pouvoir des langues et la nécessité des traducteurs.
Néanmoins, comme Greta casse sa pipe en Alsace au moment où Allegra aide deux enfants à rejoindre la terre ferme le long d'une rivière en crue en Inde, son retour est requis un peu plus tôt que prévu initialement. La jeune femme revient donc avec des souvenirs pleins les poches, des rêves plein la tête, et un objectif précis : travailler pour l'ONU. Accessoirement, elle aura enfin découvert la jouissance à deux, avec un reporter anglais de passage. Il était temps, car, s'il n'y a pas de mal à se faire du bien, comme on dit, c'est quand même mieux quand on partage.
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Les tribulations d'Allegra Muller
Chick-LitAllegra Muller ne croit pas au destin et voit son verre toujours à moitié plein. Elle ne cherche pas à révolutionner sa vie, elle trace son chemin. Mais parfois sur les chemins que l'on trace, il y a des obstacles. Fortuits ou non, ils infléchissent...