Chapitre 14 : Chris

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           C'était parti pour être la pire journée de toute ma vie et puis mon rayon de soleil est venu l'illuminer. Nous nous retrouvons au sol du bureau de mon père, dans un coin, alors que la pièce est sens dessus dessous depuis mon altercation avec Allia.

Lorsque j'ai trouvé ses bras, après que mon monde se soit écroulé brutalement, j'ai à nouveau pu prendre racine et croire que la vie vaut la peine. Il a été mon ancrage au moment où je croyais avoir tout perdu. Ma bouée dans cet océan de terreur. Mon sauveur. Mon partenaire de guerre.

Cela a été presque plus fort que moi. Je n'avais pas conscience de mes sentiments jusqu'à maintenant, sans doute trop absorbée par mes problèmes. Mais à ce moment précis, ça a été évident, naturel. Comme si tout mon être me criait de le faire. Alors je l'ai embrassé. Simplement. À ce moment, je me sens bien. Juste bien. C'est tout. Comme s'il ne me fallait plus rien d'autre. Que ce moment, ce baiser, ce contact soit la seule chose qui existe pour le reste de mon existence.

Athan me rend mon baiser quasiment au moment où je le lui donne. Sa main toujours posée sur ma joue, la caressant avec son pouce. Son autre main dans mon dos, là où elle a trouvé sa place quand je pleurais. Ce baiser est doux et à la fois très intense. Il exprime tant de choses, libère tant de non-dit, tant d'espoirs.

           Après plusieurs secondes, je me détache de lui, en le fixant. Et soudain, je baisse les yeux et souffle :

﹘ Pardon.

﹘ Non.

Il n'a pas hésité. Il m'invite à relever la tête pour le regarder. Et poursuit :

﹘ Tu n'as pas à t'excuser pour ça. Je l'aurai fait si tu ne m'avais pas devancé.

Nous restons ainsi quelques instants, à nous regarder, dans les bras l'un de l'autre. Puis le monde extérieur se rappelle à moi. Je regarde autour de moi pour voir le carnage. Je me lève difficilement, mon corps meurtri me faisant souffrir.

﹘ Mon père va me tuer.

﹘ Tu veux m'expliquer ce qu'il s'est passé Chris ? Pourquoi Allia...

Il laisse sa question en suspens, mais je sais parfaitement ce qu'il souhaite savoir.

﹘ Eh bien... Hier soir, je n'arrivais pas à dormir. Je voulais comprendre pourquoi papa avait l'air si étrange en revenant de la capitale et pourquoi il a dû repartir si vite. Comme il a passé le plus clair de son temps ici...

﹘ Tu t'es dit que fouiller son bureau t'apporterai des réponses, souffle-t-il à mon oreille, alors qu'il s'était placé dans mon dos.

﹘ Tu comprends vite, je me moque. Bref, en pleine nuit je suis venue voir.

﹘ C'était ouvert ?

﹘ Non, mais on peut apprendre beaucoup de choses sur le net, tu devrais essayer.

Il me pince le côté pour me taquiner, mais quand je le regarde, je vois à son sourire qu'il est fier de moi.

﹘ Ce qui est important, c'est que j'en ai appris beaucoup en quelques heures dans ce bureau. Mon père laisse tout traîner même les documents confidentiels. Les ennuis ont commencé quand Allia s'est levée peu après l'aube. Elle est très attachée à notre père, mais pas comme n'importe qui aime son géniteur, elle est obsédée. Depuis notre enfance, elle veut faire sa fierté à tout prix. Lorsqu'elle m'a surprise ici, qu'elle a compris que j'avais forcée la porte du bureau de papa, de son sanctuaire, elle a complètement vrillé.

"Au départ, j'ai essayé de lui expliquer pourquoi j'avais fait ça. De la calmer. Quand j'ai compris que c'était impossible. J'ai cherché à m'enfuir de la pièce, de la maison. Mais elle est trop rapide et... elle m'a rattrapée. Je commençais déjà à en avoir marre de son comportement, mais là, c'était la goutte de trop. Quand elle m'a attrapée, je me suis défendue. Je ne sais pas d'où j'ai tiré cette force, mais je l'ai fait. La bagarre a quand même fini par tourner en ma défaveur. Heureusement pour moi qu'Allia parle trop et que tu es venu à mon secours parce que sinon...

Obliquatur (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant