Chapitre 22 : Chris

5 1 0
                                    

            C'est le tonnerre qui m'a détournée de mon travail. Le coup a été si fort que j'ai eu l'impression que la foudre avait frappé dans la maison. J'ai rapidement tout rangé et filé jusqu'à ma chambre, car je sais que le bruit aura réveillé papa.

Quand je rentre dans ma chambre, je sens quelque chose d'étrange, toutefois, je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Je vais fermer la fenêtre avant que la pluie qui vient de démarrer n'inonde la pièce. Je range les documents que j'ai "empruntés" dans ma cachette avec les autres et file me coucher. Je suis cependant coupée dans mon élan quand j'aperçois une note sur mon oreiller. Je reconnaîtrais l'écriture entre mille.

Mon cœur se serre alors. Il s'arrête complètement dès que je lis les quelques mots :

Je suis désolé

Vis

Ton poète

Je m'écroule littéralement à côté de mon lit. Je ne pleure même pas, je suis juste sidérée. Qu'est-ce que ça veut dire ? Je suis désolé. Qu'a-t-il prévu ? Pourquoi me demande-t-il de vivre ? Je ne veux pas le croire. Je ne veux pas croire ce que je pense. Impossible.

Je reste là, assise par terre, cette petite note dans la main, avec mon monde qui s'effondre à nouveau. Je ne comprends pas ce qu'il se passe, comment les choses ont pu si mal tourner.

﹘ Bonjour ma... Chris !? Qu'est-ce qui ne va pas ?

Je suis toujours au sol. Mon père s'agenouille près de moi alors que je suis encore en pleine léthargie.

﹘ Chris ?

﹘ C'est bon papa.

﹘ Ça n'en a pas l'air mon ange.

Il me regarde, mais je ne réagis pas.

﹘ Allez viens, je vais te faire un chocolat et tu vas me raconter ce qu'il y a.

Il me prend ma seule main libre, l'autre tient encore le message d'Athan, et m'aide à me relever. Il me faut plusieurs minutes et l'encouragement de mon père pour commencer à comprendre ce qu'il me dit et à réagir.

﹘ Excuse-moi papa, je n'ai pas écouté.

﹘ Je te demandais si tu avais dormi, j'en doute vu la taille de tes cernes et tes yeux à moitié fermés.

﹘ Euh... non pas encore.

﹘ Comment ça, pas encore. Ma puce, me dit-il tout doucement, c'est le matin.

Je tourne la tête vers la fenêtre et me réveille enfin. C'est le matin. Il fait jour, et il fait même beau temps. Les rayons du soleil s'infiltrent dans la maison. Et là, je me rends compte, je suis resté des heures sur le sol de ma chambre, pétrifiée, estomaquée par la découverte de ce mot. Maintenant que j'ai repris mes esprits et que je réfléchis à la situation, je me dis qu'Athan était forcément là hier soir pour me déposer ce mot. Mon cerveau tourne à mille à l'heure. Il faut que je le voie. Il faut que je comprenne. Je ne perds pas plus de temps et sans même une explication pour mon père ou sans même me changer, je file.

﹘ Chris !!!

J'entends mon père hurler derrière moi, mais tant pis.

Je cours en pyjama et en chaussons, à travers le quartier en direction de chez lui. Je fonce à en perdre haleine. Quand j'y arrive enfin, je ne prends pas la peine d'être délicate et je cogne la porte à coup de poing.

﹘ Athan !!! Athan !!! Réponds-moi !!!

Je tente pendant près de trois minutes sans aucune réponse avant qu'un voisin quelque peu exaspéré par mon énervement matinal ne vienne à ma rencontre.

﹘ Mademoiselle, ça ne sert à rien d'insister. Ils sont partis à l'aube.

﹘ Et vous savez quand ils reviendront ?

﹘ Pas de sitôt je le crains puisqu'ils ont pris toutes leurs affaires. Je crois qu'ils ont déménagé.

Je ne prends pas la peine de le remercier et retourne en traînant les pieds jusqu'à la maison.

﹘ Chris ! Vas-tu m'expliquer ce qu'il se passe bon sang ! Tu es vraiment étrange ce matin, s'exclame mon père.

﹘ Il est parti.

Il n'y a pas d'explications à fournir, rien de plus à dire. Il m'a simplement abandonnée, sans autre au revoir qu'un malheureux petit mot. Tout ce que nous avons vécu ne signifiait donc rien. Je remonte dans ma chambre, dans laquelle je décide de m'enfermer pour la journée.

Mon père vient me voir au bout d'un moment avec le chocolat chaud que je n'ai pas bu tout à l'heure et Neige, ma grosse boule de poils.

﹘ Ma puce, me dit-il tout doucement, tu veux me parler ?

﹘ Non papa, c'est bon, j'ai du travail.

Je me suis assise à mon bureau, avec mon livre. Voyant la détermination dans mes yeux, mon père n'insiste pas. Mais juste avant de me laisser, il remet mon ordinateur en marche et me lance :

﹘ Je suis là si tu as besoin.

Mais je ne lui ai demandé aucune aide, ni ce matin, ni le lendemain, ni jamais. Quelque chose venait d'un coup de changer en moi. Je ne suis pas brisée comme vous pouvez le croire. Non. Parce que sous la petite Chris modèle qui vient de se disloquer, il y avait une autre jeune fille. Pas une jeune fille, une femme, résolue à ne pas se laisser abattre, plus jamais. Je l'avais déjà trop fait ces derniers mois. Je me suis donc concentrée sur mes études et sur mes recherches. Elles seules comptaient maintenant.


A suivre...

Partie 3 : Dans l'oeil du cyclone

Obliquatur (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant