87/ Épilogue

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Allegra marche avec entrain vers le ponton. Elle ne porte presque rien sur elle. Un maillot de bain rose vif avec fleurs de tiare jaunes, et paréo à frange bleu turquoise ceint autour des hanches par une gros nœud. Un chapeau à larges bords protège son visage du soleil déjà ardent qui inonde le jour.

— Tu comptes y aller comme ça ? Sérieusement ?

— Tu n'as pas dit que c'était une fête sur la plage ?

— Si. J'ai dit ça. Mais pas question que tu y ailles sans au moins un vrai vêtement et des chaussures.

— Quoi ?! Mais...

— C'est moi qui conduis. Et à moins de traverser la jungle pendant plusieurs jours, puis l'océan, tu n'iras pas à pied.

— Tu es impossible, Dieter ! s'exclame Allegra en retournant vers la petite maison sur pilotis au bord de la plage.

La petite crique sur laquelle Dieter Wolf a jeté son dévolu une dizaine d'années auparavant, est un écrin de verdure paisible situé sur l'une des Îles du vent. Pour trouver ce repaire, il faut y être conduit par quelqu'un, ou avoir beaucoup de chance. Jusqu'à présent personne n'a eu assez de chance.

Dieter et Allegra s'y retrouve régulièrement depuis plusieurs mois. Quand elle arrive à Tahiti, elle laisse tous ses appareils électroniques et son sac dans un casier de consigne, et n'emporte rien de personnel. Puis, elle sort de l'aéroport et disparaît.

Ceux qui cherchent Shade ne sont jamais parvenus à savoir où elle allait. Et elle pourrait aussi bien être n'importe où de ce côté-ci du pacifique. Les moyens de la cible sont conséquents. Son réseau bien rodé, et sa préparation sans faille.

Quand la jeune femme réapparait quelques jours plus tard, elle est bronzée et souriante. Et elle repart vers Bangkok où elle exerce ses activités de traductrice pour l'ONU.


Le bateau file vers la haute mer. Dieter jette un œil à Allegra qui tient son chapeau à cause de la vitesse. Elle a enfilé une sorte de robe échancrée sur les côtés, dont le tissu vert tendre est presque transparent. À Tahiti, Allegra laisse libre cours à l'incroyable symphonie de couleurs qu'elle aime. Ici, rien n'est choquant. Ici, tout est permis.

Dieter sourit. Il l'aime.

Allegra tourne le visage vers lui à l'instant précis où il pense à ses sentiments pour elle. Comme si elle avait eu la capacité à deviner ses pensées, elle se lève en souriant pour le rejoindre près de la barre. Elle a abandonné son chapeau sur la banquette. Ses cheveux virevoltent autour de son visage en une danse folle et endiablée.

Dieter l'attire vers lui en la prenant par la taille. Elle l'enlace et l'embrasse.

— Dites-moi, Mlle Muller, lui murmure-t-il à l'oreille après avoir abandonné sa bouche. Est-ce que ça n'est pas dangereux de perturber le pilote de cette manière ?

— Sans doute que si... Il vaudrait mieux arrêter ce bateau.

— Ici ?

— Pourquoi pas ici ? Il n'y a rien à des kilomètres à la ronde. Que nous. Seuls.

— Vous avez raison, Mlle Muller. Nous. Seuls, dit-il en arrêtant les moteurs.

Ils s'embrassent et s'orientent habilement vers la banquette arrière. Ça n'est pas la première fois que ce genre de situation arrive dans ce bateau. Ça ne sera pas la dernière.


Les tribulations d'Allegra MullerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant