Lueur et pénombre

Chapitre 1 : Fruit défendu

Quel monde de merde. 

Je déambule à travers les machines à sous, regardant les alentours tandis que les joueurs se concentrent sur une partie qui est déjà, peut être, perdu d'avance. J'apporte mon verre de champagne à mes lèvres, puis laisse le liquide envahir mon palet. Il est infecte. Je ne serais pas dans un lieu raffiné, je cracherais ce truc. Je pose le verre sur une table, puis déambule sans but. 

J'observe l'être humain dans l'élément qui lui convient le mieux, celui de la tentation. Ce sont ces personnes, tentées, qui font des proies incroyables pour le vice, le mensonge et les ténèbres. Et je baigne en plein dedans. Je ne saurais pas me définir, je sais que je ne considère pas ce monde comme le mien, comme je ne considère pas la vie "banale" comme mon endroit préféré. Je suis comme les anges déchus je suppose, pas en enfer, mais pas au paradis pour autant. Je m'y plaît, mais parfois ça m'épuise et j'aspire à vivre "comme tout le monde". 

Je soupire tandis que je ne quitte pas des yeux le mec assis en face de moi, qui me regarde de la façon la pus dégueulasse qui soit. Vraiment, je n'y fait plus attention. C'en est devenu fatiguant de leur rappeler le respect à chaque fois, et je refuse de me refaire virer d'un casino à cause d'un énième connard, qui m'aurait regardé avec un peu trop d'insistence. 

Je me dirige vers le bar, puis commande un whisky, le serveur me regarde d'abord choqué, puis me sert. Je prend le verre et aussitôt en boit une gorgée. Le doux liquide vient tuer le goût ignoble qu'à laisser le champagne, puis gratte légèrement ma gorge lorsque j'avale. C'est déjà beaucoup mieux!! Je laisse mon regard déambuler sur les lieux, tandis que j'hésite à aller jouer un peu aux machines, après tout...j'ai besoin de fric. Mon téléphone sonne, me sortant de mon état végétatif. 

- Allô, fis-je d'une voix monotone. 

J'entends un léger rire, puis un soupir. 

- Toi, t'es au casino, fis une voix douce. 

Je souris lorsque je reconnais la voix de Daniel, mon meilleur ami. Je rigole légèrement, puis part chercher un endroit calme pour discuter. 

- Tu me connais si bien, fis-je. 

Il émet un petit soupir, me faisant sourire. Avec Dani on se connait depuis la maternelle, et on ne s'est plus jamais quitté! C'est quelqu'un qui a les pieds sur terre, très casanier et qui aime sa petite routine, tout mon opposé du coup. Il à une famille stable, une copine et même un chien ! Moi aussi, j'ai rien à part le chien! Dani se sent investit d'une mission, qui consiste à me protéger de moi-même lorsque je trempe entre les deux mondes. De illégales à légales, il n'y a qu'un souffle pour moi. 

- Il va être 3h du mat', tu devrais être chez toi, me fit-il en soupirant. 

- Mais, je suis chez moi, rigolais-je. 

Malgré ma tentative,  je ne le fais pas rire. Je ne peux pas lui en vouloir, je sais qu'il s'inquiète et j'en suis reconnaissante. 

Si il n'était pas là, je ne compterais pour personne... 

- Je ne tarde pas, promis, fis-je d'une petite voix. 

- Ok...fais attention à toi putain, fit-il en raccrochant. 

Je sourit, puis repars à la luxure.  Je hais ce monde , de tout mon être. Il m'attire comme il me dégoûte, à croire que c'est de famille. Je reviens vers le bar, déjà éreintée de faire face à la race humaine. 

Je suis insociable. Faut que je travaille sur ça. Ou pas. 

Je laisse mon regard glisser sur la pièce, rapidement, mais quelque chose attire considérablement mon attention. Tout mon être est parcouru d'un frisson lorsque je croise son regard.