Chapitre 20: Les morts ont une voix

1.2K 53 6
                                    

Las Vegas, deux jours plus tard

23h45 

J'enfile douloureusement cette somptueuse robe noir, tandis que j'entends Lorcan dans la pièce d'à côté, en pleine conversation téléphonique. Mon reflet dans le miroir me dégoûte, mais je prends pas le temps de le fixer. Je finis de me maquiller, puis sort de la salle de bain. 

- J'en ai rien à foutre, fait l'italien en finissant son fond de verre. 

Son regard tombe sur moi, pour me parcourir doucement. Je m'approche de lui, lui mimant la fermeture éclaire, il acquiesce et m'aide, toujours accroché à son téléphone. Je reste perdue dans mes pensées encore un moment, puis me tourne pour lui faire face. Son regard ne me lâche pas, tandis que je lui sourit faiblement pour le remercier silencieusement. Son regard tombe sur mes lèvres, mais je m'éloigne aussitôt pour enfiler mes escarpins. Je veux faire vite, être rapidement débarrassée de ce merdier. Lorcan raccroche, puis me rejoins, me relookant à nouveau. 

- On est censé faire du repérage, me fit-il en prenant une clope. 

- Oui et ? fis-je en lui prenant la clope. 

Il me fixe doucement, puis il rit. 

- Je suis pas censé être de service ce soir diavolla, mais je ferais un effort pour tout les chiens qui voudront tes faveurs, fit-il en laissant son regard glisser sur la robe. 

Je sais que c'est un compliment venant de lui. Mais je ne peux m'empêcher de sentir un minimum de possessivité dans ses propos, et j'ai horreur de ça. Je lève les yeux au ciel, puis allume la cigarette. Je sors de la planque, sans lui accorder une réponse. 

*

La fête des plus vicieux êtres sur cette terre bat son plein, tandis que j'avance aux côtés du mercenaire. Je saisis une coupe de champagne, puis l'apporte à mes lèvres, sous le regard de plusieurs nanas. Certaines sont seules, d'autres accompagnées, mais elles ont toutes un point en commun : elles fantasmes sur le brun sexy qui me tient par la taille. J'avale doucement ma gorgée, puis donne le verre à Lorcan, qui prend à son tour une gorgée. Elles se décomposent toutes, mais je me contente de faire comme si je ne voyais rien. 

Je ne suis pas d'humeur à éclater des nez ce soir. 

Nous nous déplaçons doucement, laissant nos regards détailler les lieux. Je ne vois aucun visage familier, ce qui me rassure je dois bien l'avouer. Je souffle doucement, puis me dirige vers le bar, tandis que Lorcan pars saluer une connaissance à lui. Je commande, puis reste là, à observer. 

N'étant jamais entourée, j'ai appris à observer. Je sais reconnaître un menteur, rien que dans les signes corporels qui peuvent le trahir. C'est ce qui m'a trompée avec Lorcan, il ment sans sourciller. Rien ne laisse paraître qu'il se prépare  à vous tuer. C'est sûrement ce qui fait de lui le meilleur mercenaire du milieu. Sa faculté à ne rien ressentir. Ici, il n'y a majoritairement que des tueurs professionnels, que des trafiquants d'armes, des connards dans le style de Vitolo. Je me demande toujours en voyant ces êtres, comment j'ai fait pour pas mourir plus tôt. 

C'est dans ces moments comme celui ci, que j'ai un goût amer en voyant ma vie. Il est vrai que je ne me vois pas dans une vie monotone, à attendre mon époux le soir, en préparant le dîner. J'ai un immense respect pour les femmes qui vivent ainsi, mais je sais que ce n'est pas un cadre dans lequel je pourrais m'épanouir. J'aime le mouvement, le changement, l'adrénaline de ne jamais savoir ce qu'y arrivera demain. Je voudrais pouvoir vivre ainsi, mais en retirant les armes, les meurtres et si possible le proxénétisme. 

Je sursaute lorsqu'une main enlace ma taille, mais percute rapidement des iris noir profond. Je respire calmement, tandis que lui retire aussitôt sa main. Je déglutis légèrement, lui prend mon verre pour finir le fond que j'ai laissé. 

Lueur et pénombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant