Chapitre 36: Perds moi

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Je reste atrocement silencieuse, alors que Leif rigole de la situation. Je voudrais hurler, tellement mon estomac, mon cœur et mon mental me font mal en cet instant. Je suppose qu'encore une fois, après avoir eu ce qu'il voulait de moi, je devais m'attendre à nouveau à ça. Je me fais une raison, mais c'est douloureux à avaler une seconde fois. 

- En plus t'a des chambres pour faire ça, s'exclame Leif. 

Il sort du salon, toujours en plein rire face à la vision que nous a offert l'italien. Je reste quelques instants là, dans son silence, puis soupire. 

- Ayana...., souffle Lorcan. 

Sans le regarder, je quitte le salon. Je ne veux pas entendre ce qu'il a me dire,  quoique ça puisse être. Je veux pouvoir faire le tri dans mes pensées et jeter toutes celles que j'ai avec lui. Je me sers un verre de whisky, puis sors sur la terrasse. J'inspire un bon coup, puis bois une gorgée. 

C'est la merde. 

Je pensais que je pourrais ignorer ce con comme bon me semble, mais il semblerais que je n'y arrive pas aussi aisément que prévu. Je vais pour rentrer, mais une imposant silhouette de barre le passage. Tout en moi frissonne lorsque son parfum me parvint aux narines. Je redresse le menton lentement, croisant ses iris d'un noir corbeau. J'inspire doucement, puis résignée, je maintiens son regard. J'aimerais qu'il lise le "dégage" que hurle alors mon regard. 

- Tu t'es amusé ? fit-il doucement. 

Je rigole sèchement, puis croise les bras sous ma poitrine. 

- Leif est une adorable compagnie, merci de t'en soucier, crachais-je, je te demanderais pas si tu t'es amusé, la réponse était assez évidente. 

Il passe une main dans ses cheveux, puis semble chercher quoi me dire. Je voudrais en rire, pouvoir lui dire que j'en ai rien à foutre avec qui il baise, mais j'ai un goût amer de déjà vu. 

- Ayana c'était .... 

- Une erreur ? coupais-je malgré moi. 

Il blanchit légèrement, puis semble hésiter sur la réponse à prendre. 

- Je t'épargne le reste, fis-je doucement, j'ai l'habitude.

Je le contourne, puis rentre dans la maison sans lui accorder d'attention. J'accepte qu'au moins une fois je sois prise pour une conne, mais là, je peux pas. A chaque fois, il a ce qu'il veut, et le lendemain, il me poignarde dans le dos, détruisant le peu de confiance que j'avais réussi à lui accorder. Je connais ce sentiment d'être insuffisante pour les autres, je l'ai assez vécue auprès de mon père et de Chri' vers la fin. Je souffre à chaque fois, alors je refuse d'être affectée à nouveau.  Je finis mon fond de verre, puis dévisage Carla, qui est assise au bar. Je reviens à moi, puis part m'enfermer dans ma chambre, avec une envie de noyer mes problèmes dans un bain. 

*

J'admire le reflet dans le miroir, et peine à croire que c'est moi. Cette robe rouge satinée, dessine mon corps à la perfection. J'inspire, puis sort de la salle de bain, peu convaincue par la suite. Deux jours que j'évite Lorcan comme la peste, deux jours qu'il s'est barré je ne sais où. Cela me convient, je n'ai pas à devoir supporter les sautes d'humeurs qu'ont mes émotions vis à vis de lui. J'ai autant envie de le tuer, que j'ai envie de lui. C'est une horreur. 

Il est rentré ce matin, on ne s'est échangés qu'un rapide coup d'œil. Ce soir, il m'a seulement tendu la robe, puis est reparti sans un mot. Je pense que c'est mieux ainsi, on se perdrait ensemble. 

Lorsque j'arrive dans la salon, Leif est au téléphone, et Lorcan se lève aussitôt. Je souris à Leif, puis suit Lorcan, qui sort déjà de la maison. Je monte dans la voiture, alors qu'il pianote quelque chose sur son téléphone, puis il me rejoins dans l'habitacle et démarre. Le trajet se fait dans le silence, malgré l'envie que j'ai de l'engueuler. Son parfum embaume l'habitacle, alors que je triture mes ongles pour calmer mon besoin de sortir d'ici au plus vite. 

Lueur et pénombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant