19/ L'inquiétude d'une amie

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— Tu crois que c'est ton coréen ?

— Possible. L'employé aussi est suspect.

— Le coréen a eu plus de temps. L'employé a toujours été en ta présence.

— Min-Ho n'est pas resté longtemps seul dans la chambre.

— Les pro n'ont pas besoin de beaucoup de temps. En tout cas, il a dû être sacrément surpris en voulant fouiller ton sac...

— Qu'est-ce que tu insinues ?

— Moi ? Rien ! J'ai toujours admiré ton incroyable capacité à trouver quelque chose dans ton bordel quotidien, Allegra...

— Mon bordel est organisé. C'est tout. Ça n'est pas parce qu'il ne correspond pas à tes critères...

— Je t'arrête ! Il ne correspond à aucun critère humain ! Et pour une bonne raison ! Il n'en a pas ! Je pourrais mettre un de mes thésards sur ce sujet ! Il ne trouverait jamais de récurrence ou de dénominateur commun !

— C'est bon ! En l'occurrence, ça permet de tromper les voleurs...

— Donc, tu crois réellement que quelqu'un tente de récupérer le fichier de ton patron ?!

— Je ne vois pas d'autres raisons.

— Bon, alors ! Cocotte ! Traduis ce truc au plus vite et débarrasse t'en... Je ne voudrais pas qu'on te retrouve en morceaux dans une ruelle sombre.

— On n'en est pas là, Sally !

— C'est l'étape suivante ! Tu as fermé ta porte ? Je suis sûre que non !

Allegra se lève du lit et va verrouiller la porte de sa chambre. Elle reprend un mochi au passage.

— Qu'est-ce que tu manges ?

— Un des mochi que l'employé a laissé.

— Tu es folle !!! Il pourrait être empoisonné !

— Alors, c'est trop tard. J'en ai déjà mangé deux.

— Ci-git Allegra Muller, vaincue par la gourmandise.

— T'es conne ! C'est juste des mochi ! Et mes préférés en plus !

— Et tu ne te demandes pas comment un employé lambda d'hôtel à Kyoto connaît tes goûts ?

— Tu as raison... merde... Je vais pas me faire vomir quand même !?

— Reste au téléphone avec moi et donne-moi le numéro de l'hôtel. Comme ça si tu as un malaise, j'appellerai les secours...

Allegra s'exécute en soupirant. Il est peu probable qu'elle arrive à dormir maintenant. Elle ne veut pas rester dans cette chambre toute seule. Si ça se trouve, il y a des micros et des caméras partout. Elle décide de prendre une douche et de quitter les lieux.

— Sally. Je vais suivre tes conseils.

— Ah ! Ça serait une première !

— Oh ! Menteuse ! Fausse amie ! Je suis toujours tes conseils !

— C'est pour ça que tu t'es retrouvée avec un mec ce soir ! Tu ne devais pas te sevrer le temps où tu serais au Japon.

— On a dit de ne pas tomber amoureuse ! Une coucherie d'un soir ne rentre pas dans ce cadre, il me semble ! Et puis tu étais prête à me jeter dans les bras de ce Matthew Fox pas plus tard que ce matin !

— Ce matin, je n'avais aucune info sur la dangerosité de ce que ton patron t'a confié ! D'ailleurs, tu peux le remercier, celui-là !

— On parlera de Shimada une autre fois. Le coréen était un parfait amuse-bouche ! Je ne vais quand même pas soupçonner tous les mecs qui vont m'approcher dans les prochains jours, quand même !

— Tu devrais. D'ailleurs, ce Matthew Fox est suspect lui aussi maintenant !

— Pour ça, je suis d'accord. Mais lui au moins, il l'a été tout de suite !


Dieter Wolf, qui écoute depuis la chambre d'à côté grâce à un système ingénieux de micro collé sous le chariot de l'hôtel, ronge son frein. Il ne sait toujours pas où se trouve cette fichue clé, et Allegra Muller le soupçonne d'être un espion... Voilà qui n'arrange pas ses affaires.


Les tribulations d'Allegra MullerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant