Chapitre 17 : Périr

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Je ne sais pas, je ne sais plus. 

J'ai perdue la notion du temps, et peu à peu, j'ai l'impression de perdre la raison. La peur me tiraille, la douleur est maintenant devenue mon enveloppe charnel, tandis que mon esprit se meurt à chaque bouffée d'air que j'inspire. Je n'est plus de larmes, et je trésaille au moindre bruit, même infime. Mon enfer personnel est arrivé, et je n'en ressortirais pas vivante. Mon esprit semble bloquer mes souvenirs, mais un seul reviens constamment me hanter, Lorcan. Je ressens tellement de douleur, tellement de haine et de dégoût que je brûle de frustration. M'être laissée berner, si facilement par un connard de son espèce. Moi qui savait déjouer les pires vices de la gente masculine, je m'étais faite avoir comme une bleue. Je le revois, serrer la main de mon bourreau, éviter mes lamentations et partir sans se retourner alors que j'avançais vers ma mort. 

Je le hais.

Vitolo s'approche, pour venir remettre en place mes cheveux, couverts de mon sang. Son sourire carnassier ne le quitte plus depuis que je suis dans cette cage. 

- Oh mon petit oiseau,  siffle-t-il. 

Je n'y arrive plus, même redresser la tête me fait mal à ce stade. Il saisis violemment mon menton entre ses doigts, puis me fait redresser les yeux vers lui. Mon corps tout entier semble brûler, me faisant avoir les larmes aux yeux. Il va me tuer, il aura ce qu'il a toujours voulu. Je le fusille du regard, tandis que son regard tombe sur mes lèvres. Un long frisson me parcours, puis sans ménagement, il me relâche. Je pousse un gémissement de douleur, qui le fait rire, puis il s'éloigne. 

Je suis morte. Si mon corps semble vivant, mon âme elle s'est éteinte. Il a fait en sorte que je devienne inoffensif, que je n'ai plus la force de rien. C'est réussi. Je suis dans cette cage, en sous-vêtement, accrochés et dans le vide depuis une durée qui me semble être une éternité maintenant. Je suis couverte du sang de mes coups, alors que je peine à rester éveillée. Je meurs, je le sens, et cela m'effraie. J'aurais tellement aimée voir l'Australie, revoir Daniel et l'entendre me gueuler dessus parce que je n'ai plus donnée de nouvelles. J'aurais aimée avoir eu le courage d'aller voir ma mère, malgré que sa vie soit sur sa fin. J'aurais aimée tellement de choses banale que la vie pouvait m'offrir. J'ai voulue être vengeresse, j'ai réussie quelques temps, mais mes démons sont beaucoup plus puissants dans cette guerre. Je redoutais ce moment, j'espérais silencieusement qu'il n'arrive jamais, mais malheureusement on a pas tout ce qu'on veut dans la vie. 

Ce soir, devant des milliers de personnes, il va m'exécuter. Je ne suis pas en mesure de payer l'énorme dette que mon connard de paternel lui dois, donc il va me tuer. Il va me tuer aussi pour son plaisir personnel, il en a toujours rêvé, je le sais. Je le vois dans son regard. J'ai réussie à lui résister longtemps, mais à croire que le loup finit toujours par bouffer l'agneau. J'aurais été forte jusqu'à la fin, c'est cette unique raison qui me donne encore les tripes de lui hurler  un bon " va te faire foutre" lorsqu'il me demandera mes derniers mots. 

Les lumières s'éteignent, m'annonçant alors que je vais être dans un silence affreux, jusqu'à ce que mon amie la faucheuse vienne me prendre. Je laisse ma tête tomber, les larmes couler, c'est la fin. Je n'ai, et ne suis plus rien désormais. Dans moins d'une demi-heure, le public affluera, dans le seul objectif de voir une exécution du grand Vitolo. Je sursaute lorsque la porte de secours résonne et claque, mes membres se liquéfiant instantanément. L'immense toile qui recouvre alors ma cage tombe, me faisant redoubler de peur. La salle pour ma plus grande surprise est dans la pénombre, et deux silhouettes se tiennent près de la porte. 

- Ayana, ça va aller d'accord, chuchote une voix qui me brûle instantanément le cœur. 

Leif. 

Lueur et pénombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant