Une fois dehors, le sac à l'épaule, Allegra s'éclaire avec la lampe de son téléphone, qui, contrairement à celui des malheureux héros de film d'horreur, à sa batterie pleine. Toute à son exploration, elle ne remarque pas qu'elle a plusieurs messages en attente. La priorité reste de rejoindre une forme humaine et vivante de préférence.
Elle constate qu'elle n'est pas sur une route, mais sur une piste. Ils doivent être à l'aérodrome dont lui a parlé Fox. Mais pourquoi Ari l'a-t-il laissé seule ? Allegra marche vers le hangar où le bruit terrifiant et insupportable a cessé. Si elle doit trouver quelque chose, qu'elle espère vivant, ce sera indubitablement de ce côté.
Dieter fulmine. Après avoir laissé glisser sa voiture le long de la pente, moteur et feux éteints pour arriver en toute discrétion, il s'est mis en position de surveillance. Tant que l'appât était dans l'habitacle portières verrouillées, il ne craignait rien. Le véhicule est blindé. Mais Allegra Muller est sortie ! Bien sûr ! Il n'y a qu'elle pour sortir dans l'obscurité alors qu'elle se trouve au milieu de nulle part, et que plusieurs messages lui demandent de ne pas bouger de là où elle est.
La fille est sortie de la voiture ! Une aubaine que Racoon ne peut pas ignorer ! Quand bien même, le faisceau de lumière du téléphone d'Allegra l'oblige à ôter ses lunettes à vision nocturne. Quand bien même, la trajectoire quelque peu étrange de la cible, l'oblige à se déplacer elle-même et à prendre le risque de se faire repérer. Elle se redresse un peu et ajuste son tir.
Allegra est presque arrivée au hangar quand une crampe abdominale la plie littéralement en deux de douleur. Un son mat lui parvient sur sa droite. Grimaçante, elle tourne sa lampe s'attendant à voir Ari.
La fille s'est penchée !
— Fuck ! siffle la chinoise avec humeur, en réajustant de nouveau son tir.
Allegra a à peine le temps de chercher à comprendre ce qui se passe en se redressant, que quelqu'un la plaque au sol brutalement en envoyant son téléphone valdinguer devant elle. Il atterrit, bien sûr, surface éclairante au sol. Retour de l'obscurité, et double impact de nouveau sur la droite. La jeune femme n'a pas le temps de jurer que son plaqueur intempestif lui murmure à l'oreille.
— Vous ne pouviez pas rester dans cette putain de voiture !!!
— Fox ?! Poussez-vous ! Vous m'écrasez !
— C'est mieux que de finir avec une balle dans le crane ! lâche-t-il furieux en la relevant sans ménagement. Dans la voiture ! Fissa !
— Cazzo ! souffle Allegra identifiant enfin les sons mats qui s'approchent dangereusement d'elle.
La tueuse a remis ses lunettes à vision nocturne. Mais sa cible en a profité pour se mettre à courir vers la voiture. Racoon sourit.
— Si tu crois que tu vas t'en sortir, ma cocotte. Tu te fourres le doigt dans l'œil jusqu'au coude, murmure-t-elle pour elle-même en souriant.
Puis, elle sent le canon d'une arme se coller au haut de son crâne. Bien qu'elle ait une furieuse envie d'abattre celle qui est sur le point de réintégrer l'habitacle sécurisant de la voiture, la chinoise obéit à l'injonction silencieuse qu'implique la présence de cet objet froid et menaçant collé à elle. Elle sait que celui qui la tient en joue ne plaisante pas. Et il plaisante d'autant moins, qu'elle l'a sans doute bien énervé à s'acharner sur celle qu'il protège envers et contre tout.
Racoon est son nom de code. Comme Shade est le sien, à lui. Mais, il ne la nomme que « la chinoise ». Il lui refuse son « titre » de tueuse. Et pour cause ! Elle n'est pas restée professionnelle. Elle a mêlé ses sentiments personnels à un contrat. Elle se sert de ses aptitudes pour se venger. Et même pas sur les responsables directs. Non ! Sur un pion. C'est moche ! C'est méprisable ! Et en plus, elle a bâclé le travail, sous-estimant la cible, et surtout, son protecteur. Elle s'est crue plus maligne. Elle a eu tort. Elle va mourir et ce sera entièrement de sa faute.
VOUS LISEZ
Les tribulations d'Allegra Muller
ChickLitAllegra Muller ne croit pas au destin et voit son verre toujours à moitié plein. Elle ne cherche pas à révolutionner sa vie, elle trace son chemin. Mais parfois sur les chemins que l'on trace, il y a des obstacles. Fortuits ou non, ils infléchissent...