81/ Identifier la cible

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— C'est lui.

— Sûre ?

— Certain ! C'est l'enfoiré de « Terminator » qui a tué Hunta et mes moutons, dit sombrement Allegra.

— Avec l'aide de ton amant... rajoute Dieter d'une voix sinistre avant qu'Ari n'interrompe le face à face silencieux.

— Ça se complique, dit-il en tournant l'écran du PC portable vers son acolyte.

Le portrait affiché s'accompagne de tout un tas d'info diverses et variées concernant un autre profil. Dieter qui a fait l'effort de se lever, fait glisser la barre latérale.

— Scheisse ! Est-ce que c'est qui je crois ?

— Bingo Alfredo ! C'est bien le petit frère de Racoon. Pas officiellement dans le circuit international. Travaille principalement pour la famille. Ce qui veut dire que ce qu'il vient de faire est totalement, entièrement, personnel, et ne relève pas d'un contrat. Enfin pas d'un contrat officiel. Mais quelqu'un a bien dû le rencarder sur le fait que tu serais peut-être en vie.

— Qu'est-ce que ça veut dire ? demande Allegra.

— Ça veut dire que le petit frère vous voulait vivante pour appâter Shade, parce que quelqu'un lui a murmurer qu'il pouvait se venger sans subir de conséquences.

— Et maintenant ?

— Maintenant, nous avons l'avantage. Il vous croit morts, dit Ari en reprenant la main sur le PC.

— Si c'est Smith qui tire les ficelles, il ne le croira pas tant que quelqu'un ne lui montrera pas nos cadavres, voire lui ramènera nos têtes, lâche Allegra d'une voix sinistre.

— En attendant... Il est dans le brouillard. Et moi, je suis une ombre.

— Que comptez-vous faire ?

— Un petit voyage et une opération de disparition spontanée. Ari ?

— Pas de problème, répond le néo-zélandais. Attention les yeux, Smith ! Quand on nous cherche, on nous trouve ! finit-il en s'emparant d'un autre ordinateur portable beaucoup plus massif.

— Il va nous falloir quelques munitions. Et des...

— Des vêtements convenables ! ajoute Allegra les poings sur les hanches

— Vous êtes tout à fait charmante comme ça, pourtant, Mlle Muller, murmure Dieter en passant près d'Allegra pour sortir dans le couloir.

Assise au comptoir de la cuisine, Sally qui était en train de boire, recrache sa gorgée d'eau en rigolant devant le regard courroucé qu'Allegra lance au jeune homme qui s'est empressé de disparaître après avoir lâché sa bombe.


Même s'il ne ressemble pas du tout à ce qu'elle s'attendait à vivre, Sally n'est pas mécontente de son voyage. Elle a l'impression d'être dans l'un de ces films où des héros charismatiques luttent seuls contre tous. Elle espère la fin à la mesure du reste. Spectaculaire et positive.

— Il m'énerve.

— Je vois ça. Mais bon... Tu le cherches aussi un peu, non ?

— Non. Pas du tout... Ce serait bien trop dangereux de se mettre à la colle avec un type pareil.

— Et tu es une fille raisonnable, c'est bien connu !

— Tout à fait, répond doctement Allegra en se redressant.

Sally ne peut pas s'empêcher de rire de nouveau.

— Quoi ?!

— C'est juste que c'est bien la première fois que je te vois dans cette situation. Et je pense qu'il y a une bonne raison !

— Pardon, mais je ne vois pas du tout de quoi tu parles.

— Menteuse ! Arrête, Allegra ! Depuis qu'il a réapparu... Tu es de nouveau toi.

— J'ai peut-être eu un petit faible pour lui, mais c'est fini. Nous sommes trop différents... ça ne marchera jamais.

— Ou ça marchera justement.

— Sally ?!

— Quoi... C'est la première fois que tu tombes amoureuse d'un mec vraiment intéressant et aussi explosif que toi...

— Explosif ? Il est barbant !

— Oh, la vilaine menteuse... Samuel était barbant, et pas mal d'autres avant lui aussi. Mais ce Dieter... Il n'est pas barbant. Il est méticuleux et attentif. Son métier est aussi quelque peu discutable, je te le concède, mais barbant ? Ça non !

— Dis-donc ? Tu ne songes tout de même pas à me le piquer ?

— Te piquer quoi ? Tu as dit ne pas être intéressée...

— Sally !

— Ah ! Tu vois ! Tu es amoureuse ! lance Sally juste au moment où Dieter revient dans la pièce.

Il jette un œil confus aux deux jeunes femmes. Allegra a piqué un fard, et Sally est de plus en plus hilare.

— Nous parlions de Rob, bien sûr ! s'exclame-t-elle juste pour apprécier la contrariété qui s'affiche immédiatement sur le visage de Dieter.

— Mais pas du tout ! s'écrie Allegra. Sally ! Ça ne va pas ?!


Les tribulations d'Allegra MullerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant