Je suis restée affaler dans le sofa, sans avoir le goût d'aller m'habiller. Je voudrais seulement réussir à bloquer ces pensées, qui me tuent de l'intérieur à une vitesse phénoménale. Tel un poison, elles envahissent mon esprit, pour n'y laisser que la mort et le chaos. Je ne suis que chaos. Je bois la fin de mon thé, puis pose la tasse sur la table. Le silence de la pièce fait résonner le bruit que fait la rue, me plongeant dans une solitude douloureuse.
La porte de la suite s'ouvre sur l'homme de mes cauchemars, comme de mes désirs. Lorcan me fixe longuement, puis s'éloigne de la porte pour se diriger vers la cuisine, me laissant dans mon coin. Je soupire, puis me relève, incapable de l'affronter à nouveau.
- Tu as une robe pour ce soir sur ton lit, me fit-il sans se retourner.
Je reste interdite, plantée en plein milieu du salon, sans comprendre ce qu'il vient de me dire. Comment ça une robe pour ce soir ?!
Il se retourne, son regard percutant le mien sans ménagement.
- Lorcan, je r-
- Fais ce que je te dis, et s'il te plaît, ferme la, me crache-t-il avant de s'éloigner et d'aller s'enfermer sur le balcon.
Je déglutis, puis baisse le regard résignée. Je vais devoir faire avec le fait qu'il ne va plus me lâcher maintenant. Je vais devoir le supporter. Je pars donc me préparer. Lorsque j'entre dans ma chambre, il y a bel et bien une robe, noir posé là. Je la prends, la regardant attentivement, puis m'enferme dans la salle de bain. Je ne sais pas du tout si j'ai envie de sortir, si je suis prête à faire semblant sans m'effondrer plus violemment. C'est quelque chose qui m'a toujours émerveillée, cette capacité de sourire alors qu'à l'intérieur tu brûles de douleur.
Lorsque j'étais petite déjà, j'avais cette faculté. Je voulais rendre heureux tout le monde, donc je refusait que les autres voient quand j'était triste. Je souriais, et puis le soir venu, je pleurais seule dans ma chambre. Je m'enfermais dans ma petite chambre, j'essayais de me convaincre moi-même que tout allais bien se passer, mais je finissais toujours par pleurer, la tête enfoui dans mon ours en peluche, pour ne pas que mes sanglots ne s'entendent. Avec le temps, j'ai cessée de pleurer facilement, mais dès que cela arrivait, je souffrais tellement. Cette impression que malgré tes hurlements de détresse, personne ne viendra t'aider. Cette sensation que ta cage thoracique va écraser tes poumons et ton cœur sous la pression de tes sanglots. Cette envie d'aller en parler à quelqu'un, mais cette peur de ne pas être comprise, ni prise au sérieux. Avec le temps, cette douleur devient habituelle, presque normal et tu t'y fais, tout simplement. Le plus difficile ensuite, c'est d'en parler. C'est réussir à mettre des mots sur ce qui se passe dans ta tête, dans tes émotions. Tu finis par te tuer de l'intérieur. C'est ce qui m'a sauvé à mainte reprise, cette faculté de fixer la mort, sans même sourciller, alors que ma peur se répand dans mes veines.
Je sors de la douche, évitant d'essuyer la buée sur le miroir pour ne pas voir mon reflet. J'inspire longuement, me battant contre moi-même, à chaque putain de seconde pour ne pas me laisser couler. J'enfile la robe, difficilement puis me maquille à l'aide de mon miroir de poche. Je ne fais rien d'extraordinaire, un peu de mascara, d'anti-cernes, et mon légendaire trait d'eye-liner, qui ne me quitte jamais. Je démêle mes cheveux, puis inspire un bon coup. Je voudrais juste un peu de tranquillité. Pas d'être humains, juste le calme, et la sérénité.
Je quitte la salle de bain, sans motivation, pour rejoindre le mercenaire. Celui-ci est adossé au mur, à côté de l'immense baie vitrée, et sirote un verre de whisky, le regard rivé sur la ville de la nuit. Il est habillé tout en noir, avec sa chemise entrouverte, et ses cheveux attachés en demi-queue, laissant son visage être balayés de deux mèches indomptables.
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Lueur et pénombre
Action" Sois mon humanité, je serais ton bourreau" La vie est une belle chienne putain. Ayana n'en avait fait que trop les frais durant sa vie, mais elle savait désormais tirer avantage de chaque situation. Certains la disais manipulatrice, d'autres ma...