Chapitre 35 : Athan

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         Soudainement, une main se pose sur mon épaule.

﹘ Est-ce que tu vas bien ?

Je suis agenouillé par terre. La petite voix que je viens d'entendre est celle d'une petite fille. Elle doit avoir à peine sept ans. Je relève la tête vers elle, dans l'incompréhension la plus totale.

﹘ Est-ce que tu te sens mieux maintenant ?

﹘ Excuse-moi je ne comprends pas, parviens-je à articuler.

﹘ Tu avais peur, je me suis dit que cet endroit serait mieux pour toi.

﹘ Quel endroit ? La salle de Test ?

Elle rit.

﹘ Non grand bêta ! Ici !

Je regarde autour de moi. Je ne suis plus dans cette boite, ni même dans la salle d'examen. Agnès a disparu et je me retrouve dans une clairière. Je suis entouré d'arbres majestueux, au bord d'un lac, avec des montagnes à perte de vue.

Pendant mes études, j'ai déjà vu des illustrations de ce genre de paysages. On pourrait croire que je me suis téléporté en Ecosse.

﹘ Où suis-je ?

﹘ Là où tu voulais être.

Ok, c'est bizarre. J'ai un peu de mal à concevoir ce qu'il se passe.

﹘ Bien. Et est-ce que tu peux me dire pourquoi je suis là ?

﹘ Non. Tu dois comprendre tout seul.

Formidable.

﹘ Au fait, je suis Ingrid. Tu veux jouer avec moi ?

﹘ Euh... Oui, oui d'accord.

J'ai vraiment perdu la tête. Ou alors je suis mort. Je n'ai pas vraiment d'autres explications. Me voilà en train de jouer dans une clairière avec une petite fille, sachant qu'apparemment j'aurais décidé cela inconsciemment.

Alors que je joue avec Ingrid, je sens que quelque chose ne va pas.

﹘ Ingrid qu'est-ce qu'il y a ?

﹘ Rien, c'est cool ici.

﹘ Je vois bien que quelque chose te tracasse. Tu veux me raconter ?

Elle me regarde dans les yeux. Les siens s'humidifient.

﹘ J'ai peur.

﹘ De quoi ?

﹘ J'ai peur que tu ne m'abandonnes.

﹘ Et bien... Il va bien falloir que je rentre chez moi à un moment. J'ai une vie et des gens qui comptent sur moi.

Elle me fixe de son regard empli de désespoir.

﹘ Tu es toute seule ici ? C'est ça ?

﹘ Oui, me répond-t-elle au bord du sanglot.

Je la prends dans mes bras. Cela me fait de la peine d'imaginer cette enfant seule ici. Même si cela n'est qu'un rêve ou autre chose. Je me dois de l'aider.

﹘ Est-ce qu'il y a un moyen de trouver quelqu'un ? Tes parents peut-être ?

D'un coup, son sourire revient. Sans ajouter quoique ce soit, elle me prend la main et m'emmène je ne sais où.

Après dix bonnes minutes de marche, nous nous arrêtons.

﹘ Il n'y a personne ici Ingrid. Tu es sûre que nous pouvons trouver tes parents là ?

﹘ Non mais eux sont là.

Un peu plus en contrebas, j'aperçois trois types. J'ai du mal à voir ce qu'ils font. Ils sont regroupés devant quelque chose. Mince ! Mais ils sont en train d'agresser quelqu'un !

﹘ Reste là Ingrid, cache-toi et ne bouge pas. Hey !

Les trois agresseurs se retournent.

﹘ Arrêtez immédiatement !

Ils partent en crise de rire avant que l'un deux ne me demande.

﹘ Et sinon, tu vas faire quoi ? Jouer les braves ?

Je me rapproche du groupe. J'essaie de voir comment est la personne à terre.

﹘ Vous n'êtes pas les premières brutes que je rencontre, je lance. Et la dernière n'a jamais pu finir ce qu'elle avait commencé. Je vous conseille de partir maintenant.

L'un d'eux se rapproche de moi. Il me fait face. Cela me rappelle le jour où j'ai réussi à dissuader Allia de faire ce qu'elle avait en tête. Celui-là me fixe. Mais je lui tiens tête. J'essaie de rester positif. L'image de Chris s'impose alors à mon esprit et me donne de la force. Je sais que ce que je fais est juste. Je m'accroche à ces mots : "Tu es un feu qui brûlera tout ce qui se met en travers de ta route. Aies confiance". Je me répète ses paroles dans ma tête, la voix de Chris se répercute en moi. Elle est l'étincelle qui me permet de brûler.

Je lui dis doucement, en détachant bien chaque syllabe :

﹘ Je. vous. conseille. de. partir. maintenant.

Après quelques instants qui me paraissent une éternité, il lance aux deux autres par-dessus son épaule.

﹘ Allez les gars, on s'en va.

Je ne bouge pas et continue à le toiser. Je contiens ma colère envers eux et ma frustration d'être arrivé trop tard pour les empêcher. Quand ils sont suffisamment loin, je me jette sur le jeune homme à terre.

﹘ Est-ce que tout va bien ?

﹘ Oui... je... je crois... Pourquoi avez-vous fait ça ? Comment avez-vous fait ça ?

﹘ Cela n'a pas d'importance. Vous aviez besoin d'aide, j'ai agi, c'est tout.

Athan... Athan...

D'un coup, je me retrouve à nouveau dans la salle d'examen que j'ai quittée tout à l'heure.

﹘ Oh là, doucement Athan. Le retour à la réalité est souvent compliqué.

﹘ La réalité ?

﹘ Oui, c'est ça. Surtout que j'ai dû vous faire passer sept simulations différentes. D'habitude, il en faut deux ou trois. Mais vous vous accrochiez !

Des simulations, les dernières épreuves. La fin du Test. Enfin.

﹘Sept ! C'est... (je réprime un haut le cœur) c'est normal ?

﹘ Eh bien cela arrive parfois. Quoi qu'il en soit, votre Test est terminé Athan. Vous recevrez les résultats très bientôt. Vous pouvez rentrer chez vous.

Malgré son sourire plus qu'amical et mon estomac qui cherche par tous les moyens à se faire la malle, je sens que quelque chose cloche.

﹘ Je ...

﹘ Rentrez chez vous, me coupe-t-elle froidement.

Je suis encore nauséeux sur le chemin du retour. Mais néanmoins, je pense seulement au fait que j'ai terminé le Test. Et à part cette histoire de simulateur, je sais que je m'en suis bien sorti. Je suis confiant. Du moins, tant que je fais taire cette sensation étrange qui s'est logée dans le creux de mon estomac quand j'ai aperçu le faux sourire de mon examinatrice. Il y a eu quelque chose d'étrange. Je ne pourrais malheureusement pas savoir quoi, en tout cas, sans doute pas avant d'avoir eu les résultats.

Obliquatur (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant