Chapitre 40 : Chris

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           Le tonnerre me réveille. La pluie battante à l'extérieur frappe sur ma fenêtre si fort que je me demande bien comment j'ai pu m'endormir. Les émotions que j'ai vécues aujourd'hui doivent y être pour quelque chose. J'étais vidée de toute énergie. Je me suis écroulée. Je ne sais même pas comment j'ai eu le courage de descendre voir Athan dans la nuit. Maintenant, je suis seule dans mon lit.

J'ai fait allusion à Athan qu'il pouvait venir mais j'ignore si c'est ce qu'il souhaitait. Mais même Neige n'est pas venu dormir avec moi. Il est bientôt six heures. L'aube ne va pas tarder. À ce stade, cela ne sert plus à rien que je me rendorme. Et puis, si Athan est d'accord, nous devrions en profiter pour partir pas trop tard, j'angoisse un peu de nous faire rattraper par les évènements.

En passant, dans le couloir, je jette un coup d'œil dans la chambre d'Athan pour voir s'il est réveillé, mais il n'y a personne. Je rêve ! Cet idiot a surement passé la nuit sur le canapé à ruminer tout seul ! Il va me rendre dingue !

Je descends les escaliers en trombe. Je suis bien réveillée maintenant et prête à faire la morale à ce petit poète. En arrivant en bas, je n'entends aucun bruit. C'est vraiment étrange.

﹘ Athan ?! Ça ne me fait pas rire ! Tu vas pas réussir à tenir debout aujourd'hui !

Je glisse alors sur le sol. Je me retrouve les fesses par terre près de la cuisine.

﹘ Mais c'est quoi cette...

Je regarde ma main recouverte d'une substance rouge. Le sol en est recouvert, tâchant mes vêtements. La panique me gagne. C'est du sang. Mon rythme cardiaque s'accélère, mes muscles se tétanisent et je tremble de tout mon être. Que s'est-il passé ?

﹘ Athan ?

Ma voix se brise complètement. J'ose à peine parler, me limitant presque à un murmure. Je tente alors de me relever. Doucement, je m'accroche sur la table à côté de moi pour éviter de glisser encore une fois. Quelques regards autour de moi me permettent d'analyser une partie de la situation. Il y a en effet du sang sur le parquet, dilué et étalé par l'eau d'un vase cassé.

Je réfléchis à toute vitesse, pensant alors au pire. Non impossible, ils n'ont pas pu le retrouver, pas si vite. Les résultats n'ont même pas été rendus publics. Nous avons encore quelques heures.

﹘ Athan ?

Ma voix est de plus en plus un mélange d'incompréhension, de peur et de tristesse. Et quand je me retourne, c'est la tragédie absolue. À deux pas de la porte arrière, une masse blanche jonche le sol.

J'entends un hurlement de désespoir dans ma tête, qui je le sais avec le recul, était le mien. Je n'avais alors plus conscience de mon propre corps et de mon environnement.

Je m'approche doucement du corps de Neige. Son si beau poil blanc immaculé terni par le sang. Je m'écroule à côté de lui. Avec une dernière lueur d'espoir, je vérifie sa respiration. Peut-être est-il seulement assommé. Je pose une main sur sa tête, l'autre sur son ventre. Ses yeux clairs fixent un point invisible, il a la gueule légèrement ouverte.

Je mets plusieurs secondes à prendre conscience de la vérité. Pas de respiration. Mon cœur se brise. Mon compagnon depuis des années. Mon fidèle ami. Perdu à jamais. Je me place de sorte à pouvoir poser sa tête sur mes genoux. Et je reste là, à terre, à caresser mon compagnon inerte, les larmes coulant sur mes joues.

Une vingtaine de minutes plus tard, je suis assise sur la table de la cuisine. Un café dans la main. J'ai l'impression que mon esprit a quitté mon corps, j'observe une scène improbable et je suis incapable du moindre mouvement. Complètement tétanisé, le regard fixe devant moi, je n'entends pas ce que l'on me dit.

Obliquatur (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant