Lorcan
Aéroport, 14h50
- Elle va arriver, chuchote Leif.
Je commence à ne plus y croire. Il me répète ça toute les demi-heures, depuis maintenant deux heures. Je souffle, commençant à perdre patience de garder mon regard verrouillé vers la porte d'entrée, où tout le monde s'engouffre, sauf elle. Je croyais l'avoir cerné, l'avoir percée à jour, avoir vu d'elle ce que j'avais besoin pour me faire une idée, mais j'avais visiblement tort. Sa façon de garder cette partie de vie, bien secrète me prouve que cette femme sait dissimuler ce qu'elle juge trop important. Je soupire, puis me lève, agacer d'attendre. Il me faut une clope.
Mes nerfs sont à vifs, et un rien m'énerve.
Je sors dehors m'aérer, fumer et surtout essayer de me calmer.
Ma joue me brûle toujours, dû à la gifle mémorable qu'elle m'a administrée. Beaucoup serait morte, pour moins que ça. J'aurais pu la tuer, dès qu'elle s'est éloignée de moi, mais son clébard était derrière, près à sauter sur tout ce qui bougeais pour pouvoir se la garder. J'ai beau essayé de toutes mes putains de force, leur petit spectacle sur le comptoir reste ancrée dans mon esprit, et les flashs sont nombreux. J'ai encore des frissons lorsque je la revois faire. J'ai encore des flashs du moment où elle l'a léché. J'inspire une bouffée de ma cigarette, alors que mon esprit me torture une nouvelle fois avec cette vision d'elle. Cette faculté qu'elle à eu, ce feu dans son regard. J'en bande encore.
Je les ai observés tout le long, et j'avoue avoir légèrement vrillé lorsqu'elle est partie avec lui. J'ai effectué mon contract rapidement, sans me préoccuper de si ça allait être propre ou non. Tout ce que je voulais, c'est qu'il ne l'est pas. Pendant quelques secondes, je me suis revu cette fameuse nuit avec elle, et l'idée qu'elle aille si facilement avec un autre m'a fortement agacé. La gifle et le fait qu'elle reparte avec son biker de merde n'a pas arrangé mon état de colère dans lequel je me trouvais.
Je jette ma cigarette, puis reste quelques instants à attendre. Je ne sais pas où je vais avec elle, mais j'y vais sans me poser de questions. Je sais qu'elle se l'est tapé une fois que je suis parti, je me fais pas d'illusion. Je l'ai bien vu lorsqu'ils sont arrivés à cette carrière, sa façon à lui d'être si tactile, d'avoir ce besoin de la tenir près de lui. Le fait de ruminer, même d'envisager que je pourrais être jaloux me soûle. J'ai pas envie de ressentir ça, surtout pas pour elle.
J'entre dans l'aéroport, décidé à prendre ce putain d'avion, si le faut sans elle. Je me dirige d'un pas décidé vers mon ami, mais je m'arrête à quelques mètres, comme sous le choc.
Elle est là.
Elle discute avec Leif, le sourire accroché sur ses lèvres. Ils rigolent, et l'espace d'un court moment, je la regarde faire. Elle semble si différente de celle dont j'ai l'image, que s'en est troublant. Son regard percute brutalement le mien, mais son sourire reste ancrée sur elle. Je m'approche, essayant de supprimer les flashs que j'ai dans mon esprit. Lorsque j'arrive près d'elle, son sourire disparaît doucement, mais elle n'en reste pas moins rayonnante.
- Oh je vois que tu as pris la peine de te déplacer, sifflais-je.
Elle se renfrogne, ce qui m'amuse.
- Je suis à l'heure, crache-t-elle.
Vrai. C'est moi qui l'attend depuis deux heures, mais je lui avait bien donné rendez-vous à 15h. Je ne fais aucun autre commentaire, tandis que Leif s'éloigne pour aller enregistrer nos bagages en soute. Je la regarde de biais, tandis que je remarque qu'elle à un téléphone, et qu'elle pianote dessus. Son parfum m'envahit, mais se mélange avec celui de son biker, qui semble persister sur ses fringues. Ma mâchoire se contracte contre mon gré, et son regard tombe sur moi au même moment. Je me force à ne pas la regarder, tandis que je sens le sien sur moi. Elle souffle légèrement, puis se lève en sortant une clope de son sac. Elle part fumer, sous mon regard. C'est mieux si elle me déteste, ce serait si simple bordel.
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Lueur et pénombre
Action" Sois mon humanité, je serais ton bourreau" La vie est une belle chienne putain. Ayana n'en avait fait que trop les frais durant sa vie, mais elle savait désormais tirer avantage de chaque situation. Certains la disais manipulatrice, d'autres ma...