Il m'a questionné, ce qui était assez prévisible. Mais je suis restée vide de réponse, vide d'émotions. Je dois sûrement être en état de choc malgré moi. J'ai tuer un homme, et je l'ai fait rapidement. J'ai réussie. Je m'en fous des questions de Lorcan, qui se demande ce qui m'a traversé l'esprit à ce moment. Je ne veux pas répondre, ce serait alors devoir lui expliquer mes motivations, et c'est tout bonnement impossible pour moi d'en parler. Je l'ai fait, c'est tout. Pourquoi devoir s'étaler sur les raisons, du pourquoi du comment.
Je reste silencieuse, tandis que l'italien peste à travers la maison. Je souffle de temps en temps, mais cela ne semble pas l'arrêter. Cela doit bien faire une heure qu'il se répète sur le fait que je sois conne, que je vais causer le bordel dans ses affaires, qu'il ferait mieux de me buter avant que je fasse autre chose dans le même style.
Honnêtement, cela ne m'atteint pas, je le laisse se défouler sans jamais prendre la parole. Je n'ai des comptes à rendre qu'à moi. Le reste n'en n'ont pas besoin. Cela ne regarde que moi après tout.
- Bordel, jure t-il en me fusillant du regard.
Je me sers un verre, sous son regard inquisiteur. Je voudrais presque souffler tellement sa réaction m'énerve.
- T'a fini ? me contentais-je de demander.
- Tu te fous de ma gueule ?? T'a buté quelqu'un, s'injure t-il.
J'hausse les épaules, buvant une gorgée de mon verre.
- Et ? Tu le fais, et pourtant je te fais pas une scène, fis-je blasée.
Il me fusille du regard, mais je me contente d'afficher un sourire en coin. Et oui, je marque un point là. J'ai fait ce que j'avais à faire, comme il l'aurait fait. Il sait que j'ai raison, et donc que c'est mieux pour lui d'arrêter de me faire sa scène du mec choqué. C'est un putain de mercenaire, les meurtres il à l'habitude, donc il m'énerve à essayer de me faire culpabiliser de mon meurtre. Ce mec méritait de crever, et je me trouve gentille de lui avoir offert une mort rapide. Je ne culpabilise nullement, et je suis prête pour la suite.
- Putain, tu sembles pas réaliser les choses, me fit-il en me détaillant.
Je lève les yeux au ciel, rien qu'à l'idée d'entendre son énième leçon de moral sur le sujet.
- Ecoute Lorcan, j'en ai rien à foutre, fis-je excédée, j'ai fait ce que j'avais à faire. Je n'ai aucun compte à te rendre.
Je prends mon verre, sans attendre qu'il ajoute quelque chose, et sors du salon pour me diriger vers ma chambre. Je ne lui demande pas de se mettre à ma place, mais je ne compte pas m'arrêter là.
*
J'ai passée le reste de la journée seule. Lorcan s'est barré en m'enfermant dans la baraque, me faisant tourner en rond comme un lion en cage. Je dois vraiment me barrer de là, je dois finir ce que j'ai commencé, et c'est pas en restant enfermée que je réussirais bordel. La porte claque, me faisant redresser la tête vers la porte de ma chambre. Quelques instants plus tard, Lorcan ouvre celle ci, me fusillant du regard. Je laisse ma tête retomber lourdement, repartant dans ma contemplation du plafond.
- Pourquoi tu l'a buté ? fit-il sans détour.
Je ferme les yeux, respirant profondément.
- Tu vas refaire ton moralisateur ? crachais-je.
Je sens sa présence malgré mes paupières closes, ce qui me coupe la respiration lourdement. Son regard sur moi me brûle, et je me fais violence pour ne rien laisser paraître.
- Quand je tue, j'ai des raisons et des motivations, finit-il par me dire, quelles étaient les tiennes ?
J'ouvre les yeux, mais ne le regarde pas.
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Lueur et pénombre
Action" Sois mon humanité, je serais ton bourreau" La vie est une belle chienne putain. Ayana n'en avait fait que trop les frais durant sa vie, mais elle savait désormais tirer avantage de chaque situation. Certains la disais manipulatrice, d'autres ma...