Lueur et pénombre

Chapitre 14 : Vérité d'ivresse

Comme c'était prévisible. 

Deux jours après cette fameuse soirée au club, où il a eu la fantaisie de m'embrasser pour goûter mon cocktail, il ne m'a pas une seule fois adressé la parole, ni même regarder d'ailleurs. Il arrive à se démerder pour ne pas se retrouver face à moi. Il rentre pendant la nuit, et s'en va avant que je ne sois réveillée. Je ne le vois pas de la journée, et j'ai comme seule compagnie la télé, et les séries Netflix. Je commence à vraiment en avoir marre d'être enfermée, et ma patience ne tient qu'à un fil. Je me suis faite avoir comme une bleue sur le coup. Je n'avais rien prévue, rien envisagée. Si il essaie de blesser mon ego avec son indifférence, cela montre bien que lui non plus n'arrive pas à me cerner. J'ai vécue tant de situation pire que celle ci, que cela ne m'atteint nullement. Cela me dégoûte plus qu'autre chose, mais je ne m'attendais pas à mieux venant de quelqu'un comme lui. Je ne sais pas vraiment ce qu'il a essayé, ou essaie, de faire, mais je ne suis pas  d'humeur à entrer dans son jeu. Je me sers un verre, puis jette un rapide coup d'œil vers la télé, déjà lassée du programme. L'horloge affiche 23h, la porte d'entrée s'ouvre alors sur l'homme que je méprise le plus en ce moment. Lorcan. Je bois d'un coup sec  mon fond de verre, sans le lâcher du regard. Il esquive mon regard, faisant comme si j'étais pas là. 

Dégueulasse. 

Je lève les yeux au ciel, puis repars devant la télé. Au bout de quelques minutes, je me lève subitement, puis pars m'enfermer dans ma chambre. Il ne veux pas me croiser ? Bien, je vais finalement jouer aussi. Et au jeu de l'indifférence, j'ai eu le meilleur des profs. Mon paternel. L'indifférence au point de se sentir de trop, juste en entrant dans la pièce, ça me connais. Il était passé maître en la matière, et j'ai eu bon nombres d'occasions d'en faire les frais. Je sais donc m'y prendre. 

C'est vrai que quand tu as 12 ans, que tu veux juste annoncer à ton père une bonne note, et que tu lui parles dans le vent ça fait mal à ton petit cœur d'enfant.  Mais au final, ce connard m'a appris à me servir de toutes ses douleurs pour pouvoir et savoir être pire que lui. C'est vrai que j'ai longtemps chercher son approbation, comme tout gosses qui veut de la reconnaissance je pense. Mais lorsque tout est arrivé, j'ai eu ce putain de déclic, et je me suis barrée sans me retourner. J'ai eu mal de voir qu'il ne s'était rendu compte de mon absence que deux mois plus tard. Mais ça a eu sur moi un effet énorme. Je n'ai plus rien ressentie pendant longtemps. Encore aujourd'hui, parfois j'ai cette faculté. Je ne ressens rien. J'aimerais pourtant, mais je ne contrôle plus tout ça. Donc cela m'amuse quand je vois des gens, comme Lorcan, m'être indifférent. Je ne sais pas à quoi il joue, mais je suis vide de toutes émotions. Je pense qu'en temps normal, si j'avais pas autant de difficulté avec mes émotions, je serais blessée. C'est vrai, il m'attire, il m'a embrassé....Je devrais me sentir mal de son indifférence, et pourtant, rien. Je suis peut être lassée de son attitude que je ne que trop vu chez d'autres hommes, mais rien d'autre. 

Je soupire, puis me fait couler un bain. Je dois voir le bon côté des choses. J'aurais des vacances! Vu qu'il m'ignore, il ne va pas être sur mon dos, je peux donc souffler. Je plonge dans mon bain, puis laisse le temps filer. Je ne sors de celui ci qu'une fois l'eau froide. Quelqu'un toque à ma porte, c'est Leif. 

- C'est pour te dire de venir nous rejoindre quand tu seras prête, me fait-il derrière la porte. 

Je souris devant sa douceur, puis acquiesce. Lui, je ne sais pas d'où il sort, mais sa gentillesse me réconforte. Il est tellement gentil, que je douterais de son existence si on m'en parlerais. J'enfile un truc vite fait, puis sort de ma chambre. Je rejoins donc Leif. Ils sont dehors, avec Nour et l'autre....J'ignore donc Lorcan, puis part m'asseoir aussitôt à côté de Leif, en prenant soin de lui sourire. Il me rend aussitôt mon sourire, puis me donne un shoot de vodka.