Mon esprit reste mon pire ennemi dans cette bataille que je me livre. Je n'ai plus de larmes, et la colère est impuissante devant mon état. Je semble être en état de choc à première vue, mais dans ma tête, ce sont de vieux démons qui refont surface. Je suis assise sur le siège, dans le second salon, face à celui de Lorcan. Il est lui même silencieux, et je peux sentir de temps en temps son regard sur moi. Je reste le regard ancré sur le magazine que je tiens, mais ne lit pas. Je voudrais seulement avoir l'option "effacer" dans ma tête, ce serait si simple putain. Lorcan se lève, me sortant de mes pensées. Il vient s'installer face à moi, plongeant son regard dans le mien. J'ai horreur de ça, de ce que son regard me fait ressentir en cet instant. Il comprime ma cage thoracique, et cette perpétuelle admiration que j'ai lorsque je le regarde...Tout ça semble monté de toute pièce, pour orchestrer ma propre perte. Je détache mon regard du sien, mais il saisis mon menton, pour l'obliger de relier nos yeux.
- Je ne l'aurais pas laisser te toucher, se répète-t-il.
Je déglutis, mais lorsque j'essaie, il m'est impossible de me soustraire à son emprise. Je le regarde, sans rien dire. Je n'ai rien à dire à ça. C'est la première fois que j'entends ça, et je ne sais pas comment réagir. J'ai envie de le croire, si fort, mais mon esprit semble vouloir se méfier plus que je ne devrais. J'acquiesce, la gorge nouée. Je voudrais seulement pouvoir hurler fort.
- Je te le promets, me fit-il, personne ne te touchera tant que tu seras à mes côtés.
Je plante mon regard plus profondément dans le sien. Sa phrase opère une douce chaleur dans ma cage thoracique, ce qui me surprend. C'est la première fois que je ressens ça....C'est assez étrange comme sensation.
- Je te crois, fis-je la gorge nouée.
Il semble aussi surpris que moi sur le coup. J'ai dis ça sans réfléchir, et c'était si sincère que je me surprend. J'ai envie de croire que je risque rien avec lui, même si je sens que je vais sûrement le regretter dans le futur. J'ai envie, j'ai besoin d'avoir quelqu'un en qui avoir confiance....En qui j'aurais cette sensation d'être protégée. Je sais m'occuper de moi, mais je crois que c'est mon manque de soutien qui me fait sombrer plus vite. Et pourtant, j'aime dire que je n'ai besoin de personnes pour me relever. Daniel dis que c'est là l'un de mes plus gros défauts : vouloir toujours me débrouiller. Pour lui, je devrais apprendre à avoir plus confiance et laisser les autres m'aider. Alors oui, je risque gros à faire ça, mais je décide de lui confier une infime partie de ma confiance. Il me sourit, puis s'éloigne. J'inspire, puis me lève pour sortir de la pièce.
- Est ce que tu te sens de m'accompagner à nouveau sur un contrat ce soir ? me demande-t-il alors que je vais pour franchir la porte.
Je me retourne, et hésite longuement.
- Tu peux rester ici si tu préfères, fit-il doucement.
Je déglutis, puis acquiesce.
- Je t'accompagne, oui, fis-je difficilement avant de quitter la pièce sans le regarder.
Je refuse de rester seule avec pour seule compagnie mes pensées. Je dois être occupée, penser à autre chose, essayer de chasser mes souvenirs en me concentrant sur le présent. Je l'accompagne, mais je refuse d'être à nouveau autant mise à découvert comme j'ai été hier. Je veux bien être dans son ombre, l'attendre dans la voiture même, mais je ne joue plus avec le feu comme ça, avant un long moment. Je ne dois cependant pas flancher, ni dévier de mon objectif premier. Ce n'est qu'un contre temps cet état second. Je dois me laisser le temps de reprendre le dessus, et ensuite je finirais ce que j'ai commencée.
*
Je descends de la voiture, la main de Lorcan prenant aussitôt la mienne pour m'aider à m'extirper de l'habitacle de la Ferrari. Quoiqu'il choisisse, cet homme ne cesse d'être d'une élégance à couper le souffle. Cela se voit qu'il s'intéresse et aime la mode. Tout est accordé, aucune faute n'est permise sur sa tenue, et son allure vient sublimer le tout. Je le fixe l'espace de quelques secondes, puis regarde droit devant moi. Si lui porte une coll roulé blanc moulant avec un pantalon noir, moi je suis dans une robe noir moulante, mi-longue qui met autant mes jambes que ma poitrine en valeur. La main de Lorcan qui me servait d'appui, glisse doucement jusqu'à ma taille. Je ne réagis pas, sentant son regard sur moi. Nous avançons à la même cadence, puis entrons dans un boîte de nuit, qui semble pour ma plus grande surprise, légale. Lorcan ne me lâche pas, me tenant près de lui, tandis qu'il se fraie un chemin parmi la foule. Nous nous installons au bar, le mercenaire laissant son regard glisser sur la salle dansante. Je commande une boisson, sans faire attention au reste. Je vais essayer de rester neutre ce soir, être là que comme spectatrice. Je ne veux rien avoir à faire de près ou de loin avec quelque chose qui me ferait plonger dans les néants de mon esprit. Je remonte doucement ma pente, donc je refuse de glisser.
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Lueur et pénombre
Action" Sois mon humanité, je serais ton bourreau" La vie est une belle chienne putain. Ayana n'en avait fait que trop les frais durant sa vie, mais elle savait désormais tirer avantage de chaque situation. Certains la disais manipulatrice, d'autres ma...