Chapitre 26: Vieux démons

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Il arrive que la vie vous détourne légèrement. C'est normal, comme c'est normal de ne pas s'en vouloir pour la personne que nous sommes. La vie est une belle chienne, toujours à vous envoyer la merde, là où vous ne le demandez pas. 

Je soupire légèrement, incapable d'arrêter de penser. Je suis bien ici, dans ce club, avec ces motards bruyants. Je suis à la maison aujourd'hui, et ça depuis trop longtemps loin de chez moi. Je me souviens du jour où j'ai parlée de ce club à Daniel, il ne voulais pas en entendre parler. Il voulait que je m'éloigne d'eux, que j'essaie de voir autrement le monde. Mais j'étais entre-temps tomber amoureuse de mon biker, et j'avais du mal à me résilier de tout abandonner. Je ne lui en est jamais voulu, il voulait mon bonheur, ma guérison d'âme. Il voulait que j'arrive à me voir autrement. La vérité est beaucoup plus sombre au final, et je n'ai jamais réussie à quitter cet univers de ténèbres et de perdition. J'ai eu de la chance à l'époque de trouver quelqu'un comme Chri'. Il a pris le temps avec moi, et c'est ce qui fait que je suis attachée à lui. Je ne l'admets jamais, pas peur d'avoir trop mal lorsque je me retrouve face à notre réalité, mais je l'aimerais toujours au fond de moi. 

Lorcan ne comprend pas, et je ne lui demande pas de le faire. Il peut juger si il veut, mais jamais manquer de respect à ses hommes. Pas devant moi en tout cas. Je le refuse catégoriquement. 

Je fixe le plafond, écoutant le silence dans son plus simple art. Le bras de Chri' se resserre doucement contre moi, me collant un peu plus à lui. Je peux sentir son souffle dans ma nuque, tandis que j'apprécie ce moment de répis, coupé de tout. Je reste quelques instants comme ça, profitant de la simplicité de ce moment, puis m'extirpe du lit, à la recherche de mes fringues. Je file sous la douche, puis m'habille sans jamais réfléchir. Depuis longtemps, je n'appréhende pas cette journée. Lorsque je sors de la salle de bain, fraîchement habillée et pomponnée, mon biker émerge à peine. 

- Hmm, il est quel heure ? grogne-t-il. 

- 8h40, fis-je en souriant, dors encore si tu veux, moi je vais me promener. 

Je dépose un léger baiser sur ses lèvres, puis sort de la chambre, en prenant soin de bien refermer la porte derrière moi. Lorsque j'arrive Jay, le chef du club me regarde sans un mot. Je prend un café que me tend l'une de leur fille, puis m'assied avec lui à la table. 

- Tu comptes rester ? me demande-t-il sans détour. 

- J'envisage oui, je ne sais pas, fis-je calmement, ça te dérangerais ? 

Je sais bien que non. Il me considère comme sa fille, et moi comme le père que la vie à refusé de me donner. 

- Non, mais évite de foutre le bordel, me fit-il en souriant. 

Je rigole puis acquiesce doucement, avant de me lever et de quitter le club. Je n'ai qu'une hâte, retrouver mon bijou. Je me précipite dans les garages, pour me retrouver face à ma bécane, ma Harley Davidson. Lorsque j'étais avec eux, j'avais l'habitude de monter avec Chri', mais j'ai vite acheter la mienne, je refusais d'être dépendante de qui que ce soit. Lorsque j'ai fui, j'ai tout laissée derrière moi, y compris mon bijou. Je sourit en voyant qu'ils en ont pris soin. 

Je passe doucement à côté d'elle, laissant mon index glisser dessus, en admiration. J'attrape mon casque, puis monte sur la bécane en inspirant doucement. Lorsque j'allume la  moto, elle se met aussitôt à cracher tout les chevaux qu'elle possède, faisant naître cette adrénaline dans mes veines. Je rigole, puis sort du garage,  sous le regard de certains membres. 

Je laisse ma moto ronronnait tout ce qu'elle peut, profitant de l'adrénaline de la vitesse. Je finis par me garer devant une boutique. J'inspire doucement, puis entre dans celle-ci. Je profite du peu de temps que j'ai avant de Vitolo recommence sa traque. Quand il va être de nouveau consumer par son envie de me voir morte, je devrais à nouveau quitter mes bikers, et mon mode de vie plutôt calme à leurs côtés. Je sais que je pourrais éviter de m'en aller, leur en parler et voir avec eux comment y échapper, mais ils ne sont pas tueurs. Ils n'ont rien avoir avec ce côté si sombre du milieu. Je refuse de faire la même erreur qu'avec Daniel. 

Lueur et pénombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant