Chapitre 19: Contre soi...

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C'est d'un ennui mortel putain. Je feuillette ce bout de papier depuis bientôt dix minutes, et je ne sais définitivement pas ce que peux trouver Nour au potin de ce truc. Je respire profondément, faisant comme si je ne voyais pas Lorcan entrer dans le salon secondaire à son tour. Je garde les yeux rivés sur un potin d'un célèbre couple d'Hollywood, sans vraiment lire le ramassis de connerie que les journalistes prennent plaisir à écrire. Je ne comprendrais jamais le plaisir qu'ils ont, à suivre la vie des autres plus que la leurs, mais passons. 

Quelques jours se sont écoulés depuis mon envie suicidaire de lui faire face. Depuis, on s'évite, ce qui m'a permis de reprendre légèrement. C'est la première fois donc, depuis une semaine bientôt, que l'on se retrouve dans la même pièce. J'ai toujours peur, mais j'arrive enfin à prendre sur moi. Je reste très sensible, à fleur de peau et aussi apeurée qu'un agneau mentalement, mais je peux enfin contrôler les signes que retranscrit mon corps. Je peux enfin entrevoir quelque chose de positif, malgré que certaines émotions négatives continuent d'être fortes dans ma tête. Je voudrais tellement y arriver, mais un rien me fait replonger dans cet état de peur intense. Son téléphone se mit soudainement à sonner, me faisant frisonner. Je jette un rapide coup d'œil. Vitolo. Et je suis repartie pour un tour. Mon cœur se serre, et je me redresse, comme prête à courir si jamais. Mon regard croise celui de Lorcan, et sans le lâcher, il répond au monstre. 

- Ciao, fis l'italien sans me lâcher du regard. 

Ma poitrine se soulève rapidement, lourdement, tandis que je pose doucement le magazine à côté de moi, me délaissant d'un possible obstacle. Mon esprit tourne à mille à l'heure, envisageant toutes sortes de scénarios envisageables. 

- Ha tu m'en vois désolé, fis Lorcan. 

Je sens la peur reprendre doucement le dessus, tandis qu'il s'assois face à moi, sur son siège. Je suis incapable de bouger, incapable de réfléchir, tout mon être semble en suspend. 

- Je n'ai pas quitté l'Italie, fis doucement Lorcan, je n'ai pas le temps. 

Sans vraiment savoir dans quel contexte il vient de dire ça, je soupire. Je ne sais pas, mais j'ai l'impression de me détendre légèrement. Je reste malgré tout sur la défensive. Il m'a appris qu'avec lui, il y avait un cheval de Troie, dans le cheval de Troie. Son regard reste ancré au mien, avec une profondeur qui me coupe le souffle. 

- Je ne sais pas où elle est, je te l'ai confiée, ce n'est plus mon problème si tu la perds, crache Lorcan. 

Mon sang se glace, mais rien dans son regard semble m'annoncer un possible danger. 

- Vitolo, démerde toi, et rend moi mon fric par la même occasion, siffle Lorcan, j'ai été payé pour que t'es la fille, ce contrat ne vaut plus rien maintenant que tu l'a perdue! 

Il raccroche, et nous restons silencieux à nous regarder. Je respire intérieurement, en comprenant que Vitolo ne reviendra pas si rapidement dans ma vie. Je me demande aussi, si Lorcan tiendra sa parole, et ne va pas me jeter entre ses griffes dès qu'il récupérera son fric. Je romps le contact visuel, puis me lève. J'ai besoin d'air. Je dois faire taire les questions qui me brûlent de l'intérieur. Je soupire doucement, puis me tourne vers lui. Il se redresse légèrement, tandis que je plante à nouveau mon regard dans le sien. Les mots restent coincés, et j'abaisse le regard légèrement. 

- Je dois le tuer, fis-je calmement. 

C'est la seule solution qui s'offre à moi. Si je veux faire taire mes démons, je dois être sûre que leur principal cause soit hors d'état de nuire. Je dois tuer mon passé, je n'ai pas le choix. Je dois tuer pour venger la petite fille en moi, morte trop tôt. 

Lueur et pénombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant