Chapitre 31 : Mes part d'ombres.

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Ma tête tourne toujours, alors que je m'extirpe de la salle de bain, le pas lourd. Je souffle doucement, mais mon cœur manque de lâcher lorsque j'aperçois une silhouette dans l'angle de la chambre. Lorcan reste immobile, comme inhumain. Je déglutis doucement, pas franchement prête à répondre aux milliards de questions qui tournent dans son crâne en ce moment. Je pose mes affaires sur le buffet, puis m'y adosse, sans le lâcher du regard. 

- Tu te sens mieux ? fit-il, toujours si vide d'émotions. 

- Moins droguée, fis-je en déviant le regard. 

Je m'en fous si il m'engueule, si il gueule pendant quatres heures, parce que je ne l'est pas attendu. Tout ce à quoi je pense en ce moment c'est : est ce que mon corps va réussir sans drogue dorénavant ? Est ce que mon addiction va revenir ? Comment je fais si jamais je replonge ?! 

Tout ça m'angoisse, j'avais promis à Daniel de ne plus toucher cette merde. J'ai fait une cure de désintoxication, j'ai fait attention. J'avais été marquée par la peur, et la détresse de Dani, quand j'ai frôlée mon overdose... Je me suis haïs longtemps pour lui avoir fait vivre ça. Il ne méritait pas, mais j'étais vraiment une merde à l'époque. Tout s'enchaînait trop vite, et mon esprit ne guérissait toujours pas. Je souffrais d'un mal que personne n'arrivait à déchiffrer, et que je me cachais à moi-même par honte. J'ai laissée le tout me ronger, et la drogue fut de trop. Je me suis noyée. Si il n'y avait pas eu Daniel, je serais morte dans mon salon. Je lui dois la vie, plus qu'à n'importe qui. Je ne peux pas replonger, à cause d'une aiguille. Je refuse. 

Lorcan soupire, me sortant de mes pensées. Son regard sur moi, change plusieurs fois, sans que jamais il ne prononce le moindre mot. Ma cage thoracique me pèse, et je respire lourdement. Je culpabilise, alors que je ne suis pas coupable. J'ai l'impression qu'il me juge, d'une manière totalement silencieuse. L'envie de pleurer est grande, mais je reste de marbre, alors que tout s'accumule en un nœud dans ma gorge. Je sais que la paranoïa est du à la drogue, je ne peux pas m'emporter sur quelque chose qui n'est sûrement pas réelle. 

- Je suis désolée...., chuchotais-je en baissant le regard. 

Je me sens obligée de le dire. Je ne l'ai pas voulue, je voulais juste aider un mec trop bourré j'ai pas pensé qu'il me voulait du mal. Je croyais faire bien... 

- Quand est ce que tu as commencé à avoir peur ? me demande Lorcan doucement. 

Je me refuse de le regarder, mais je sais ce qu'il fait. Daniel utilisait la même méthode à l'époque. Me demandait à quel moment une certaine émotion m'était venue, pour me forcer à en parler, sans que je ne me braque. Je secoue la tête, comme si je ne savais pas, mais la vérité est que je refuse d'en parler, tout simplement. C'est plus simple pour moi, de ne rien dire. Je garde le tout enterré en moi, je fais comme si rien ne se passait, comme si j'esquivais les coups, alors que je suis k.o. Je sens son parfum dans l'air, et sans le vouloir je frissonne lorsque ses doigts se pose sous mon menton. Il opère une pression, qui me force à le regarder. 

- Parle moi, me fit-il doucement. 

Ma gorge me brûle, alors que je tente de ne pas pleurer. 

- Je peux pas...., fis-je difficilement. 

Il me relâche, mais ne s'éloigne pas. 

- Il faut que t'en parles putain, va voir Leif, j'en ai rien à foutre, le temps que tu te libères un peu de ce poids, fit-il froidement. 

Il s'emporte, creusant un vide en moi. Je ne comprend plus rien, mais son indifférence est douloureuse. Je ne parle pas facilement, c'est depuis petite, j'y peux rien. Je suis comme ça. Il récupère son paquet de clopes, puis se dirige vers la sortie. 

Lueur et pénombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant