Chapitre 18: Contre coups

1.2K 56 0
                                    

Je ne suis que douleur et fragilité. Cela à le don de me frustrer au plus haut point. Je m'extirpe doucement du bain, sans manquer de grimacer de douleur au passage. Une fois devant le miroir, j'ai l'impression de revenir des années en arrière. Mon corps est parsemé de bleus, de coupures, plus ou moins profondes. Mes yeux sont injectés de sang, mon visage est blanchit sous l'effet de la fatigue. J'ai tout simplement un haut le cœur, tant mon dégoût pour moi se fait intense. J'ai réussie à dormir la nuit dernière, l'espace de quelques heures, ce qui est devenu un luxe à ce stade. J'ai repris mes marques dans le temps, et doucement je reviens à moi. 

Cela fait deux jours maintenant que je suis sortie de cette cage, et pourtant mon esprit y est toujours autant emprisonné. Enchaîné sans possibilités de s'extirper de ce putain d'enfer. Leif s'est montré au petit soin pour moi, ce que je ne manque pas de remercier sans arrêt. Je n'ai pas l'habitude qu'on s'occupe ainsi de moi, ni de la bienveillance dont il fait tant preuve à mon égard. 

En ce qui concerne le mercenaire par contre, c'est beaucoup plus compliqué que ce que je pensais. Je reste majoritairement dans ma chambre, mais le soir, lorsque j'entends ses pas résonnaient pour rejoindre sa chambre, mon cœur cesse de battre. Mon souffle se coupe, et mon corps est parcourut d'un frisson. Il a tendance à s'arrêter quelques secondes devant ma porte, sans jamais entrer, ou me parler, mais mon stress atteint ses sommets. Je n'arrive pas à le regarder, je n'arrive pas à lui parler. Dès qu'il s'agit de lui, tout mon corps est en panique. Il hante mes cauchemars, dans lesquels il me tue ou me ramène de force vers Vitolo. Dans mes rêves, j'ai beau hurlée son prénom, le supplier, il me regarde sans émotions.  Il me laisse mourir. Il ne me tue pas de ses mains, mais il y contribue. J'essaie de prendre le dessus sur ma peur, mais je n'y arrive pas encore. 

Je souffle doucement en enfilant ma nuisette, puis me traîne jusqu'à mon lit. Je ne sens absolument plus rien, c'est une horreur. Je vais pour m'allonger, mais remarque que ma carafe d'eau est vide, je soupire puis la prend. Leif veut que je lui demande dès que j'ai besoin, que je me repose. Mais il est 3h du matin, il doit sûrement dormir et j'arrive à tenir debout, donc je vais le faire. Le pauvre je vais pas le réveiller pour si peu. J'ouvre la porte de ma chambre doucement, puis posant la main sur le mur, je le longea doucement. J'arriva lentement vers la cuisine, puis me servit de l'eau, en soufflant doucement. Je laisse l'eau couler, le regard perdu dans le vide, alors que j'essaie de profiter du silence apaisant que procure cette maison. Une fois ma carafe pleine, j'éteins l'eau prête à repartir dans ma chambre. Une fois sur le chemin, je remarque que la lumière du salon secondaire est restée allumer alors que personne ne s'y trouve. Je souffle, puis me traîne jusqu'à la lampe. 

Mon sang se glace en tombant sur un dossier qui porte mon nom, sur le siège du diable. Je déglutis, puis le saisis. En l'ouvrant je plaque ma main sur ma bouche, pour étouffer n'importe quel son que je pourrais produire sous l'état de choc dans lequel je me trouve. Je lui en voulais déjà énormément, pour sa simple implication dans l'histoire. Mais ce que j'ai devant les yeux finis de me tétaniser. Il savait. Putain, tout est écrit ici, dans tout les putains de détails. Il savait ce que Vitolo faisait, ce que j'avais subit....Il était au courant, et il n'a pas sourciller lorsque je suis partie avec. Les larmes me montent, je sers la feuille dans ma main, en éteignant la lumière. Je laisse ma carafe à la cuisine, me dirigeant vers sa chambre. La colère, la peur et peut être aussi mon impulsivité me porte actuellement. J'ignore les douleurs qu'hurlent mon corps, et ouvre la porte de sa chambre, en essayant de ne pas céder à la panique. 

La pièce est plonger dans le noir, son parfum emplit l'air, et j'avance en me disant de plus en plus que c'était une mauvaise idée. Je déglutis, saisissant son arme qui se trouvait sur la commode à ma droite. Sa silhouette est dans le lit, allongé et surement profondément endormi. J'avance à pas de loup, m'approchant du lit. Mon cœur bat à une folle allure, tandis je braque l'arme vers lui. Je le hais. Il savait. Je l'ai suppliée...

Lueur et pénombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant